3. Quelles hypothèses d'évolution ?

On ne peut aujourd'hui qu'être réduit à émettre des hypothèses en ce qui concerne l'évolution future de l'OTAN.

Si la tendance à l'élargissement géographique et fonctionnel de l'OTAN se confirmait et s'amplifiait, celle-ci pourrait se muer en alliance fondée sur des valeurs communes démocratiques et occidentales , jouant un rôle majeur dans les questions de sécurité mondiale et agissant dans une large gamme de domaines allant des opérations militaires aux capacités de reconstruction civile. La question de l'acceptation d'un tel rôle dominant par le reste de la communauté internationale serait alors posée et la légitimité de l'ONU pourrait s'en trouver contestée. Toutefois, une telle évolution supposerait de la part des membres de l'Alliance une capacité et une volonté réelles à prendre en charge des responsabilités aussi larges, dépassant leurs préoccupations de sécurité principales et immédiates. A cet égard, on peut considérer que l'engagement en Afghanistan ne fera pas nécessairement école. Il constitue essentiellement une manifestation de solidarité liée aux circonstances, mais il ne traduit pas pour autant une volonté unanime de jouer un rôle de sécurité global, surtout pour les Etats-membres qui conçoivent d'abord l'OTAN comme une garantie pour leur sécurité territoriale.

Une autre hypothèse, totalement inverse, serait qu'à la suite des expériences irakienne et afghane, les Etats-Unis entrent dans une phase de repli sur des préoccupations plus étroitement liées à la protection de leur territoire national. Les vastes ambitions assignées à l'OTAN ne seraient plus d'actualité et celle-ci perdrait alors largement en substance, imposant aux Européens une prise en charge plus affirmée de leur propre sécurité.

Enfin, l'hypothèse sans doute la plus souhaitable serait celle d'un recentrage de l'OTAN sur une vocation plus traditionnelle , essentiellement militaire et orientée sur les pourtours ou les zones d'intérêt de l'Europe. Elle pourrait résulter du constat que les Etats-membres ne disposent ni des ressources, ni de la volonté politique nécessaires à des interventions multiples et lointaines, sans lien direct avec leurs préoccupations de sécurité. L'OTAN resterait un cadre privilégié pour le renforcement de l'interopérabilité et de la coordination des efforts de défense. Son objectif viserait à en faire un instrument efficace dès lors qu'Américains et Européens souhaitent agir ensemble. Le développement d'une politique européenne de sécurité et de défense constituerait alors une réelle alternative lorsque les Etats-Unis ne sont pas engagés et contribuerait à renforcer les capacités propres des Etats européens, au bénéfice tant de l'OTAN que de l'Union européenne.

Il reste à savoir si, dans les prochains mois et dans la perspective des sommets des chefs d'Etat et de gouvernement prévus en 2008 et 2009, ces options pourront être clarifiées, éventuellement dans le cadre d'un nouveau concept stratégique qui témoignerait d'une approche réellement commune entre tous les Etats-membres.

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