b) Un nombre d'heures travaillées extrêmement faible

Alors qu'au début des années 1970, le nombre annuel d'heures travaillées par actif occupé en France était sensiblement identique à celui des autres pays de l'OCDE à quelques exceptions près 240 ( * ) , celui-ci est aujourd'hui inférieur de 20 % 241 ( * ) à la moyenne de l'OCDE, y compris si l'on y intègre les heures supplémentaires.

Le principal facteur de cette évolution est la diminution de la durée de travail hebdomadaire, qui est -avec les Pays-Bas 242 ( * ) - la plus faible au sein de l'Union européenne à vingt-cinq, y compris en y intégrant les heures supplémentaires 243 ( * ) .

Ainsi, contrairement à ce qui prévaut pour la productivité horaire, la performance française en matière de productivité par tête 244 ( * ) est inférieure à la moyenne des Etats-Unis. D'après une récente étude de MM. Gilbert Cette et Patrick Artus, économistes respectivement à la Banque de France et à la Caisse des dépôts et consignations, la productivité des salariés français équivalait en 2005 à 93,9 % de celle des salariés américains, l'écart ne cessant depuis de s'accroître.

M. Louis Gallois a confirmé ces analyses lors de son audition par la mission commune d'information : « Certains handicaps apparaissent. Ils sont liés au fait que la durée globale du travail est nettement inférieure aux durées que l'on observe partout ailleurs, notamment par rapport à la durée de vie d'une personne. Les gens commencent à travailler plus tard, sortent plus tôt et travaillent moins durant la semaine. Une réflexion doit sans doute être menée sur ce point. Enfin, l'argument consistant à avancer que la bureaucratie française empêche les gens de travailler m'apparaît plutôt comme un prétexte. Ce point est peut-être pertinent pour les PME, mais pas pour les grandes entreprises comme EADS. Enfin, le marché du travail est fréquemment cité parmi les handicaps français typiques, mais il convient de demeurer prudent sur ce point, car le marché du travail constitue un équilibre social très complexe : il est important de prendre garde de ne pas modifier un élément pour aboutir à des effets en chaîne considérables. Même si le système compte des secteurs extrêmement protégés, comme les emplois en CDI, il existe par ailleurs des secteurs soumis à une grande précarité. »

Enfin, le phénomène de sous-utilisation du potentiel productif français est aggravé par le fait que si les Français ont une productivité par tête médiocre, ils sont de surcroît peu nombreux à travailler.

* 240 Telles que le Japon ou l'Irlande.

* 241 Source : base de données de l'OCDE sur la productivité.

* 242 Dans le cas de ce pays, la faible durée moyenne du travail est liée au recours massif au travail à temps partiel.

* 243 Source : Eurostat, enquête européenne sur les forces de travail.

* 244 Production par personne employée.

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