B. POUR UNE MEILLEURE GESTION DES COMPETENCES AU MINISTÈRE DES AFFAIRES ÉTRANGERES

A l'étranger, l'ambassadeur constitue, « comme le préfet », un pivot de l'action de l'Etat : s'il est une émanation de son administration, il est avant tout le représentant de l'ensemble des ministères , dont il doit mettre en oeuvre la politique, ou en prolonger l'action dans le pays où il incarne la France.

Dans cette perspective, il doit être astreint à un impératif de résultat, et donc entrer dans une culture de la performance .

Force est de constater - pour vivement le regretter - que, malgré la mise en oeuvre de la LOLF depuis le 1 er janvier 2006, cette démarche de performance, qui suppose des tableaux de bord de gestion 8 ( * ) , des services administratifs à même d'engendrer des gains de productivité, et quelques indicateurs bien choisis, est restée balbutiante dans la quasi-totalité des postes à l'étranger, lorsqu'elle n'est pas réfutée dans les ambassades au plus haut niveau. Le risque existe alors que les observateurs extérieurs, comme votre rapporteur spécial, considèrent que le réseau diplomatique mène aujourd'hui une « réforme en trompe l'oeil », et refuse toute démarche d'évaluation.

Dès lors, la restructuration de l'encadrement supérieur du Quai d'Orsay doit être l'occasion d'une montée en puissance de compétences nouvelles plus diversifiées, prenant encore mieux en compte des impératifs de performance , à commencer par celle devant s'appliquer à la gestion des ressources humaines. Garant de la mise en oeuvre des engagements internationaux, le ministère des affaires étrangères et européennes doit être exemplaire dans la mise en oeuvre des engagements de la France d'un retour à l'équilibre des finances publiques en 2012, qui passe par des réformes profondes.

1. Les profils d'ambassadeur doivent être diversifiés

Dans son allocution précitée du 19 septembre 2007, le Président de la République a souhaité « faire circuler les hommes, les idées, les compétences. C'est une idée totalement étrangère à notre tradition administrative, à son organisation verticale, à sa gestion par corps, à ses cloisonnements statutaires catastrophiques. Le corps doit devenir progressivement l'exception. Je souhaite que ce soit dans la plupart des cas une gestion par métier qui prévale. C'est une gestion plus horizontale et moins verticale qui doit s'imposer. C'est une longue mutation dans la culture et l'organisation de la fonction publique qu'il faut rechercher, qui produira des effets dans la durée mais qui améliorera considérablement la carrière des fonctionnaires, qui leur ouvrira des opportunités qui aujourd'hui vous sont refusées ».

Or, dans le réseau diplomatique à l'étranger, il existe trois métiers essentiels : la diplomatie économique, la diplomatie culturelle et la diplomatie politique. Seule cette dernière, incarnée par le corps des conseillers des affaires étrangères et des ministres plénipotentiaires, donne aujourd'hui accès, à de trop rares exceptions près, à la fonction d'ambassadeur.

Or la France a besoin aujourd'hui, dans un contexte de mondialisation, de profils diversifiés d'ambassadeurs , prenant davantage en compte l'économie et la culture, lesquelles sont souvent des leviers toujours plus essentiels pour l'action extérieure de l'Etat. Pourquoi ne pas réintroduire du mouvement dans les parcours professionnels, en décloisonnant le corps des conseillers des affaires étrangères ? Il faut permettre l'accès de profils économiques ou culturels à la tête des ambassades.

2. La restructuration du réseau exige la nomination « d'ambassadeurs-préfets » dotés de compétences managériales

Un récent contrôle sur pièces et sur place, en application de l'article 57 de la LOLF, au sein de l'ambassade de France au Caire, les 2 et 3 juin 2008, a permis à votre rapporteur spécial de souligner, s'il en était besoin, à quel point les compétences de « leadership », de communication, de négociation sociale et de « management », non seulement des ressources humaines d'un poste à l'étranger, mais de la communauté française toute entière, sont essentielles dans l'exercice du métier d'ambassadeur .

Si le Quai d'Orsay souhaite que ses ambassadeurs soient considérés comme des « préfets de l'étranger », la compétence en gestion des ressources humaines, sur laquelle une sélection préalable doit être opérée, devient incontournable , tout particulièrement, lorsque des restructurations doivent être menées à bien pour tirer les conséquences des gains de productivité engendrées par la mise en place nécessaire des services administratifs et financiers uniques. Face aux difficultés notamment sociales que peuvent susciter ces restructurations, la compétence managériale du chef de poste, premier responsable de la gestion de ses services, et ses qualités de communicant, pour expliquer les enjeux des réformes, deviennent la clé du dénouement de conflits éventuels . Ceci exige des compétences nouvelles, que l'institut diplomatique, organe de formation continue interne, du Quai d'Orsay, destiné aux diplomates parvenus à la première moitié de leur carrière, pourrait permettre d'acquérir.

* 8 Un avis du comité interministériel d'audit des programmes sur le programme « Français à l'étranger, affaires consulaires et sécurité des personnes » de la mission « Action extérieure de l'Etat » en date du 23 mai 2008 indique par exemple : « le contrôle de gestion n'est actuellement utilisé que dans 17 postes consulaires ; 17 autres doivent suivre en 2008, l'objectif étant d'atteindre 80 postes d'ici 5 ans »...

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