2. Pas de consensus sur les canaux de transmission

Il n'existe pas de consensus sur les canaux de transmission qui favorisent la croissance dans les épisodes de contraction budgétaire.

- Les études statistiques identifient rarement quels ont été les canaux de transmission des effets anti-keynésiens .

Cour et al. (1996) trouvent que l'effet de la consolidation budgétaire sur la consommation des ménages est plus grand que celui sur l'investissement dans 6 cas sur 9 l'année de la consolidation. Au contraire , Alesina et Ardagna (1998) comme Giudice et al. (2003) notent que, pendant ces épisodes, la consommation et l'investissement augmentent, mais que ce dernier croît bien davantage en moyenne pendant et après l'année de la contraction budgétaire. Alesina et Ardagna (1998) trouvent que les consolidations expansionnistes sont caractérisées par une élévation des profits, de l'investissement et de la croissance, par une baisse des salaires et par un taux d'intérêt réel à long terme plus faible que dans la moyenne des pays du G7.

- Les études ne s'accordent donc pas sur les canaux de transmission à la croissance économique des contractions budgétaires . Les dernières citées évoquent une relation du côté de l'offre, les premières du côté de la demande avec, tantôt, un impact prioritaire sur la consommation, tantôt, un effet de premier rang sur l'investissement.

Cette controverse sur les canaux de transmission est bien plus qu'un problème non résolu. C'est le témoignage de contradictions puisque les explications avancées ne sont pas cohérentes les unes avec les autres.

3. Un consensus sur les caractéristiques des ajustements expansionnistes très relatif...

Même si les interprétations sur les canaux de transmission des politiques de contraction budgétaire sont contradictoires, les études s'efforcent de dégager les caractéristiques favorisant les enchaînements expansionnistes des consolidations budgétaires.

Elles concernent la taille de l'ajustement, sa composition et la situation initiale des finances publiques.

Mais, sur ce point, c'est également la controverse qui l'emporte , même si, dans l'ensemble, les contractions budgétaires « expansionnistes » passent plutôt par une réduction des dépenses publiques que par une augmentation des impôts.

- Selon Alesina et Perotti ( 1995 ), les ajustements qui réussissent sont ceux qui comportent une forte baisse des transferts aux ménages et des salaires publics . Ceux qui échouent sont ceux qui reposent sur la hausse des impôts ou la baisse de l'investissement . Les premiers seraient plus facilement jugés irréversibles, amenant à anticiper une baisse des effets désincitatifs tandis que les seconds, temporaires, conduiraient à attendre plus d'effets désincitatifs et moins d'effets d'entraînement.

Toutefois, la question de l'utilité des transferts ou des emplois publics n'est pas posée et les auteurs ne discutent pas de la situation macroéconomique des pays au moment où ils entreprennent la contraction budgétaire .

- Alesina et Ardagna ( 1998 ) estiment la probabilité d'observer des effets expansionnistes des consolidations budgétaires selon la taille de l'ajustement et sa composition . Seule la composition importerait : cette probabilité serait plus forte quand les gouvernements réduisent les dépenses publiques, les transferts et les salaires publics , plus faible quand les gouvernements augmentent les impôts et réduisent l'investissement public.

- Giudice et al. ( 2003 ) parviennent aux mêmes conclusions et notent que les consolidations budgétaires expansionnistes commencent pendant des périodes où la croissance économique est inférieure à son potentiel . Ils concluent, en outre, à un fort effet des réductions de dépenses primaires 61 ( * ) sur la probabilité d'obtenir des effets expansionnistes des consolidations budgétaires , alors que le niveau initial de la dette publique n'aurait aucun effet .

- Au contraire, selon McDermott et Wescott ( 1996 ), la probabilité de succès est plus forte pour les ajustements survenus en période de forte croissance mondiale et pour ceux qui comportent des baisses de dépenses , en particulier des salaires, des dépenses publiques courantes ou des transferts. Les succès observés concernent essentiellement les petites économies (Irlande, Danemark, Norvège, Australie et Suède).

Au total, l'ensemble des études concluent que c'est la baisse des dépenses publiques qui peut avoir des effets favorables à l'activité économique dans les épisodes de restriction budgétaire .

Seul un tel processus serait perçu comme durablement favorable aux anticipations de revenu de long terme des agents privés, perception qui est le levier des effets économiques favorables de la contraction budgétaire. C'est cette interprétation qui conduit à recommander d'agir sur les dépenses publiques de fonctionnement ou de transferts plutôt que sur celles d'investissement public.

Mais, la caractérisation de la situation économique prévalant au moment où la politique est entreprise ne permet pas de préciser le choix du bon moment.

Ces conclusions appellent donc quelques observations .

* 61 Les dépenses publiques hors charges d'intérêt.

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