C. LA TRANSFORMATION MILITAIRE

La troisième grande caractéristique des évolutions entreprises par l'OTAN depuis la fin de la guerre froide concerne l'adaptation de ses structures et capacités militaires, afin de transformer un dispositif statique conçu pour un affrontement massif en Centre-Europe en un outil militaire beaucoup plus flexible et réactif, apte aux missions « expéditionnaires » . L'OTAN se situe en position de catalyseur et coordonnateur d'une démarche qu'avaient commencé à entreprendre les principales puissances militaires - Etats-Unis, Royaume-Uni, France - mais qu'elle entend généraliser à l'ensemble des alliés. De ce point de vue, l'OTAN reste un cadre sans équivalent de standardisation des procédures et d' interopérabilité entre ses membres.

Cette entreprise baptisée « transformation » lors du sommet de Prague, en 2002, amène l'OTAN à réformer sa propre structure de commandement et à se doter d'une force de réaction rapide. Elle se traduit également par une accentuation de l'effort capacitaire, avec le développement par l'Alliance elle-même de programmes d'équipement importants.

1. Les objectifs de la transformation militaire

La déclaration adoptée par les chefs d'États et de gouvernements de l'Alliance lors du sommet de Prague , le 21 novembre 2002, a relancé l'adaptation de l'OTAN aux exigences du nouveau contexte stratégique en fixant les grands objectifs de la « transformation » militaire de l'organisation. Selon cette déclaration, « pour remplir la gamme complète de ses missions, l'OTAN doit pouvoir aligner des forces capables de se déployer rapidement partout où elles sont nécessaires , sur décision du Conseil de l'Atlantique Nord, de mener des opérations soutenues, à longue distance et dans la durée ... et d'atteindre leurs objectifs ».

Ces objectifs ont été réitérés depuis à plusieurs reprises et notamment dans la directive politique globale adoptée au sommet de Riga en novembre 2006. Celle-ci énumère les différents besoins capacitaires que l'Alliance devra pouvoir satisfaire dans les dix à quinze prochaines années et notamment « l'aptitude à mener et à soutenir des opérations expéditionnaires interarmées multinationales loin du territoire national, avec un soutien faible ou nul de la part du pays hôte, pendant des périodes prolongées ». A cet effet, elle devra « disposer de forces pleinement déployables, soutenables et interopérables, ainsi que des moyens voulus pour les déployer ».

La directive politique globale reprend l'objectif politique fixé par les ministres de la défense de l'Alliance selon lequel, dans les forces terrestres de chaque pays membre, la part des forces structurées, préparées et équipées pour des opérations de déploiement devrait atteindre 40 % , et la part des forces étant à tout moment en train de mener des opérations prolongées ou prévues à cet effet 8 %.

De tels objectifs relèvent en partie des politiques de défense des pays membres, même si l'OTAN en encourage la réalisation dans le cadre de ses plans de défense ou avec l' engagement capacitaire de Prague, adopté en 2002, qui recense un certain nombre de domaines 7 ( * ) sur lesquels les alliés devront prioritairement renforcer leurs capacités militaires.

Mais cette transformation militaire passe aussi par la réforme des structures de commandement, par la création d'une force de réaction rapide et par un développement de capacités militaires multinationales.

* 7 Défense contre les armes chimiques, biologiques, radiologiques et nucléaires; renseignement, surveillance et acquisition d'objectifs; surveillance air-sol; systèmes de commandement, de contrôle et de communications; efficacité au combat, y compris munitions à guidage de précision et neutralisation des défenses aériennes ennemies; moyens de transport aérien et maritime stratégique; moyens de ravitaillement en vol; unités déployables d'appui tactique et de soutien des forces au combat.

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