4.3. LES POLITIQUES D'OFFRE

Les réformes du marché du travail en Allemagne

En 2002, le gouvernement allemand a confié à une commission présidée par Peter Hartz, directeur des ressources humaines chez Volkswagen, une mission consistant à faire des propositions pour réformer le marché du travail. La commission Hartz a alors proposé une série de quatre grandes réformes, lesquelles furent mises en oeuvre entre janvier 2003 et janvier 2005. En janvier 2003 furent introduites les deux premières réformes, Hartz I et II.

La réforme Hartz I portait sur les agences de placement :

• Création d'agences de services personnels ( Personal Service Agenturen ). Ces agences sont destinées à embaucher des chômeurs pour produire des services à destination des entreprises, le but étant in fine de placer ces chômeurs dans les entreprises en question.

• Extension des subventions à la formation professionnelle, payées par les agences de placement ( Arbeitsagentur ).

La réforme Hartz II portait sur les nouvelles formes de travail.

• Création d'un nouveau contrat, les minijobs , ciblé sur les emplois à bas revenus, assortis de réductions de cotisations sociales.

• Subventions nouvelles pour les chômeurs fondant une entreprise personnelle.

• Développement des agences pour l'emploi ( Job-Centern ).

La réforme Hartz III est entrée en vigueur en janvier 2004 :

• Réforme des instituts fédéraux pour l'emploi ( Bundesanstalt für Arbeit ), transformés en agences fédérales pour l'emploi ( Bundesagentur für Arbeit ), plus autonomes en matière budgétaire et en gestion.

Le dernier paquet, Hartz IV, a été introduit en janvier 2005. Il portait sur le système d'allocations chômage. Les allocations chômage ( Arbeitslosenhilfe ) furent fusionnées avec les allocations sociales ( Sozialhilfe ) pour former les allocations chômage II ( Arbeitslosengeld II ).

La réception des pleines allocations ( Arbeitslosengeld I ) - entre 60 et 67% du salaire net antérieur - est limitée à 12 mois (18 mois pour les plus de 55 ans). Après cette période de 12 ou 18 mois, le chômeur touche les allocations chômage II, plus faibles. Le montant de cette seconde allocation est fondé sur les besoins de consommation moyens. Elle est versée uniquement si les réserves comme l'épargne, l'assurance-vie et le revenu du conjoint sont épuisées.

L'objectif de ces réformes était de s'attaquer au chômage allemand en encourageant financièrement la reprise d'emploi (par la diminution des allocations chômage) et en introduisant plus de flexibilité pour les entreprises. A court terme, les effets n'ont pas été positifs. Au début de l'année 2005, le nombre officiel de chômeurs a dépassé 5 millions. Cette augmentation était partiellement due à des changements statistiques, mais le peuple allemand a critiqué également les réformes Hartz. La confiance des consommateurs a diminué car les chômeurs de longue durée étaient touchés par une réduction de leurs revenus tandis que les autres craignaient d'être moins bien indemnisés s'ils venaient à perdre leur emploi. Ensuite le chômage a baissé ( graphique 13 ).

Graphique 13

Les réformes se sont cependant avérées décevantes en matière budgétaire. Les dépenses d'allocations chômage ont augmenté de 38,6 milliards d'euros en 2004 à 44,4 milliards en 2005. Face à ces problèmes budgétaires, le débat a été relancé sur une révision des réformes.

Les réformes structurelles et leurs résultats encore peu spectaculaires sur le chômage expliquent sans doute en partie pourquoi la croissance des salaires réels a été remarquablement faible en Allemagne. En France, au contraire, des pressions plus fortes se sont manifestées au niveau des demandes salariales, encouragées par la baisse du chômage. Le coût du travail a alors diminué en Allemagne par rapport à la France ( graphique 14 ), ce qui explique en partie la forte progression des exportations allemande et, en contrepartie, la dégradation de la compétitivité des entreprises françaises. Certains économistes ont alors parlé de déflation compétitive en Allemagne. Cependant ce pays était entré en 1999 dans la zone euro avec un taux de change généralement considéré comme surévalué, et une telle évolution des prix relatifs était à attendre. En tout état de cause, la reprise récente de l'activité économique en Allemagne ne peut qu'être favorable pour ses partenaires, surtout si elle s'étend à toutes les composantes de la demande, notamment la consommation.

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