3. Le rôle des tiers

a) L'impact de l'attitude des joueurs et des dirigeants

Au niveau comportemental, une étude citée par Manuel Comeron montre que 74 % des violences des spectateurs survenues dans les stades de football avaient été précédées d'agressions sur le terrain entre les joueurs 41 ( * ) . La violence des supporters ne serait dès lors qu'un signe de la violence qui règne dans le sport professionnel. Joueurs et dirigeants ont donc une part de responsabilité.

En Angleterre, les services de police chargés de la lutte contre la violence des supporters rencontrent tous les joueurs professionnels au début de l'année afin de les sensibiliser à ces risques. Comme le soulignait Jean-François Lamour, ancien ministre des sports, certains organisateurs sportifs sanctionnent de manière radicale les mauvais comportements des joueurs afin de prévenir tout risque de débordement 42 ( * ) .

Vos rapporteurs préconisent d'organiser une sensibilisation de l'ensemble des joueurs professionnels, mais aussi des dirigeants et des entraîneurs aux problèmes de la violence dans les stades ainsi qu'à leur devoir d'exemplarité.

Lors de la rencontre de Ligue 1 Lyon/Saint-Etienne d'avril dernier, au cours de laquelle des fumigènes ont été lancés par les supporters des deux clubs, les présidents des clubs ont clairement eu leur part de responsabilité en faisant des déclarations dans les médias visant à déstabiliser l'adversaire et à augmenter la tension autour du match.

Autant les sanctions sportives contre les clubs dont les supporters sont responsables de violence peuvent paraître injustes, autant il serait utile que la Ligue de football et les collectivités territoriales utilisent les moyens de pression dont elles disposent (respectivement les sanctions financières et sportives, et la suppression de subventions), pour sanctionner les comportements contestables des dirigeants.

b) Les médias

Alain Ehrenberg 43 ( * ) présente le hooliganisme comme une stratégie du paraître qui vise à briser l'anonymat, lequel constitue la différence majeure entre un supporter et un hooligan. La « rage de paraître », expression du rêve individualiste contemporain qui pousse chacun à être acteur de sa propre vie, explique une partie de la violence des hooligans qui déplacent les pôles de visibilité de la pelouse vers les gradins où se joue une compétition parallèle à celle du terrain. La violence au sein des stades étant la plus médiatisée, le travail de maîtrise des débordements au sein des enceintes sportives permet en partie de stopper cette course vers ces formes extrêmisées de soutien .

Vos rapporteurs souhaitent également rappeler que la question de l'insécurité des stades est parfois diffusée de manière alarmiste dans les médias contemporains. Comme le dit Manuel Comeron, le « hooliganisme, dans l'acception technique de sa définition, fait couler plus d'encre que de sang, plus de salive que de larmes ».

L'un des objets de ce rapport est précisément de répondre de manière dépassionnée aux problèmes de la violence dans les stades et de proposer des améliorations précises de la législation sans en bouleverser l'équilibre.

* 41 M. Comeron, « Du gang au groupe social : une analyse socio-préventive », dans le Dossier Football, Ombres au spectacle , Les cahiers de la sécurité intérieure, n° 26, 4 e trimestre, 1996.

* 42 Le Figaro, lundi 4 décembre 2006, Interview de Jean-François Lamour, p. 15 : « J'ai vu une seule bagarre en NBA ; les joueurs avaient été suspendus six mois et les spectateurs interdits de stade ».

* 43 A. Ehrenberg, « Les hooligans ou la passion d'être égal », Esprit, 104-105, 1985.

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