D. LES DÉPENSES DE SANTÉ, UN PANORAMA ASSEZ HÉTÉROCLITE MAIS UN NOYAU DUR DE PAYS COMPARABLES

1. Une progression des dépenses publiques de santé dans l'OCDE, entre 1981 et 2002, plus soutenue qu'en France

* Entre 1981 et 2002, la dépense publique de santé a augmenté au taux moyen de 3,6 % en volume dans 30 pays de l'OCDE. En France, la croissance a été inférieure à cette moyenne avec 2,8 % .

Les pays où la progression a été la plus rapide sont pour l'essentiel des pays qui connaissaient un retard initial (le Mexique, le Portugal, la Turquie...). Mais, d'autres pays dans ce cas n'ont pas encore effectué ce rattrapage (la Hongrie, la République Slovaque...), tandis que dans plusieurs pays qui consacraient déjà d'importants efforts au domaine de la santé, la progression des dépenses a été rapide (États-Unis : 4,7 %, Suisse : 3,8 % ; Australie : 3,6 %).

* L'économie de la santé s'efforce de décomposer les progressions globales des dépenses de santé en trois grandes variables 36 ( * ) : l'âge, le revenu et un résidu, qui correspond notamment au progrès technique.

DÉCOMPOSITION DE LA CROISSANCE DES DÉPENSES PUBLIQUES DE SANTÉ 1
(1981 - 2002)

TOTAL

EFFET
D'ÂGE

EFFET -
REVENU 2

RÉSIDU

Australie (1981-2001)

3,6

0,4

1,8

1,4

Autriche

2,2

0,1

2,1

0,0

Belgique (1995-2002)

2,9

0,4

1,7

0,6

Canada

2,6

0,4

1,7

0,6

République Tchèque (1993-2002)

2,7

0,4

2,8

-0,4

Danemark

1,3

0,1

1,7

-0,5

Finlande

2,6

0,3

2,1

0,2

France

2,8

0,2

1,6

1,0

Allemagne

2,2

0,2

1,2

1,0

Grèce (1987-2002)

3,4

0,4

1,3

0,8

Hongrie (1991-2002)

1,5

0,3

2,8

-1,5

Islande

3,5

0,1

1,5

1,9

Irlande

3,9

0,1

4,9

-1,0

Italie (1988-2002)

2,1

0,7

1,7

-0,1

Japon (1981-2001)

3,8

0,4

2,2

1,1

Corée (1982-2002)

10,1

1,4

6,1

2,4

Luxembourg (1981-2002)

3,8

0,0

3,9

-0,1

Mexique (1990-2002)

4,5

0,7

0,5

2,4

Pays-Bas (1981-2002)

2,6

0,3

1,9

0,3

Nouvelle Zélande

2,7

0,2

1,5

1,0

Norvège

4,0

0,1

2,5

1,5

Pologne (1990-2002)

3,1

0,5

3,2

-0,6

Portugal

5,9

0,4

2,6

2,8

République Slovaque (1997-2002)

2,1

0,5

4,2

-1,5

Espagne

3,4

0,3

2,3

0,8

Suède

1,5

0,1

1,7

-0,4

Suisse (1985-2002)

3,8

0,2

0,8

2,9

Turquie (1984-2002)

11,0

0,3

2,3

8,3

Royaume-Uni

3,4

0,2

2,3

1,0

États-Unis

4,7

0,1

2,0

2,6

Moyenne

3,6

0,3

2,3

1,0

1 Dépenses publiques par tête
2 Sur la base d'une élasticité unitaire du revenu

Source : OCDE Base de données Santé (2004), ENPRI-AGIR

L' effet-revenu , même si on considère que l'élasticité des dépenses publiques de santé au revenu n'est qu'unitaire 37 ( * ) , est déterminant . Ainsi, les écarts observés dans le rythme d'augmentation des dépenses publiques de santé entre pays reflètent majoritairement l'inégale croissance de ces pays . On observe que la France appartient au groupe de pays pour lesquels l'impact de la croissance économique sur les dépenses publiques de santé a été relativement faible, plus modéré qu'en moyenne.

L' effet-d'âge , qui traduit l'impact de la déformation de la pyramide des âges (vieillissement notamment) sur les dépenses de santé, aura été négligeable dans l'ensemble sur la période.

Le « résidu » explique 1 des 3,6 points de croissance annuelle des dépenses publiques de santé. Sa contribution peut sembler élevée, mais son chiffrage incertain empêche de faire entièrement sienne la conclusion à laquelle ce constat invite souvent : celui d'une amélioration qualitative des systèmes de santé. Une partie du « résidu » est certainement attribuable , du fait des limites de la convention posant une élasticité unitaire au revenu mentionné plus haut, à l'effet-revenu . Ainsi, le « résidu » correspond sans doute, en partie, à un élargissement quantitatif de la consommation de santé et à une augmentation des tarifs qui ne reflètent pas, en soi, d'amélioration qualitative des soins.

En France, le « résidu » est estimé à la valeur moyenne (1 %) prise par lui dans les pays de l'OCDE.

* 36 D'autres décompositions sont envisageables.

* 37 C'est-à-dire que les dépenses de santé augmentent exactement comme le revenu, en l'espèce le PIB.

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