III. RELEVER LES DÉFIS POUR PRÉPARER L'AVENIR

Deux grands défis doivent être relevés pour fonder l'avenir des DOM : le défi démographique et la jeunesse des populations, d'une part, une réelle prise en compte des spécificités des DOM et une valorisation de la diversité dont ils enrichissent la France, d'autre part.

A. LE DÉFI DÉMOGRAPHIQUE : LA JEUNESSE DES POPULATIONS, CLÉ DE L'AVENIR

La situation de la jeunesse dans notre pays est aujourd'hui au coeur de la réflexion publique : création d'un Haut-commissariat à la Jeunesse confié à M. Martin Hirsch, par ailleurs Haut-commissaire aux solidarités actives, plan d'urgence pour l'emploi des jeunes, mission sur la réforme des lycées, etc.

Le Sénat a également pris la mesure de cette question en créant, le 11 mars 2009, une mission commune d'information dont l'objectif est de contribuer aux réflexions actuelles sur la situation des jeunes de 16 à 25 ans dans notre pays.

En effet, si chacun reconnaît que les jeunes représentent l'atout majeur de notre pays, ces derniers se trouvent aujourd'hui confrontés à un ensemble de problèmes de natures très diverses, parmi lesquels la mission présidée par Mme Raymonde Le Texier a notamment identifié « une orientation scolaire et universitaire et une insertion professionnelle déficientes, des ressources le plus souvent modestes, voire insuffisantes pour une part non négligeable d'entre eux, alors même que leur entrée dans la vie professionnelle est à la fois plus tardive que leurs aînés et plus précaire qu'eux, surtout en cette période de crise économique ».

Ce constat général revêt une acuité particulière dans les DOM car la question de la jeunesse est une donnée cruciale. Dans l'état des lieux de la situation actuelle des DOM, la question de la place des jeunes a particulièrement retenu l'attention des membres de la mission, conscients des enjeux qui se jouent autour de son avenir.

Comme l'a souligné le secrétaire d'État chargé de l'outre-mer, M. Yves Jego, le 26 mai dernier, lors de son audition, si la jeunesse des DOM représente une promesse pour demain, elle constitue aussi, pour des territoires aussi restreints, un défi dans l'immédiat.

1. La jeunesse des populations, une donnée cruciale

L'apport de l'outre-mer au dynamisme démographique français est un élément insuffisamment mis en valeur.

Cette vitalité démographique fait de notre pays une exception au regard des autres pays européens.

La population ultramarine est particulièrement jeune : 610 000 jeunes de moins de 20 ans vivent dans les DOM. Ils représentent 34 % de la population locale, alors que cette tranche d'âge ne constitue que 25 % dans l'hexagone.

a) Un remarquable dynamisme démographique

Cet apport de l'outre-mer au dynamisme démographique français (soit près de 4 % des naissances), lui-même assez remarquable dans l'ensemble européen, est peu connu.

Or, un habitant sur deux en Guyane, un sur trois à La Réunion et plus d' un sur quatre aux Antilles a moins de 20 ans. La Guyane et La Réunion affichent les taux de croissance de la population les plus élevés des régions françaises.

Quant à la Martinique et la Guadeloupe, si la progression s'est nettement ralentie, les générations nombreuses nées jusque dans les années 70 expliquent encore aujourd'hui l'importance de la population active.

(1) L' « envolée » guyanaise

Même par rapport aux autres DOM, la situation de la Guyane est exceptionnelle. La population de la Guyane est passée de 33 500 à 221 500 habitants entre 1960 et 2008. Son poids démographique par rapport aux autres DOM a été multiplié par trois, passant de 4 % à 11 % de la population de ces quatre départements. 149 ( * )

Pour ne considérer que la période récente, la croissance de la population a progressé en moyenne de 3,8 % par an entre 1999 et 2007. Autrement dit, sur cette période, la population de la Guyane a augmenté dix fois plus vite que la population de la France métropolitaine.

Cette croissance s'est accélérée sur cette dernière période par rapport à la décennie précédente (3,5 % dans les années 90). À titre de comparaison, celle des autres régions françaises avoisinait, sur la même période, 0,6 %.

La Guyane se caractérise par sa forte natalité, dont le rythme est celui d'un pays en voie de développement : l'indicateur conjoncturel de fécondité est de 3,9 enfants par femme (contre 2,1 pour l'ensemble de la France).

Ainsi, les moins de 20 ans représentent 46 % des habitants (contre un quart pour la France entière) et le taux de mortalité est le plus faible de France. En 2006, le niveau record de 6 276 naissances a été atteint dans ce département. L'excédent naturel est de l'ordre de 5 500 personnes par an.

La population guyanaise va durablement rester jeune. En 2030, selon les projections de l'INSEE, si les tendances démographiques se poursuivent, la population atteindra 424 000 habitants. Cette croissance est soutenue par deux tendances lourdes : un solde migratoire nettement positif et qui contribue pour un tiers à cet accroissement, et surtout un solde naturel qui reste particulièrement élevé sur la période.

La part des moins de 20 ans sera toujours très élevée (environ 40 %), même si les plus de 60 ans représenteront 11 % de l'ensemble de la population, contre 6 % actuellement. L'âge moyen d'un guyanais sera alors de 28 ans (contre 26 ans actuellement).

L'INSEE estime que, du fait de cette explosion démographique, la Guyane est le seul DOM dont le PIB par habitant tendra à s'éloigner de la moyenne française.

* 149 Source : Insee Antilles-Guyane 2009.

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