4. Un partage de compétences complexe entre différentes structures

En matière de formation professionnelle, l'insuffisante coordination entre les différentes structures concernées sur un même espace territorial semble être à l'origine d'une déperdition des moyens engagés 193 ( * ) .

Le principal problème proviendrait en fait de l' absence de coordination , voire du cloisonnement, entre la région , en charge de la formation professionnelle, et l'insertion professionnelle, gérée par les conseils généraux . De plus, la région serait amenée à se substituer aux autres structures, publiques comme privées, dont la carence en ce domaine serait établie. Un recalage global des dispositifs reste donc à réaliser.

5. Une validation des acquis de l'expérience très insuffisamment développée

Reconnue par le code du travail, la validation des acquis de l'expérience (VAE) permet de faire reconnaître son expérience, professionnelle ou non, afin d'obtenir un diplôme, un titre ou un certificat de qualification professionnelle selon d'autres modalités que l'examen.

Mise en place par la loi de modernisation sociale du 17 janvier 2002, la VAE est un droit ouvert à tous : salariés (en contrat à durée indéterminée ou déterminée, intérimaires...), non-salariés, demandeurs d'emploi, bénévoles, agents publics. Et ce, quels que soient les diplômes précédemment obtenus ou le niveau de qualification. Une seule condition est exigée : justifier d'une expérience professionnelle de trois ans en continu ou en discontinu, en rapport avec le contenu de la certification (diplôme, titre...) envisagée.

La VAE est un moyen efficace de lutte contre l'exclusion . En effet, elle révèle les compétences « cachées » et influe ainsi sur l'estime de soi de ses bénéficiaires. Par ailleurs, elle corrige en partie les méthodes de recrutement consacrant la survalorisation des diplômes par rapport aux compétences opérationnelles. En outre, elle permet à des personnes n'ayant pas suivi un parcours académique d'obtenir un emploi correspondant à leurs compétences.

Si la VAE constitue un outil intéressant au service de l'insertion des personnes éprouvant des difficultés dans leur parcours professionnel et souffrant d'un insuffisant niveau de formation, ses critères actuels ne favorisent pas son utilisation par les personnes les plus marginalisées . Comme l'a fait observer Mme Marie-Laure Meyer, la VAE, notamment dans les domaines du sanitaire et du social, « est assez apocalyptique. Il est assez extraordinaire de constater combien le nombre de personnes assurant des fonctions dans ces secteurs est élevé, et faible quand il est demandé de procéder à des validations. Je ne comprends pas très bien pourquoi une personne ne peut pas devenir automatiquement, sans avoir à reprendre d'études coûteuses, infirmière quand elle a assumé, seule et pendant cinq ans, la sécurité des patients dans un service. Cette situation pose problème, d'autant plus que nous manquons d'infirmières. La VAE constitue un outil dont nous n'avons pas beaucoup parlé. Or il revêt une grande importance, notamment parce qu'il donne envie de se former ».

Il y aurait quelque chose d'incohérent, voire de paradoxal, à ne pas développer davantage la VAE pour les emplois les moins qualifiés du secteur privé quand elle est aujourd'hui valorisée pour l'accès aux plus hautes fonctions de la fonction publique. En effet, le troisième concours d'entrée à l'Ecole nationale d'administration (ENA) ouvre son recrutement aux personnes de moins de 40 ans justifiant d'une expérience professionnelle de huit années au moins en entreprise, dans le secteur associatif, comme membre d'une profession libérale ou encore en tant qu'élu.

* 193 Voir sur ce point les développements consacrés par ailleurs aux problèmes de gouvernance.

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