IV. LES ÉNERGIES RENOUVELABLES : DES OBJECTIFS ATTEIGNABLES ?

L'Union européenne s'est fixée comme objectif contraignant de parvenir à 20 % d'énergies renouvelables dans la consommation globale d'énergie d'ici à 2020, contre à peine 9 % aujourd'hui. Cet objectif est différencié selon les États membres - il s'établit à 23 % pour la France. Il est laissé à chaque État membre le soin de fixer des objectifs nationaux pour chaque usage de l'énergie : chaleur, électricité et transport.

Part des énergies renouvelables dans la consommation brute d'énergie

(en %)

1997

2002

2007

Allemagne

2,2

3,4

8,3

Autriche

20,8

22,1

23,8

Belgique

1,2

1,5

3,1

Bulgarie

2,3

4,4

4,7

Chypre

2

1,8

2,4

Danemark

8,3

12,4

17,3

Espagne

6,3

5,4

7

Estonie

10,3

11

10

Finlande

20,5

21,8

22,6

France

7,1

6,3

7

Grèce

5,2

4,7

5

Hongrie

2

3,4

5,3

Irlande

1,5

1,7

2,9

Italie

5,3

5,3

6,9

Lettonie

29,5

31,3

29,7

Lituanie

6,1

8,1

8,9

Luxembourg

1,4

1,4

2,5

Malte

nc

nc

nc

Pays-Bas

2

2,6

3,6

Pologne

3,8

4,6

5,1

Portugal

17,3

13,9

17,6

République tchèque

1,6

2

4,7

Roumanie

10,7

9,7

11,9

Royaume-Uni

0,9

1,2

2,1

Slovaquie

2,5

3,7

5,5

Slovénie

8,1

10,5

10

Suède

27,4

26,3

30,9

Union européenne

5,4

5,7

7,8

Source : Eurostat

Actuellement, les deux principales sources d'énergie renouvelables, dans l'Union européenne et en France, sont la biomasse et, assez loin derrière, l'énergie hydraulique.

En France, la biomasse, pour la chaleur, et l'éolien, pour l'électricité, représentent l'essentiel de l'effort de développement des énergies renouvelables, comme le montre le tableau ci-dessous :

Objectifs de développement des énergies renouvelables en France par filière à l'horizon 2020 fixés par le « Grenelle de l'environnement »

Secteur renouvelable

Situation en 2006

Objectif 2020

Croissance

Chaleur

9,6 Mtep

19,7 Mtep

+ 10 Mtep

Bois (chauffage domestique)

7,4 Mtep
(5,7 millions d'appareils)

7,4 Mtep
(9 millions d'appareils)

-

Bois et déchets (collectif/tertiaire/industrie)

1,8 Mtep

9 Mtep

+ 7,2 Mtep

Solaire thermique, PAC et géothermie

0,4 Mtep
(200 000 logements)

3,2 Mtep
(6 000 000 logements)

+ 2,8 Mtep

Électricité

5,6 Mtep

12,6 Mtep

+ 7 Mtep

Hydraulique

5,2 Mtep
(25 000 MW)

5,8 Mtep
(27 500 MW)

+ 0,6 Mtep

Biomasse

0,2 Mtep
(350 MW)

1,4 Mtep
(2 300 MW)

+ 1,2 Mtep

Éolien

0,2 Mtep
1 600 MW
(2 000 éoliennes)

5 Mtep
25 000 MW
(8 000 éoliennes)

+ 4,8 Mtep

Solaire photovoltaïque

0

0,4 Mtep
(5 400 MW)

+ 0,4 Mtep

Biocarburants

0,7 Mtep

4 Mtep

+ 3,3 Mtep

TOTAL

16 Mtep

36 Mtep

+ 20 Mtep

Des doutes subsistent sur la capacité de l'Union européenne à atteindre l'objectif de 20 % d'énergies renouvelables.

La biomasse recèle un potentiel important pour atteindre les objectifs en termes d'énergies renouvelables, dans le secteur de la chaleur en particulier, par exemple grâce à des chaufferies bois-énergie industrielles et collectives. Pour autant, la ressource en biomasse n'est pas illimitée. Sa mobilisation nécessite de gros efforts d'organisation. Un prélèvement excessif peut avoir des répercussions sur la biodiversité forestière et agricole ainsi que sur la disponibilité des terres destinées aux cultures alimentaires.

