PREMIERE PARTIE : UN PAYS ÉCONOMIQUEMENT INTÉGRÉ À L'UNION EUROPÉENNE MAIS ENCORE FINANCIÈREMENT FRAGILE

L'objectif premier de la mission effectuée en Hongrie par la délégation sénatoriale était de faire le point sur l'intégration économique de la Hongrie dans l'Union européenne. Libérée du joug soviétique depuis moins de vingt ans et membre de l'Union depuis seulement trois ans, la Hongrie est apparue à votre délégation déjà largement intégrée, au plan économique, dans l'espace européen.

En revanche, la Hongrie n'appartient pas à la zone euro et votre délégation a pu mesurer le chemin qu'il lui reste à parcourir au plan financier pour substituer un jour l'euro au forint hongrois.

I. UN PAYS OUVERT, ATTRACTIF ET COMPÉTITIF

A. UNE FORTE ATTRACTIVITÉ POUR LES INVESTISSEMENTS DIRECTS ÉTRANGERS

1. 50 milliards d'euros d'investissements directs étrangers depuis 1990...

Après le changement de régime politique, la Hongrie a très largement privatisé son économie et élaboré d'emblée un cadre juridique et économique favorable aux investisseurs étrangers. La décennie 90 a ainsi été caractérisée par le développement très rapide du secteur privé, qui contribue aujourd'hui à hauteur d'environ 70 % à la valeur ajoutée du pays, contre 10 % en 1990. Les investissements réalisés par les repreneurs, des sociétés multinationales pour l'essentiel, se sont élevés à plus de 50 milliards d'euros entre 1990 et 2006 . En 2005, les investissements directs étrangers (IDE) s'élevaient à 5,2 milliards d'euros en 2005 et, en 2006, à 3,7 milliards d'euros, ce qui place la Hongrie au cinquième rang en termes d'attractivité des IDE dans l'UE à 25 . Ce sont aujourd'hui 27.000 entreprises étrangères , parmi lesquelles une cinquantaine de sociétés multinationales, qui ont investi sur le territoire hongrois.

2. ... n'obéissant pas à une logique de délocalisation

Comme l'ont confirmé à la délégation les conseillers du commerce extérieur français (CCEF) qu'elle a rencontrés, la Hongrie ne mise pas sur des coûts faibles pour attirer les investissements étrangers, les salaires y étant beaucoup plus élevés qu'en Slovaquie, notamment, et ne déploie pas non plus une stratégie fiscale dans ce but, contrairement à l'Irlande par exemple. Les entreprises supportent un taux d'impôt sur les sociétés d'environ 16 %, auquel il faut ajouter les 4% de taxe de solidarité ; les cotisations sociales et l'impôt sur le revenu sont également élevés, ce qui renchérit les salaires à verser 3 ( * ) .

La Hongrie met en avant son réseau dense de fournisseurs, des infrastructures modernes de transport et de télécommunications, un environnement des affaires adapté aux besoins des entreprises et une main d'oeuvre éduquée et bien formée. A ce propos, les conseillers du commerce extérieur français ont déploré les difficultés de recrutement de la main d'oeuvre, particulièrement en ce qui concerne les commerciaux, et surtout à Budapest 4 ( * ) où le coût de la vie est plus élevé. Ils ont également regretté la très faible mobilité de la main d'oeuvre à l'intérieur de la Hongrie. Certains ont enfin éprouvé des difficultés à fidéliser leurs employés, un hypermarché Cora de Budapest ayant pu ainsi enregistrer un turn-over de 108 %. La Hongrie semble toutefois avoir réussi à gagner la confiance des décideurs internationaux, puisque le taux de réinvestissement y est élevé.

Le savoir-faire traditionnel des universitaires et des chercheurs hongrois est aujourd'hui l'un des principaux atouts de l'économie hongroise, qui compte de nouvelles entreprises en nanotechnologie, photonique, microélectronique et biotechnologie... La combinaison d'une présence industrielle, d'universités et d'un savoir-faire explique la création de centres de recherche-développement en Hongrie, parmi lesquels celui de Sanofi-Aventis, que votre délégation a pu découvrir 5 ( * ) .

Le Gouvernement entend valoriser le potentiel industriel et commercial de la recherche-développement en renforçant la coopération entre l'université et le monde des affaires. Selon les propos du Dr Janos Koka, Ministre hongrois de l'économie et des transports, rapportés par M. László Nikicser, ambassadeur de la République de Hongrie en France, « notre stratégie consiste à être concurrentiels en matière de compétences scientifiques et humaines, plutôt que par une main d'oeuvre à bas coût ».

Comme l'a confirmé à votre délégation M. Jean-René Cougard, chef de la Mission économique française en Hongrie, les investissements directs étrangers en Hongrie ne relèvent donc pas du mouvement de délocalisations qui frappe les pays de l'Ouest européen, à commencer par la France.

Les investisseurs étrangers ont inséré très rapidement le pays dans les échanges européens et la forte ouverture du marché hongrois est en réalité étroitement liée à la présence de ces investisseurs sur le territoire hongrois. Selon la mission économique, on estime ainsi que 80 % des échanges sont réalisés par les multinationales.

* 3 Ce qui nourrit l'économie noire, qui pourrait représenter 30% du PIB, selon les CCEF.

* 4 Le taux de chômage y est seulement de 3 %, à comparer avec une moyenne nationale comprise entre 8 et 9 %.

* 5 Cf. page 22.

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