c) Une priorité : la formation professionnelle doit fédérer toutes les énergies

L'organisation française de la formation professionnelle est marquée par un état des lieux alarmant , en raison de sa complexité, de son cloisonnement et d'un important corporatisme 129 ( * ) .

Ce constat, commun entre la métropole et l'outre-mer, concerne notamment la « gouvernance » du système. « Il n'y a plus de pilote dans l'avion » : telle a d'ailleurs été la formule employée par M. Jacques Delors en 2007 devant la mission d'information du Sénat sur le fonctionnement des dispositifs de formation professionnelle. Ainsi, au niveau régional, la difficulté d'articuler la logique territoriale avec la logique de branche ne permet souvent pas de rassembler, à la même table de négociation, les partenaires les mieux à même de définir les actions de formation les plus adaptées .

(1) La taille et l'isolement relatif des départements d'outre-mer doivent permettre de trouver des solutions rapides et adaptées

Le nombre de personnes sans qualification est particulièrement élevé dans les DOM : 40 % contre 17 % en métropole. En 2007, de 26 % à 58 % des jeunes, selon les DOM, ont quitté le système scolaire sans diplôme, soit deux à trois fois plus qu'en métropole, et plus du quart des jeunes qui travaillent ne sont pas diplômés. Le chômage est une préoccupation majeure, puisque son taux est supérieur à 20 % dans les DOM, alors que la moyenne nationale était inférieure à 8 % à la fin de 2008. La Réunion est le département le plus touché par le chômage bien qu'il soit également celui qui a connu l'évolution la plus positive : il y est passé d'environ 30 % sur la période 2001-2005 à 24,2 % en 2007. La baisse constatée dans les autres DOM est moins forte, mais leur niveau de départ était plus bas que celui de La Réunion : environ 23 % à la Martinique ou en Guadeloupe. La situation de l'emploi est également marquée par un taux de chômage des jeunes très élevé : il touchait par exemple 48,9 % des 15-24 ans à La Réunion en 2008.

Les handicaps structurels sont connus : un tissu économique fragile, principalement composé de très petites entreprises, des filières peu organisées et émiettées, des collectivités territoriales aux ressources fiscales limitées. De plus, les bassins de population et les territoires sont restreints ; les demandeurs de formation professionnelle ne peuvent pas, comme en métropole, faire quelques dizaines ou centaines de kilomètres pour trouver une formation qui leur convient.

Alors que la gouvernance de l'ensemble du système de formation professionnelle a été identifiée comme une cause majeure de dysfonctionnements, ces handicaps peuvent justement se transformer en moyens du changement . Sur des territoires restreints, le nombre des acteurs est limité ; ils peuvent donc plus facilement « se retrouver autour d'une table » et harmoniser leurs politiques : la contrainte territoriale rend possible une concertation régulière et approfondie.

Proposition n°51 : Réunir une conférence permanente de la formation professionnelle rassemblant l'ensemble des acteurs publics et privés.

* 129 Rapport d'information n°365 (2006-2007) fait au nom de la mission commune d'information du Sénat sur le fonctionnement des dispositifs de formation professionnelle, par M. Bernard Seillier, Sénateur, 4 juillet 2007.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page