B. ... AU RISQUE DE TSUNAMI

Le risque de tsunami se distingue de l'aléa. Le risque est un danger potentiel qui, lorsqu'il survient, peut provoquer une catastrophe.

1. Les composantes du risque

Selon le dictionnaire de l'environnement, le risque est la « possibilité de survenance d'un événement susceptible de porter atteinte à l'équilibre naturel ». Le risque résulte de la conjonction d'un aléa, d'enjeux et d'une vulnérabilité à l'aléa.

a) L'aléa

L'aléa correspond à la source du danger. Pour évaluer le risque, il faut déterminer le potentiel de l'aléa à se produire, son intensité et sa fréquence. Le risque ne se résume toutefois pas à l'aléa. Ainsi, un tsunami générant une vague de trois mètres sur une île déserte présente un risque faible. La même vague qui s'abat sur les plages d'Antibes un 14 juillet serait dramatique. La notion de risque est donc associée à la notion d'enjeux.

b) Les enjeux

Les enjeux sont les personnes, les biens, les équipements et l'environnement menacés par l'aléa et susceptibles de subir des dommages et des préjudices. On distingue cinq catégories d'enjeux :

- les enjeux humains ;

- les enjeux économiques et financiers qui concernent les activités commerciales, artisanales, industrielles, agricoles, touristiques ;

- les enjeux sociaux, qui regroupent tout ce qui touche à la cohésion sociale et au fonctionnement de la société ;

- les enjeux environnementaux, qui recouvrent les dégâts possibles aux écosystèmes, à la biodiversité ;

- les enjeux patrimoniaux, qui concernent les monuments historiques, culturels, l'image de marque d'une région.

Les enjeux peuvent subir des dommages variables selon l'intensité de l'aléa :

- dommages corporels touchant les personnes ;

- dommages structurels affectant le tissu urbain, les biens immobiliers et mobiliers, les réseaux ;

- dommages fonctionnels perturbant les activités traditionnelles (coupures de téléphone, de gaz, d'électricité, rupture des réseaux de communication moderne comme internet) ;

- dommages environnementaux sur l'écosystème ;

- dommages patrimoniaux.

c) La vulnérabilité

L'aléa peut avoir des conséquences plus ou moins dommageables sur les enjeux en fonction de leur vulnérabilité. Face à un tsunami, quelques gestes simples peuvent sauver la vie : la terre qui tremble fortement et le retrait rapide de la mer sont des signes avant-coureurs de tsunami et doivent inciter les gens à s'éloigner du rivage et à aller chercher refuge dans un bâtiment au-delà du troisième étage.

L'exemple du tsunami de Sumatra le 26 décembre 2004 est révélateur : de nombreuses vies humaines auraient été épargnées si les populations avaient eu quelques notions sur cet aléa. On aurait pu éviter ces images terribles sur lesquelles on voit que la mer s'est retirée, les grosses vagues se profilent déjà au loin et de nombreux touristes sont en train de ramasser des coquillages ou d'observer les vagues qui se rapprochent d'eux... Dans l'exemple cité, la population était d'autant plus vulnérable qu'elle n'était pas informée.

Être vulnérable, c'est être physiquement exposé à un aléa et présenter une certaine fragilité face au sinistre qui pourrait survenir. La vulnérabilité peut varier dans le temps car elle dépend principalement de l'activité humaine. Aujourd'hui, la population mondiale est particulièrement vulnérable face à un tsunami en raison de la forte pression démographique observée sur les littoraux.

En effet, la révolution des transports et la mondialisation de l'économie ont suscité une forte augmentation des flux internationaux et une littoralisation accrue des activités industrielles. Des façades maritimes se sont constituées, se traduisant par la croissance des trafics portuaires et la mise en place de vastes zones industrialo-portuaires. De même, les littoraux sont les espaces les plus marqués par le développement du tourisme et des loisirs. L'essor de ces activités a induit une urbanisation massive des espaces côtiers concernés.

Les chiffres suivants permettent de quantifier cette littoralisation.

Près de la moitié de la population européenne vit aujourd'hui à moins de 50 kilomètres des 70 000 kilomètres de côtes que compte l'Europe (près de 40 % à moins de 100 kilomètres des côtes à l'échelle mondiale). La densité moyenne de la population française est légèrement supérieure à 100 habitants par kilomètre carré, alors qu'elle est supérieure à 250 dans les communes littorales et supérieure à 600 pour la région Provence-Alpes-Côte-d'Azur.

