3. Les deux grands scénarios

Un scénario où le nombre de ventes de livres numériques serait égal à terme à 50 % du nombre de livres papier actuellement vendus n'est pas irréaliste :

- dans le cas de la France, on peut calculer à partir du tableau figurant en page 52 du présent rapport d'information, relatif à la répartition des lecteurs français en fonction du nombre de livres lus, qu'environ 80 % des achats de livre sont le fait de 40 % des lecteurs, et que près de 50 % sont le fait de 15 % des lecteurs. Dans l'hypothèse où les 15 % de lecteurs français qui lisent le plus « basculeraient » sur les tablettes de lecture, ce sont donc la moitié des livres papier publiés annuellement qui pourraient disparaître ;

- ce taux de 50 % pourrait également être atteint avec une moindre diffusion des tablettes de lecture, mais un nombre important de livres vendus sur smartphone 47 ( * ) .

Certes, ce « basculement » se ferait de façon progressive, pour des raisons en particulier générationnelles. Cependant, l'impact pourrait être considérable.

Schématiquement, on peut distinguer deux grands scénarios :

- dans le premier scénario, il n'y a pas de « cannibalisation », les ventes de livres numériques venant simplement s'ajouter à celles de livres papier ;

- dans le second scénario , il y a « cannibalisation », les ventes de livres papier étant fortement réduites par celles des livres numériques.

a) Scénario 1 : les ventes de livres numériques viennent s'ajouter à celles de livres papier

Le premier scénario est peut-être le moins intuitif, puisqu'on pourrait supposer a priori que le développement du livre numérique se fait au détriment du livre papier.

Cependant, lors de la conférence de presse précitée de mai 2009, M. Jeff Bezos, PDG d'Amazon, a déclaré que jusqu'à présent le Kindle n'avait pas suscité de diminution des ventes de livres papier, les acheteurs de livres numériques maintenant inchangés leurs achats de livres papier, auxquels venaient s'ajouter 1,6 à 1,7 livre numérique par livre papier vendu.

Certes, il paraît peu probable que sur le long terme aucune « cannibalisation » n'ait lieu. Cependant, la réalité pourrait être proche de ce modèle, en particulier dans l'hypothèse où les éditeurs parviendraient, grâce à une politique de tarification des nouveautés peu favorable au livre numérique, à « spécialiser » le livre numérique dans des ouvrages qui se seraient peu vendus au format papier (réédition de livres libres de droit...). En outre, certains livres sont conçus pour être vendus sous forme numérique avant de l'être en version papier 48 ( * ) .

Scénario 1 : absence totale de cannibalisation du livre papier par le livre numérique

(nombre de livres vendus,
scénario sans livre numérique=100)

On suppose que les 15 % de plus gros lecteurs, correspondant à 50 % des ventes de livres papier, s'équipent progressivement d'ici 2050 de tablettes de lecture numériques, et qu'ils achètent en plus de leurs livres papier 1,5 livre numérique par livre papier.

Source : calculs de la commission des finances

* 47 Le phénomène est particulièrement important au Japon. Ainsi, selon le rapport de M. Bruno Patino : « En deux ans, le roman pour téléphone portable, visant un public d'adolescentes, est devenu un segment majeur du marché du livre : la moitié des dix best-sellers sur papier de l'année 2007 sont sortis à l'origine en feuilleton numérique pour téléphones mobiles. Le plus connu, Koisora (Lien d'amour), s'est vendu à 1,5 million d'exemplaires. Le manga numérique est au coeur de ce développement : 40 % des lecteurs de livres électroniques en lisent ».

* 48 Tel est le cas en France du roman Thomas Drimm , publié en 2009 par l'écrivain Didier van Cauwelaert.

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