C. DES DISPOSITIFS D'INSERTION À L'EFFICACITÉ PARFOIS INCERTAINE FAUTE D'ÉVALUATIONS SUFFISANTES

Le recours à l'évaluation doit permettre un pilotage plus efficace de l'action publique au niveau décentralisé. Cependant, l'évaluation n'est pas encore systématique, et, lorsqu'elle existe, elle n'aboutit pas souvent à infléchir les politiques menées en fonction des résultats.

En outre, si les grands acteurs de l'insertion voient leur action régulièrement faire l'objet de rapports de l'ONPES, de l'IGAS, de la DREES, etc., il est plus difficile d'évaluer les performances des petits acteurs, notamment des associations. Néanmoins, les grands réseaux de l'insertion professionnelle comme les missions locales ou les PLIE ont fait l'objet d'évaluations :

- concernant les missions locales , selon l'enquête nationale Génération 1998 du Centre d'études et de recherches sur les qualifications (CEREQ), 60 % des jeunes sans qualification se rendent dans une mission locale ou une PAIO à leur sortie du système scolaire ; 6 % des premiers emplois occupés par les jeunes peu ou pas qualifiés (niveau inférieur au CAP-BEP) sont trouvés par l'intermédiaire du réseau et 50 % des entrées en formation des jeunes sans qualification sont dues au réseau ;

- concernant les PLIE , l'Alliance villes emploi conduit chaque année depuis 2001 une consolidation de leurs résultats, cofinancée par le Ministère de l'emploi et le FSE. Les PLIE auraient ainsi permis, de 2000 à 2006, le retour à l'emploi durable de 46% des publics accueillis ;

- concernant les maisons de l'emploi, outre le rapport d'étape de Jean-Paul Anciaux déjà cité, l'Alliance villes emploi publie un guide d'autoévaluation des MDE à la demande du Ministère de l'économie, des finances et de l'emploi ;

- concernant le secteur de l'insertion par l'activité économique (IAE) , le rapport du CNIAE déjà cité souligne le manque de connaissances récentes sur les dispositifs (les dernières données de la DARES, parues en 2007, portent sur l'année 2005) et la dispersion des données en raison des multiples acteurs compétents dans ce secteur. La complexité de la gouvernance rejaillit directement sur la qualité de l'évaluation. De même, si l'IAE, en tant que compétence de l'Etat, fait l'objet d'une évaluation dans le cadre de la LOLF, les indicateurs sont trop partiels pour évaluer globalement ses performances. Ainsi l'évaluation se concentre-t-elle essentiellement sur des taux de retour à l'emploi, sans prendre en compte la situation des personnes au moment de leur recrutement. L'évaluation ne tient donc pas compte des améliorations de la situation sociale des individus.

Les tentatives d'évaluation des associations oeuvrant dans le champ de l'insertion rencontrent d'ailleurs le même genre de difficultés que l'évaluation de l'IAE. Par exemple, une évaluation classique ne peut prendre en compte le fait qu'une association a réussi simplement à établir une relation de confiance avec un sans-domicile fixe, relation qui aboutira peut-être ultérieurement à une amélioration de la santé de cette personne, puis, plus tard encore, à la reprise d'un emploi. Des référentiels spécifiques doivent donc être mis en place pour mesurer ce genre d'actions.

Enfin, l'évaluation souffre de la multiplicité des organismes d'observation et d'évaluation, dont chacun effectue certes des analyses pertinentes, mais pas de manière assez suivie et assez partagée pour qu'une évaluation permanente du secteur soit possible et puisse se traduire par une amélioration constante des dispositifs.

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