Par ailleurs, le relief des îles volcaniques aussi bien dans l'océan Pacifique que dans l'océan Indien et les Caraïbes conduit à une concentration de la population sur les littoraux.

Il ne faut pas sous-estimer la composante subjective de la vulnérabilité liée à la perception du danger. Il n'y a risque que parce que le groupe social ou l'individu se perçoit comme fragile face à un événement naturel. Face à un même événement, certains groupes humains ne ressentent pas de danger, d'autres l'acceptent dans leur quotidien et d'autres encore le refusent totalement.

Ainsi, les sociétés développées seraient passées de la notion de risque comme fatalité divine, contre laquelle la protection humaine est de peu de poids, à celle d'un risque maîtrisé qui aurait pour corollaire le droit à la sécurité.

On pourrait penser que dans le cas des risques naturels aucune responsabilité n'est identifiable. L'évolution récente de la notion de risque, associée à celle de responsabilité montre qu'il n'en est rien et on recherche de plus en plus à se prémunir contre les risques "naturels". La mise en place de structures juridiques et institutionnelles comme les agences de prévention des risques et de politiques de prévention (code de construction parasismique par exemple) illustre la volonté de l'Etat à la fois de protéger ses concitoyens et de limiter sa responsabilité en cas de catastrophe.

2. La gestion du risque

Comme il a été indiqué précédemment, il n'y a risque que lorsque l'aléa naturel rencontre une vulnérabilité. La gestion du risque doit donc passer par une meilleure connaissance de l'aléa et une réduction de la vulnérabilité des sociétés vis-à-vis dudit aléa à travers la mise en place d'un système d'alerte opérationnel.

a) Une meilleure connaissance de l'aléa

A défaut de pouvoir réduire la fréquence de l'aléa tsunami, on cherchera à en diminuer les effets possibles par la connaissance des processus qui l'engendrent ainsi que de ses mécanismes de propagation, puis par la mise en place d'un système de protection adapté.

Ainsi, mieux connaître l'aléa signifie non seulement être capable de comprendre le phénomène (à savoir son mode d'intervention, sa fréquence, son intensité ainsi que la surface qu'il affecte), mais également pouvoir le prévoir, c'est-à-dire à la fois le localiser et préciser dans quelle limite de temps est faite la prévision.

Comme nous allons le constater, connaître l'aléa pour envisager le risque nécessite de faire appel à diverses disciplines scientifiques comme la sismologie, la géographie, l'océanographie, la géologie ou encore la biologie.

La collecte de données permettant de connaître les caractéristiques de l'aléa s'avère essentielle. Elle s'appuie sur des témoignages, des photographies, mais aussi des relevés hydrauliques et géographiques pour connaître le run-up (hauteur d'inondation) et les surfaces inondées. C'est la raison pour laquelle les campagnes de prospection post-événement sont si importantes car elles offrent une vision fine de la réalité de l'aléa, notamment dans les régions peu peuplées.

Ainsi, les cartes d'aléa tsunami en Polynésie française reposent en grande partie sur les observations minutieusement rassemblées par les scientifiques après le passage d'un tsunami.

Une bonne connaissance de l'aléa tsunami passe également par l'appréhension correcte du fait générateur, qu'il s'agisse d'un séisme, d'un glissement de terrain ou d'un volcan. Les informations à récupérer sont doubles :

- d'une part les données liées directement à un événement particulier (localisation et magnitude d'un séisme « tsunamigène », localisation d'un glissement de terrain et volume de roches mis en mouvement, localisation d'un volcan, volume de roches soit expulsé, soit mis en mouvement suite à l'effondrement du volcan : ces informations permettent de mieux comprendre le phénomène) ;

- d'autre part, une connaissance plus générale des sources de tsunami et de leur localisation à travers l'étude des failles, des instabilités rocheuses en bordure de mer et sous-marines et des volcans actifs. Par exemple, l'étude de la directivité des tsunamis permet de mieux appréhender les zones touchées. En effet, si le tsunami se propage dans toutes les directions, une grande partie de son énergie se propagera dans une direction perpendiculaire à la zone de faille. En conséquence, plus la zone de rupture du séisme est longue, plus les zones concernées seront nombreuses. En outre, une zone décalée par rapport à l'angle d'énergie maximale du tsunami sera relativement épargnée, même si elle est située près de la source, alors qu'une zone dans l'angle d'énergie maximale sera touchée de plein fouet, même si elle est située à des milliers de kilomètres. Ces données ont donc vocation à faciliter la prévision des tsunamis et à établir les cartes d'aléa.

