2. Une priorité affirmée et incontournable pour l'avenir du pays

Avec un taux d'alphabétisation qui n'est encore que de 55 %, la scolarité n'étant obligatoire que depuis peu de temps, l'Inde a fait de l'enseignement une forte priorité. Ce taux varie fortement selon les Etats (de l'ordre de 80 à 90 % dans le Kerala et le Bengal occidental, par exemple), compétents en la matière et dont les politiques éducatives sont très diverses.

En effet, en dépit de la forte augmentation des étudiants, leur nombre reste très faible en proportion de la population , dans la mesure où 50 % de la population indienne a moins de 25 ans.

Or, ce pays en forte croissance économique a besoin d'un plus grand nombre de jeunes diplômés. Les besoins de personnels qualifiés sont importants dans de nombreux secteurs et les attentes de la population se renforcent dans des domaines tels que la gestion de l'énergie, les problèmes liés à l'environnement ou à la situation sanitaire.

Les pouvoirs publics indiens ont clairement conscience de la nécessité pour le pays de disposer d'un système d'enseignement supérieur et de recherche de qualité. Outre cette volonté politique, il convient de souligner que les familles sont elles-mêmes très impliquées dans l'éducation de leurs enfants. Cela pourrait relever d'une certaine philosophie de la vie selon laquelle « savoir, c'est être ».

L'une des difficultés du pays tient à la qualité globalement assez médiocre de l'enseignement secondaire, qui relève de la compétence des Etats.

D'après les informations communiquées à votre délégation par l'université de Delhi, le pays s'est fixé le double défi suivant :

- accueillir d'ici à 3 ans 54 % d'étudiants supplémentaires, soit 500 000, ce qui permettrait de faire passer le taux d'étudiants d'une tranche d'âge de moins de 10 % aujourd'hui à 23 % ;

- et, parallèlement, démocratiser le système grâce à une « politique d'inclusion sociale ».

A cet égard, le Gouvernement indien a proposé récemment un projet de loi instituant la discrimination positive (« affirmative action »). La compatibilité de cette politique avec le caractère très sélectif de l'entrée à l'université - exposé ci-après - devrait être assurée par la mise en oeuvre en quelque sorte de quotas de places réservées à des jeunes issus de castes et tribus défavorisées.

Il faut souligner que l'université Jawaharial Nehru (JNU) de Delhi a développé, depuis déjà longtemps, un programme de discrimination positive, en prenant en compte des critères liés à l'environnement socio-économique des jeunes souhaitant intégrer cet établissement. Il s'agit ainsi de favoriser l'accès de jeunes -notamment de jeunes filles- issus de régions ou de castes défavorisées et de familles disposant de faibles revenus. Grâce à cette politique, plus de 50 % des étudiants de cette université sont issus de milieux défavorisés. Il a été précisé à votre délégation que la qualité de l'enseignement n'en avait pas pâti, des actions de tutorat ayant été mises en place pour aider les jeunes concernés à combler d'éventuels retards. Un parallèle peut d'ailleurs être établi avec les constats réalisés l'an dernier par votre mission d'information sur « la diversité sociale dans la composition des classes préparatoires aux grandes écoles » : passé le défi des deux premières années d'études, le brassage social permet une disparition des différences par la suite.

Répondre à cette ambition suppose de multiplier par 3 le nombre d'établissements et de passer donc de plus de 400 à 1 200 universités ! Certains interlocuteurs ont aussi évoqué la nécessité d'accueillir des universités étrangères.

Dans ces conditions, le financement du système connaît une forte croissance. Il provient du budget de l'Etat central, de ceux des Etats et des familles. Le secteur privé est également sollicité. S'agissant du budget du Gouvernement central consacré à l'enseignement, il est en forte hausse depuis une dizaine années. Le budget global consacré à l'enseignement s'élève à 34 400 crores 1 ( * ) pour l'année 2008-2009, en progression de 35 % par rapport à celui de 2007-2008. La part de ce budget consacrée à l'enseignement supérieur s'élève à 7 600 crores, soit une hausse de 135 % ! Le 11 e plan quinquennal prévoit l'attribution de 100 000 bourses. Le Gouvernement central souhaite trouver une partie des ressources nécessaires par le biais d'une taxe d'éducation appliquée aux services.

Le ministre des Sciences et de la Technologie a indiqué à votre délégation que l'Etat indien consacrait 19 % de son budget à l'enseignement scolaire et universitaire, soit 16 milliards d'euros, ce qui représente 6 % du produit intérieur brut. Il a précisé que son pays consacrait pour l'éducation de 1 000 jeunes indiens l'équivalent de la somme allouée par notre pays pour l'éducation de 100 jeunes Français.

Quant aux Etats, ils prennent en charge le financement des études techniques, mais leurs capacités budgétaires sont très inégales.

Précisons que les frais de scolarité sont très faibles : de l'ordre de 20 roupies par mois.

Le secteur privé est sollicité, notamment par le biais de contrats de recherche et développement.

Enfin, la coopération internationale est aussi une source de financement. Elle se traduit soit par des accords formalisés entre directions d'établissements, soit au travers de crédits de recherche obtenus par le biais des démarches individuelles des chercheurs. En outre, les frais de scolarité des étudiants étrangers sont plus élevés, notamment s'ils viennent hors partenariats entre établissements.

* 1 1 crore = 10 millions de roupies.

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