4. Les études post-CIRC

La décision du CIRC a constitué une étape aussi importante que l'étude de 1979.

Elle a suscité de nombreuses réactions et entraîné la mise en oeuvre de toutes les expertises collectives récentes demandées par les différents gouvernements. Toutes ont confirmé les résultats du CIRC comme leurs limites .

a) L'épidémiologie

Pour la France, la dernière en date est le rapport de l'AFSSET de 2010 qui conclut : « Rien ne permet donc de remettre en question, dans un sens ou dans un autre, les conclusions du CIRC sur l'association possible entre champs d'extrêmement basses fréquences et leucémie de l'enfant ».

Il cite notamment deux études, celle de Shüz et al., en 2007, qui confirmait les résultats d'Ahlbom mais en s'intéressant à l'exposition nocturne des enfants et celle de Kheifets et al. de 2009 qui confirme les données relatives aux champs électriques.

Reste, l'étude publiée en 2005 par Gerald Draper qui mettait en évidence une corrélation entre ces leucémies et la proximité aux lignes THT et qui a connu un très large écho.

Elle a porté sur 29 081 enfants ayant développé un cancer, dont 9 700 une leucémie. Ces enfants étaient âgés de 0 à 14 ans et étaient nés en Angleterre et au Pays de Galles entre 1962 et 1995.

L'appréciation de leur exposition aux champs électromagnétiques a été faite sur le fondement de la distance de l'adresse de leur domicile lors de leur naissance avec la ligne THT la plus proche.

L'étude conclut que les enfants « vivant » à moins de 200 m d'une ligne ont un risque accru de 1,69 fois de développer une leucémie et ceux « habitant » entre 200 et 600 m de 1,23 par rapport à ceux « habitant » à plus de 600 m.

L'étude de Gérald Draper n'a trouvé aucune corrélation avec aucun autre type de cancer.

En outre, les auteurs concluaient que ces résultats avaient un niveau d'incertitude statistique considérable ( considerable statistical uncertainty ) et que la relation pouvait être due à la chance ou à des confusions.

La principale critique portait sur l'approximation très forte de l'exposition.

Certains y voient même l'hypothèse naissante de la non implication des lignes puisque, avec une approximation aussi importante de l'exposition et une corrélation au-delà de la zone où le champ est perceptible, c'est que vraisemblablement d'autres facteurs expliqueraient les leucémies. D'autres encore estiment que l'étude Draper pourrait orienter vers une hypothèse virale des leucémies, comme cela est formulé pour d'autres grands ouvrages ou chantiers.

Toujours est-il que Gérald Draper est un épidémiologiste estimé par ses pairs et que ses résultats sont cohérents avec ceux des précédentes études et du CIRC.

Votre rapporteur estime que son étude pose en fait plus de questions qu'elle n'en résout. Dans la lignée des études précédentes, elle n'est ni plus probante, ni ne disqualifie la possibilité d'un lien entre leucémies et lignes à haute tension. Elle entretient le doute.

Depuis 2002 finalement, l'épidémiologie n'a pu apporter une preuve supplémentaire précisant le risque évalué par le CIRC.

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