Dans la mesure où l'aléa se définit par son intensité et sa fréquence, il importe de disposer de séries longues de données, de reconstituer les événements passés et d'en saisir l'ampleur. Dans cet objectif, plusieurs catalogues historiques ont été élaborés :

- un catalogue américain, de portée globale, établi par le National geophysical data center , qui dépend de la National oceanic and atmospheric administration (NOAA 6 ( * ) ) du département américain au commerce ;

- deux catalogues russes, l'un portant sur le Pacifique et l'autre sur la Méditerranée, établi par l'Académie des sciences russe ;

- un catalogue européen, financé par la Commission européenne dans le cadre du cinquième programme cadre de recherche, dénommé Genesis and impact of tsunamis on European coasts (2001) ;

- un catalogue italien ;

- des travaux concernant les Antilles réalisés par O'Loughlin et Lander (2003), Lander et al. (2002), Zahibo et Pelinovsky (2001).

Il convient de souligner la difficulté de la tâche dans la mesure où, pour les événements anciens (et même parfois récents), il existe peu de données directes et l'événement doit être reconstitué à partir de divers documents (textes écrits, témoignages, photographies ou dessins). Ce travail d'historien s'avère très délicat et exige à la fois la critique des sources et la vérification de la cohérence des informations afin d'utiliser les données avec le maximum de pertinence et de fiabilité. En outre, ce travail n'est jamais achevé puisque les avancées technologiques et la découverte de nouvelles sources sont susceptibles d'apporter des informations complémentaires.

C'est dans ce contexte que les simulations numériques jouent un rôle considérable .

D'une part, elles permettent d'infirmer ou de valider les hypothèses retenues sur le déclenchement et la propagation des tsunamis.

L'exemple du tsunami de Nice le 16 octobre 1979 est révélateur : parce que les simulations montraient que le glissement de terrain observé dans la zone d'extension de l'aéroport était insuffisant pour expliquer l'ampleur des vagues observées, les scientifiques ont orienté leur recherche vers un deuxième glissement de terrain d'un volume beaucoup plus grand, thèse qui a été confirmée par des observations sous-marines.

De même, les simulations permettent de compléter les observations in situ et d'affiner les cartes d'aléa. Ainsi, en Polynésie française, plusieurs simulations ont été réalisées dans des baies particulièrement vulnérables, dans certains ports ou encore au niveau de l'aéroport afin de délimiter au plus près les aires géographiques concernées par les tsunamis. Compte tenu de la densité de la population près des côtes, les autorités polynésiennes peuvent difficilement instaurer une réglementation stricte en matière de construction et optent plutôt pour une délimitation précise des zones d'évacuation.

D'autre part, les simulations permettent de « tester » l'aléa tsunami dans des zones pour lesquelles il n'existe pas d'observation fiable, mais qui sont reconnues comme vulnérables. Ces simulations permettent ainsi d'anticiper un éventuel tsunami, de connaître son intensité potentielle et de prendre des mesures de précaution. Ces simulations ont également l'avantage de pouvoir prendre des décisions en cas de risque de tsunami sans avoir à attendre la confirmation du risque. L'intérêt d'une telle simulation est d'autant plus grand que l'on a affaire à un tsunami en champ proche et que le temps de réaction est donc très court.

L'exemple suivant permettra d'illustrer nos propos. Supposons qu'un séisme de magnitude 7,5 se déclenche au large du Japon. Compte tenu de sa magnitude et de sa localisation en mer, il y a de fortes chances qu'il déclenche un tsunami. Toutefois, pour connaître l'amplitude de ce dernier et la hauteur des vagues qui s'abattront sur le littoral, il faut disposer d'instruments de mesure du niveau de la mer (tsunamimètres) au large. Si ces derniers ne sont pas en nombre suffisant ou si le séisme est trop rapproché des côtes pour que les informations fournies par les tsunamimètres puissent être utilisées en temps utile, les populations ne pourront pas être protégées. En revanche, si les autorités responsables de la sécurité civile disposent à l'avance de scénarios proches de l'événement en cours, elles pourront prendre les mesures nécessaires 7 ( * ) . Nous verrons que c'est la solution retenue par le Japon pour limiter les effets des tsunamis sur la population.

