2. Économie mondiale : un ralentissement prévisible

En l'état, les perspectives de ralentissement de l'économie mondiale reposent principalement sur les effets directs de la crise financière. Elles n'intègrent pas la totalité des enchaînements récessifs de « second tour » qui justifient de nouvelles révisions.

Outre la crise financière, l'économie mondiale a été affectée par la très forte hausse, jusqu'à cet été, des prix des matières premières . Le prix du pétrole a atteint un niveau record de 147 $ le baril de brent début juillet ce qui, conjointement à la hausse des prix des produits alimentaires, a entraîné une inflation élevée qui a amputé le pouvoir d'achat.

Cette tendance devrait toutefois s'inverser compte tenu du ralentissement économique et d'une pause spéculative, seule nouvelle encourageante au plan conjoncturel avec la dépréciation de l'euro (pour les pays de la zone euro). De fait, les instituts de conjoncture - qui ont fondé leurs prévisions sur un prix du pétrole à 110 $ le baril de brent en moyenne, tant en 2008 qu'en 2009 - semblent envisager une baisse plus importante qui offrirait un soutien à l'activité.

Aux Etats-Unis , la croissance aurait mieux résisté que prévu en début d'année, grâce à la dépréciation du dollar qui a fortement soutenu le commerce extérieur 8 ( * ) . Les prévisions disponibles tablent sur un ralentissement mais sur une croissance au total positive. Les instituts revoient néanmoins leur prévision de croissance à la baisse pour 2008 et pour 2009 et évoquent de plus en plus l'hypothèse d'une récession liée au déclin de la consommation et de l'investissement dans un contexte de dégradation de la situation financière et de l'emploi. Le FMI estime notamment que les Etats-Unis pourraient connaître une contraction de leur activité l'année prochaine, avec un taux de croissance de - 0,7 % en 2009 , après 1,4 % en 2008 .

Au Royaume-Uni , la crise immobilière et financière est particulièrement aiguë. La baisse des prix de l'immobilier crée des effets de richesse négatifs d'autant plus importants que les mécanismes de crédit hypothécaire existants ont permis aux ménages de s'endetter à hauteur de leur richesse patrimoniale et que des pratiques équivalentes aux crédits « subprimes » se sont développées (à hauteur de 8 % des prêts consentis aux ménages en 2006, contre 20 % aux Etats-Unis). Le repli de la consommation et de l'investissement devrait orienter le PIB à la baisse au second semestre 2008, malgré l'effet positif du commerce extérieur en raison de la dépréciation passée de la livre. Toutefois, la Banque d'Angleterre dispose de quelques marges pour une réduction des taux d'intérêt qui, sous la réserve de la santé financière des établissements de crédit, pourrait être d'autant plus efficace que les crédits sont souvent à taux variable outre-Manche.

Le Japon connaîtrait également une croissance atone (0,8 % en 2008 et en 2009), malgré une faible exposition à la crise financière et à la crise immobilière. Ce pays a été fortement affecté par la hausse des prix des matières premières et son évolution dépendra beaucoup de l'ampleur du ralentissement de la demande des pays émergents fin 2008 et en 2009. La volatilité du yen est un handicap supplémentaire dans cette perspective.

* 8 Il existe toutefois quelques doutes sur la fiabilité des chiffres trimestriels de la croissance aux Etats-Unis du fait d'autres informations statistiques laissant entrevoir qu'une récession y serait déjà en cours.

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