2. Une redistributivité globalement faible...

Les pensions servies par le système de retraite ont permis de réduire considérablement le nombre des retraités en situation de pauvreté. Mais leur impact redistributif n'en est pas pour autant particulièrement élevé.

a) Une forte baisse de la pauvreté chez les retraités

Malgré la dégradation du niveau de vie relatif des retraités au cours de la dernière période, le taux de pauvreté des retraités a enregistré une baisse considérable entre 1975 et 1984 .

La proportion des retraités pauvres est quatre fois plus basse en 2001 (4 %) qu'en 1975 (16 %).

Pendant cette période, le taux de pauvreté des personnes d'âge actif n'a décliné que plus modérément.

TAUX DE PAUVRETÉ SELON L'ÂGE DU CHEF DE MÉNAGE

Source : INSEE-DGI, enquêtes « Revenus fiscaux ».

Ces évolutions résultent, d'une part, de la montée en charge des avantages non contributifs et de réformes qui, dans un premier temps, ont amélioré les conditions des retraités.

S'agissant des avantages non contributifs , la création en 1956 du minimum vieillesse 103 ( * ) et les revalorisations qu'il a connues jusqu'au début des années 80 ont permis d'améliorer nettement son pouvoir d'achat qui en 1983 atteint 2,7 fois celui de 1959. On relève que le minimum vieillesse bénéficie alors de revalorisations beaucoup plus conséquentes que le SMIC. Il en représente 68 % en 1983 contre 45 % du SMIC net en 1970.

INCIDENCE CUMULÉE DES REVALORISATIONS (EN MONNAIE CONSTANTE)

Source : Calculs d'après Kohler, 2004.

Lecture : Une retraite liquidée en 1970 avait bénéficié, en 1980, d'une revalorisation de 47 % par rapport à son pouvoir d'achat initial. Entre-temps, le pouvoir d'achat du minimum vieillesse avait été multiplié par 2,12.

Il faut additionner à ce processus, qui a vu se réduire le nombre de ses bénéficiaires (1,65 million en 1983 contre 2,55 millions en 1959), le cumul d'une amélioration du statut des retraités (la loi Boulin de 1971 porte le maximum de la pension de 40 à 50 % du salaire des dix meilleures années contre les dix dernières années auparavant) et des carrières salariales au cours des Trente glorieuses.

b) Une inégalité moins forte à la retraite que dans la vie active, indice de redistributivité du système

Au total, la distribution des revenus au sein de la population d'âge actif et des retraités, respectivement mesurée à travers le rapport interdécile entre les 10 % de ménages les plus riches et les plus pauvres dans chacune de ces deux catégories de population, a connu une homogénéisation relative plus forte chez les retraités que chez les personnes d'âge actif .

En outre, les inégalités observées au cours de l'âge actif sont moins prononcées quand les actifs prennent leur retraite.

RAPPORT INTERDÉCILE DES NIVEAUX DE VIE SELON L'ÂGE DU CHEF DE MÉNAGE

Source : INSEE-DGI, enquêtes « Revenus fiscaux ».

Autrement dit, les inégalités de l'âge actif se retrouvent mais moins accusées pour les retraités ce qui tend à établir le constat de la dimension redistributive, même modeste, du système de retraite français 104 ( * ) .

* 103 Devenu depuis le 1 er janvier 2006 : « Allocation spécifique aux personnes âgées (ASPA) ».

* 104 Sauf à imaginer que tout le resserrement de la distribution des revenus soit dû aux autres revenus perçus par les retraités, ceux du patrimoine, ce qui est peu envisageable puisque les inégalités de patrimoine sont beaucoup plus fortes que celles relatives aux autres revenus.

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