Il convient de remarquer que la qualité des simulations dépend fortement de la fiabilité des informations intégrées dans les équations. En particulier, une très bonne connaissance de la bathymétrie et de la topographie côtière est indispensable pour analyser correctement le phénomène de propagation du tsunami et son amplification lorsqu'il atteint les côtes.

b) Le rôle des systèmes d'alerte opérationnels

Les systèmes d'alerte aux tsunamis ont pour but de réduire la vulnérabilité des populations face à cet aléa. Pour être efficaces, trois conditions doivent être remplies :

- le système d'alerte est opérationnel, rapide et fiable ;

- le dispositif de protection de la population fait l'objet d'un plan préétabli ;

- la population est informée sur le risque de tsunami.

Il s'agit maintenant d'examiner chacune de ces conditions en détail.

Pour être opérationnel , le dispositif d'alerte doit être capable de détecter au plus tôt un tsunami, de prévoir sa propagation, son heure d'arrivée, la hauteur des vagues attendues le long des côtes menacées, ainsi que de transmettre ces informations aux autorités chargées de la protection civile.

La détection du tsunami s'effectue à travers des instruments de mesure. Le réseau de sismomètres permet de localiser l'épicentre et le foyer d'un tremblement de terre et de mesurer sa magnitude afin de déterminer si ce dernier peut provoquer un tsunami 8 ( * ) . Dans l'affirmative, les données des tsunamimètres et des marégraphes permettent de valider ou d'infirmer la présence d'un tsunami et d'affiner les informations concernant son amplitude. La détection rapide d'un tsunami exige donc non seulement des réseaux d'instruments de mesure en nombre suffisant, mais également des réseaux dotés de moyens de communication perfectionnés qui autorisent la transmission des données en temps réel. Quant au centre d'alerte, il doit avoir accès à ces données, mais aussi être capable de les traiter et de les analyser, ce qui implique une veille 24h sur 24, 7 jours sur 7.

Le rôle des tsunamimètres et des marégraphes

Un tsunamimètre est un capteur de pression installé au large qui est capable de détecter des vagues de très faible amplitude (quelques centimètres). En effet, lorsqu'une vague passe, la pression augmente en raison de l'augmentation du volume d'eau au-dessus du capteur. L'intérêt des tsunamimètres est d'enregistrer le tsunami et de prévoir le développement et l'impact des tsunamis régionaux ou lointains. Deux types de tsunamimètre coexistent :

- soit le capteur est relié à un câble sous-marin et la transmission des données se fait par le câble. L'avantage d'un tel dispositif est que les coûts d'entretien et les risques de dégradation sont faibles. Ce système se heurte toutefois à deux limites : d'une part, le tsunamimètre ne peut pas être installé très loin de la côte (150 km maximum) et, d'autre part, un séisme violent peut rompre le câble. Les tsunamimètres reliés par câble sont principalement utilisés par les Japonais ;

- soit le capteur est placé au fond de la mer, il transmet par un lien acoustique les données enregistrées à une bouée en surface qui répercute ces informations par satellite. Ce dispositif a été développé par les Américains à partir de 1997 sous le nom de bouées « DART » (Deep-Ocean Assessment and Reporting of Tsunamis) dans le cadre du programme national de limitation des effets de l'aléa tsunami. Ces capteurs sont d'une précision impressionnante puisqu'ils sont capables de détecter des vagues d'un centimètre par 6.000 mètres de profondeur. En outre, ils peuvent être installés au milieu de l'océan et permettent donc une réelle anticipation du phénomène. En revanche, les coûts d'installation et de maintenance sont très élevés : selon les informations obtenues par votre rapporteur, l'appareillage coûte entre 70.000 et 200.000 euros, l'installation 100.000 euros et il faut prévoir une visite annuelle de 50.000 à 70.000 euros, tout en sachant que le dispositif doit être changé tous les 5 à 10 ans.

Un marégraphe est un instrument qui mesure le niveau de la mer à un point donné. Généralement, il est situé dans un port, parfois associé à une station GPS. Cet instrument est utilisé essentiellement pour la mesure des marées. Aussi, ses données sont rarement transmises en temps réel, mais stockées et récupérées une fois par jour ou par mois. Dans la mesure où ils sont localisés sur le rivage, ils ne peuvent pas servir à l'anticipation d'un tsunami dans la zone où ils sont localisés. Pour autant, leur utilité est double. D'une part, ils font partie du dispositif d'alerte en fournissant de précieuses informations pour les pays limitrophes ou les régions/îles voisines, ainsi qu'aux services de sécurité civile qui peuvent déclencher immédiatement les secours en cas de détection de fortes vagues. D'autre part, les données mesurées (ampleur des vagues, nombre de vagues, heure d'arrivée) sont utilisées dans la reconstitution du phénomène et dans les modèles de simulation. Pour autant, leur intégration dans le dispositif d'alerte implique qu'ils soient capables de transmettre leurs données en temps réel.

