ANNEXE 3 - LA COOPÉRATION EN MATIÈRE DE PATRIMOINE

Contribution de M. Yves Dauge

Au cours de la mission sénatoriale en Inde du 19 au 27 Avril 2008 dont l'objet principal était l'enseignement supérieur, nous avons à plusieurs reprises évoqué la question du patrimoine.

Pourquoi ? Parce que, comme la France, l'Inde possède un patrimoine exceptionnel, notamment urbain, qui peut et doit faire l'objet d'un champ de coopération vaste avec la France.

Parce que ce champ recouvre des potentialités très fortes d'échanges d'expériences et de formations en matière d'urbanisme, de planification, d'architecture, de techniques de restauration, ainsi qu'en matière institutionnelle et juridique.

Parce que l'approche patrimoniale des centres historiques est une entrée majeure aux questions urbaines. Elle pose les questions de la salubrité et de la pauvreté, de l'habitat décent, des réseaux d'eau et d'assainissement. Elle ouvre aussi la réflexion sur la cohérence territoriale et la cohésion sociale dans le développement urbain dans toutes ses composantes.

Avec l'Unesco qui nous a sollicités sur ce thème dans le cadre de la convention France/Unesco, et avec l'aide de la Direction générale de la coopération internationale et du développement au ministère des affaires culturelles nous avons déjà amorcé un travail concret sur ce vaste champ. Nous l'avons expliqué à l'ambassadeur et aux ministres rencontrés. Notre action repose sur la collaboration entre notre réseau de villes françaises d'art et d'histoire et à secteurs sauvegardés, avec le réseau des villes historiques indiennes que l'Unesco a déjà créé. Les échanges ainsi initiés permettent très concrètement de répondre aux demandes d'expertises des villes indiennes, aux accueils dans nos villes d'élus ou techniciens indiens. Rien n'est mieux dans ces domaines que l'échange des expériences vécues, des savoir-faire transmis.

Il ne s'agit pas de « transposer » mais « d'inspirer » des politiques.

A titre d'exemple fin Septembre 2008, avec l'aide de la convention France-Unesco, et celle de l'Association des Villes d'Art et d'Histoire et à Secteur Sauvegardé nous recevrons en France une délégation d'élus et techniciens indiens qui seront reçus à Paris, en Val-de-Loire, à La Rochelle et Bordeaux.

Au-delà de ce niveau « premier » d'actions, de vraies coopérations décentralisées ville à ville, région à région sont en train de naître et vont s'inscrire dans la durée.

Ces portes ouvertes de coopération doivent permettre avec l'aide des universités, des écoles d'architecture, avec celle de Chaillot d'engager sur les thèmes choisis par les partenaires, des formations de haut niveau. Les formations devront s'inscrire dans les structures éducatives indiennes pour bien les insérer dans le milieu éducatif et les pérenniser. En complément, nous devrons offrir des possibilités de bourses en France, notamment pour répondre aux demandes de formateurs. C'est ainsi que l'École de Chaillot avec l'Unesco a commencé ce travail de formation à l'université d'Anna de Chennai et qu'une formation s'engage aussi avec l'équivalent de l'ordre des architectes indiens. D'autres actions suivront, se préparent. Par exemple, nous envisageons de créer un partenariat entre écoles indiennes et françaises sur l'architecture à Chandigarh pour faire suite au séminaire de Décembre 2007 organisé dans cette ville par l'Unesco à l'occasion du projet d'inscription sur la liste du patrimoine mondial de l'oeuvre de Le Corbusier.

Autant de projets à conforter, à compléter par la France, avec l'Unesco et le Gouvernement indien dans un programme bien structuré et ambitieux.

A Bangalore, l'Ambassadeur de France a conclu un discours devant la Chambre de commerce franco/indienne sur la volonté de la France de coopérer dans des domaines d'avenir bien choisis, car nous ne pouvons être partout et dispersés. Au-delà des domaines de technologies avancées, il a affirmé combien le champ du patrimoine lui paraissait porteur de valeurs culturelles partagées, porteur lui aussi d'avenir.

La mission sénatoriale adhère à cette analyse, à cette perspective et recommande au ministère des affaires étrangères, au ministère de la culture, au ministère de l'écologie, du développement durable et de l'aménagement du territoire de se mobiliser pour donner l'ampleur qu'il convient à ce programme de coopération en lien avec l'Unesco.

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