b) La diversification et la fidélisation des publics

La volonté d'améliorer l'offre culturelle à travers le développement des manifestations s'est traduite par une hausse de 35 % 15 ( * ) de la production culturelle depuis 2008. 200 expositions ou manifestations culturelles sont ainsi programmées chaque année, leur taille et leurs modalités d'organisation pouvant considérablement varier puisqu'il peut s'agir de manifestations à portée nationale engageant des budgets supérieurs à 80 000 euros (une à quatre par an), de manifestations produites ou coproduites par le CMN, ou de manifestations en réseau, plus particulièrement tournées vers les enfants ou les personnes handicapées. On peut citer, à titre d'exemple, les grandes expositions telles que « Psyché au miroir d'Azay » au château d'Azay-le-Rideau, les parcours nocturnes (Abbaye du Mont-Saint-Michel, Azay-le-Rideau), les festivals (« Rock en Seine » au Domaine national de Saint-Cloud), les manifestations ciblées pour les enfants (« Oeufs énigmes et chocolat », « Monument jeu d'enfant »).

Les publics jeunes sont également visés par les actions menées en faveur de l'éducation artistique et culturelle par le CMN qui dispose de 26 services d'actions éducatives en charge de 35 monuments. Cette politique est menée avec le ministère de l'éducation nationale (qui met à disposition des professeurs-relais) et celui de la culture. Il propose un accueil spécialisé pour les publics scolaires dans l'ensemble des monuments. Plus de deux millions de jeunes, dont 600 000 élèves, sont ainsi accueillis chaque année dans ces sites.

Évidemment, on ne peut a priori qu'adhérer à de tels projets qui constituent désormais le coeur de métier de la nouvelle direction du développement culturel et des publics et reflètent le dynamisme du CMN. Mais il faut évaluer leur efficacité pour mesurer la pertinence de cette politique et surtout la façon dont elle est mise en oeuvre. L'analyse des coûts de ces manifestations constitue une première étape. Leur condition de production et leur budget varient considérablement (de 1 000 euros à plus de 400 000 euros). Le CMN leur a ainsi consacré 3,45 millions d'euros (dont 0,54 million de mécénat et de subventions), dont 40 % ont été déconcentrés et gérés directement par les administrateurs des monuments nationaux. Ces crédits ont progressé de 660 000 euros par rapport à 2008, soit une hausse de 24 %. Pour quel impact ?

L'analyse de la fréquentation des monuments montre qu'elle a progressé de 4 % par rapport à 2008 pour s'établir à environ 8,8 millions de visiteurs. Ce sont précisément 320 605 visiteurs supplémentaires qui ont fréquenté les monuments nationaux, dont 230 000 (soit environ deux tiers de la progression) proviennent de l'élargissement de la gratuité aux jeunes de 18 à 25 ans et aux enseignants. Il serait évidemment réducteur et simpliste de comparer les 660 000 euros investis en plus en 2009 (+24 %) aux 320 605 visiteurs supplémentaires (+4 %) car la progression doit s'observer sur le long terme, la fidélisation étant par définition un phénomène éventuellement identifiable sur plusieurs années. En outre, les premières estimations de fréquentation en 2009, liées à l'évolution de l'activité touristique, faisaient apparaître un nombre inférieur de visiteurs : les chiffres ont pu être revus à la hausse à hauteur de 586 000 entrées, ce qui constitue un premier résultat positif. L'analyse détaillée des évolutions de fréquentation par monument pourrait laisser penser qu'il existe une corrélation entre l'organisation de manifestations et le nombre de visiteurs : le Château de Vincennes 16 ( * ) a ainsi enregistré une progression de 38,6 % de visiteurs, le Mont-Saint-Michel 17 ( * ) une hausse de 5,5 %, le Château du Roi René 18 ( * ) un accroissement de 31 %. Seul Azay-le-Rideau semble être l'exception avec une baisse de la fréquentation de 1,1 %. Enfin et surtout, la progression de la fréquentation est constante depuis 2006 (7 millions de visiteurs) à 2009 (8,8 millions de visiteurs), alors même que le périmètre du CMN s'est considérablement réduit (115 à environ 100 monuments) , compte tenu des transferts opérés en application de la loi du 13 août 2004 mais aussi des choix stratégiques de l'État (Chambord, Jardin des Tuileries).

S'il est évidemment trop tôt pour tirer des conclusions sur l'impact de l'amélioration de l'offre culturelle liée à la nouvelle organisation, votre commission estime que les premiers indicateurs semblent très positifs et elle sera très attentive à l'évolution des données permettant de mettre en évidence les progrès réalisés par le CMN dans ce domaine. Elle rappelle enfin que l'analyse doit également s'apprécier au regard de l'évolution des ressources propres dont la dynamique contribue au financement de l'offre culturelle.


* 15 Chiffre fourni par le Centre des monuments nationaux.

* 16 Exposition « Les trésors des icônes bulgares ».

* 17 Parcours nocturnes organisés de juillet à septembre.

* 18 Célébrations du 600 e anniversaire de la naissance du Roi René.

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