Lorsque le risque de tsunami est avéré, l'information doit être rapidement transmise aux autorités en charge de la sécurité civile afin qu'elles prennent les dispositions nécessaires.

Compte tenu de la brièveté des délais (entre quelques minutes et quelques heures), la chaîne de commandement et le dispositif de protection de la population ne peuvent être improvisés.

Les autorités récipiendaires du message doivent être clairement identifiées. C'est la raison pour laquelle dans le dispositif d'alerte coordonné par la commission océanographique internationale (COI), chaque Etat doit désigner un « point focal », à savoir un organisme chargé de recevoir les messages d'alerte. Pour que la transmission d'information soit efficace, il faut que ledit organisme assure également une veille 24h sur 24, 7 jours sur 7. En cas d'alerte, il lui reviendra de prévenir les services de la sécurité civile.

Par ailleurs, les plans de secours doivent être établis et testés au préalable et les fonctions de chacun clairement définies. Généralement, ces plans s'appuient sur des cartes d'évacuation définies à partir de l'observation des tsunamis passés et des cartes d'inondation fournies par les simulations.

La population sera donc amenée à jouer un rôle actif pour se protéger des effets du tsunami : selon l'ampleur de ce dernier, elle devra quitter les plages, voire évacuer certaines zones pour se réfugier soit sur les hauteurs, soit dans un bâtiment suffisamment haut et robuste pour assurer la sécurité de cette dernière. Elle sera parfois obligée d'attendre plusieurs heures avant de pouvoir regagner la côte. Par ailleurs, si elle ressent un tremblement de terre ou entend une sirène, il lui faudra être capable de prendre les bonnes décisions. Le dispositif d'alerte ne peut donc être efficace que si la population est informée sur l'aléa tsunami et sensibilisée. Une politique de prévention est donc indispensable qui repose sur deux axes :

- l'éducation des enfants à l'école avec un volet théorique (connaissances sur l'aléa, rencontre de témoins) et un volet pratique (exercices d'évacuation) ;

- une communication régulière sur le risque de tsunami à travers l'édition de brochures, de livres, la tenue de conférences, l'inauguration d'une signalisation spécifique ou encore l'organisation d'exercices simulant l'arrivée d'un tsunami et l'évacuation d'une zone.

La plupart des interlocuteurs de votre rapporteur ont signalé que cette politique de sensibilisation au risque de tsunami constitue souvent le maillon faible dans les systèmes d'alerte. Non seulement elle doit être sans arrêt répétée pour rester efficace, mais la population y est plus ou moins réceptive selon sa perception du danger et ses comportements culturels et sociaux. Or, un tsunami est un phénomène relativement rare, qui pèse donc peu dans la mémoire collective, surtout chez les jeunes. En revanche, les mesures de prévention, à savoir l'évacuation, sont lourdes de conséquence puisqu'elles peuvent entraîner la paralysie économique de toute une région pendant plusieurs heures. De nombreux systèmes d'alerte ont donc été conçus à la fois pour protéger la population et éviter les fausses alertes jugées catastrophiques sur le plan économique et financier, mais aussi pour la politique visant à limiter les effets d'un tsunami qui se trouve décrédibilisée.

Il apparaît ainsi que les politiques de gestion du risque ne peuvent pas être uniformes : pour être acceptables, adaptées et durables, elles doivent tenir compte des comportements, parfois profondément ancrés dans la culture, la tradition, les pratiques sociales et déterminer ce qui peut être acceptable pour la collectivité concernée.

* 6 La NOAA est une agence fédérale américaine, qui dépend du département au commerce. Son activité porte sur toutes les questions relatives à l'état des océans et de l'atmosphère. Elle est notamment en charge de l'évaluation et de la prévention du risque de tsunami.

* 7 Dans ce cas, le»seul» risque couru est celui de la fausse alerte.

* 8 Les sismomètres peuvent également servir à détecter les éruptions volcaniques et les glissements de terrain.

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