Le potentiel hydraulique est déjà fortement exploité et sa contribution au développement de la production électrique sera limitée.

Le potentiel de l' énergie éolienne est théoriquement très important. Tant au niveau européen qu'au niveau français, la hausse de la production électrique devrait reposer majoritairement sur l'éolien. L'Allemagne, l'Espagne et le Danemark sont les États membres où l'énergie éolienne est la plus développée. En France , où la population est très majoritairement favorable au secteur éolien, sa perception étant encore plus positive au sein des populations riveraines, les obstacles à son développement sont réels . L'énergie éolienne présente un caractère intermittent - il peut y avoir trop de vent ou pas assez - et nécessite de disposer de réserves d'équilibrage de manière à pouvoir ajuster les variations de la production à celles de la demande. En outre, dans notre pays, le débat sur l'éolien est généralement polémique. L'installation d'éoliennes est limitée par le respect de contraintes environnementales. Elle va ainsi être soumise à une instruction proche de celle utilisée pour les installations classées pour la protection de l'environnement (ICPE) comportant des risques industriels. Il s'agit d'une instruction particulièrement lourde, et longue, puisqu'elle dure en général deux ans, et qui est utilisée jusqu'à présent pour les centrales nucléaires, les usines chimiques ou les raffineries. Au total, l'installation d'un parc éolien demande entre sept et dix ans. Ces longs délais compromettent sérieusement la réalisation des objectifs de production d'électricité à partir de l'énergie éolienne d'ici 2020, alors même que celle-ci doit assurer plus des deux tiers du développement de la filière électrique à cette échéance.

Le secteur éolien off shore recèle d'importantes potentialités, en particulier en mer Baltique et dans la Manche, une éolienne en mer pouvant produire jusqu'à 50 % d'électricité en plus par rapport à une éolienne terrestre, mais d'évidentes difficultés techniques n'ont jusqu'à présent pas permis une baisse du coût de l'électricité ainsi produite, qui reste élevé. L'éolien terrestre reste pour l'instant plus rentable, en France en tout cas.

L' énergie d'origine solaire , qu'il s'agisse de la production d'électricité grâce à des panneaux photovoltaïques, ou de chaleur grâce à des panneaux thermiques, n'occupe aujourd'hui qu'une place marginale dans la consommation énergétique européenne, et encore très limitée dans la production d'énergie renouvelable. Ce secteur, surtout présent en Allemagne, en Grèce et en Autriche, connaît néanmoins un essor important depuis quelques années. En Espagne, le gouvernement a même été contraint, pour des raisons budgétaires, de cesser de subventionner l'installation de panneaux photovoltaïques. La part du solaire dans le bouquet énergétique devrait néanmoins rester limitée, au moins à l'horizon 2020. Les technologies énergétiques dans le domaine solaire demeurent encore coûteuses, même si les prix s'inscrivent désormais dans une tendance baissière. La croissance du parc photovoltaïque porte principalement sur des installations de petite puissance, même si des projets de taille plus importante sont récemment apparus sur la façade méditerranéenne. Le potentiel de développement des panneaux photovoltaïques le plus important porte sur les bâtiments publics.

En outre, les objectifs fixés en matière d'énergies renouvelables paraissent difficilement atteignables sans un développement des infrastructures de transport d'électricité. En effet, la localisation de la production de ces types d'énergie, le plus souvent décentralisée, demeure souvent éloignée des centres de consommation. La réalisation de nouvelles infrastructures physiques et le développement de méthodes visant à optimiser l'exploitation de ces réseaux sont nécessaires pour y faire face. Les perspectives de développement massif de l'énergie éolienne et solaire nécessiteront la réalisation de réseaux nouveaux pour collecter et acheminer l'énergie depuis ces zones de production jusqu'aux consommateurs. Le développement de l'éolien off shore nécessite une réflexion sur les marges d'ajustement de la production à terre pour maintenir l'équilibre du système électrique à tout instant, ainsi qu'une mise à niveau très importante des ouvrages d'acheminement de l'électricité jusqu'aux zones de consommation. Le projet de Plan solaire méditerranéen, dans le cadre de l'Union pour la Méditerranée, nécessite également la réalisation de réseaux entièrement nouveaux pour collecter et acheminer l'électricité depuis les zones de production jusqu'aux consommateurs.

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