D. LA SÉCURITÉ EUROPÉENNE APRÈS LA GUERRE EN GÉORGIE

Lé débat organisé au sein de l'hémicycle sur les conséquences du conflit géorgien ne visait pas expressément la question de la responsabilité dans le déclenchement du conflit. La recommandation, telle qu'adoptée, renvoie, à cet égard, à la mission d'observation de l'Union européenne le soin de déterminer éventuellement le rôle de chacun dans le déclenchement des hostilités. Le texte insiste surtout sur la mise en oeuvre d'un double partenariat avec la Russie et la Géorgie. La coopération avec la Russie se double néanmoins d'une injonction adressée à Moscou en vue de respecter l'intégrité territoriale de ses voisins. L'aide apportée à la Géorgie devrait lui permettre de réparer les dommages matériels et économiques liés au conflit et accompagner la modernisation de ses structures tant économiques que démocratiques. Le texte insiste parallèlement sur les risques que fait peser dans cette région un éventuel élargissement de l'OTAN. La question énergétique est également abordée, tant elle est une des clés de la stabilité régionale.

La recommandation souhaite par ailleurs replacer la guerre russo-géorgienne dans le contexte plus global des conflits gelés, la dérive de l'été 2008 devant inciter l'Union européenne à s'investir en faveur de la recherche d'une paix durable dans les régions concernées.

M. Laurent Béteille (UMP - Essonne) a néanmoins tenu à souligner la nécessité d'adopter une position équilibrée en vue de garantir la stabilité du continent :

« Ne nous méprenons pas, nous sommes face à une crise particulièrement grave, une des plus graves que nous ayons connue depuis bien longtemps. Il était normal que nous y réfléchissions quelques mois après avec le plus de sérénité possible.

Les dirigeants géorgiens ont fait preuve de maladresse, de naïveté et de brutalité vis-à-vis de leurs régions séparatistes. La militarisation du conflit n'était, à l'évidence, pas une solution. A l'inverse, le recours à la force par la Russie était bel et bien disproportionné. On a le sentiment que la Russie était trop contente de pouvoir s'ériger en gendarme de la région. Si l'on peut comprendre le sentiment d'encerclement ressenti par la Russie, ce comportement est très dangereux. De plus, la reconnaissance inacceptable des deux républiques sécessionnistes était contraire au droit international et pour le moins très prématurée.

Quelle peut être notre attitude dans cette affaire ?

Il est nécessaire que nous aidions la Géorgie à se reconstruire et à consolider l'évolution démocratique qu'elle a entamée il y a cinq ans.

Nous devons aussi nous attacher à garantir le succès des discussions de Genève, car c'est au travers du dialogue politique que nous progresserons dans la résolution de la crise, comme dans celle d'autres conflits gelés.

Nous devons également veiller à ce que la mission d'enquête indépendante lancée par l'Union européenne en décembre 2008 aboutisse. Vis-à-vis de la Russie, l'Union européenne doit faire preuve de fermeté. Elle détient des arguments suffisants pour inciter la Russie à coopérer, dans cette affaire. Ni la Russie ni l'Union européenne n'a intérêt à s'engager dans un isolement réciproque. C'est pourquoi l'Union européenne doit poursuivre les négociations du futur partenariat stratégique avec la Russie et s'en servir comme un levier pour faire respecter le droit international.

Le débat d'aujourd'hui nous confronte à une alternative simple : porter haut et fort notre éthique de la paix en prenant les dispositions nécessaires à l'endroit des deux belligérants, ou se taire, au risque de fragiliser définitivement la sécurité de notre continent. »

Cette recherche d'une position équilibrée n'a, bien évidemment, pas rencontré d'écho dans les propos des personnalités géorgienne et russe, invitées à intervenir dans l'hémicycle. M. Temuri Yakobashvili, secrétaire d'État de la Géorgie pour la réintégration, a ainsi voulu insister sur l'engagement de son pays en faveur de la démocratie, quand M. Ivan Soltanovsky, représentant permanent de la Russie auprès de l'OTAN a souhaité souligner la volonté de la Russie de protéger ses concitoyens en dehors de ses frontières, qualifiant d'« agressive » l'attitude géorgienne au début du mois d'août 2008. Face aux interrogations sur l'avenir du concept d'intégrité territoriale suite à la reconnaissance de l'indépendance de l'Abkhazie et de l'Ossétie, le représentant russe a tenu à singulariser le cas des régions géorgiennes indiquant qu'elles ne constituaient en aucune manière un précédent, reconnaissant également que leur accession à l'indépendance n'était qu'une solution destinée à empêcher le pire et ne pouvait être qualifiée d'optimale.

Dépassant le cadre du conflit, l'ambassadeur russe a cependant pointé la volonté de son pays de mener une politique de concertation tant avec l'Union européenne qu'avec l'OTAN. Conscient des divergences de point de vue, il a mis en avant une vision multipolaire du monde actuel et tenté de faire ressortir les rapprochements potentiels en vue de répondre à de nombreux défis tels que la crise financière, le terrorisme ou la piraterie.

S'il est indispensable pour l'Assemblée de l'UEO de se pencher sur un tel sujet, au regard notamment de ses implications en matière de sécurité, le débat comme le texte adopté n'ont pour autant valeur que de témoignage voire de position de principe. Les conséquences juridiques du conflit ne peuvent, en effet, être abordées qu'au sein des Nations unies et du Conseil de l'Europe, l'Union européenne ayant par ailleurs réagi avec célérité en vue d'obtenir un cessez-le-feu.

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