2. La question de l'emploi des seniors

Au-delà des enjeux en termes de financement du régime de retraite par répartition, la question de l'allongement de la durée de la vie active revêt une importance particulière dans une Allemagne confrontée à des perspectives démographiques sombres, qui risquent d'entraîner à l'avenir des problèmes de main-d'oeuvre pouvant, in fine , compromettre la compétitivité du pays.

Conscients de la nécessité d'encourager le maintien des seniors dans l'emploi, les pouvoirs publics ont mis en place depuis quelques années une politique dite de « vieillissement actif » .

Celle-ci se caractérise notamment par « l'Initiative 50 plus » , lancée fin 2006 et qui poursuit les objectifs suivants :

- augmenter le taux d'emploi des seniors ;

- mieux réinsérer les chômeurs âgés sur le marché du travail ;

- faciliter l'accès des travailleurs âgés à la formation professionnelle continue.

Les principales mesures de « l'Initiative 50 plus » ont été intégrées, en 2007, à la « loi pour l'amélioration des opportunités d'emploi des seniors » qui promeut notamment la formation professionnelle continue des seniors et donne un signal fort en faveur de l'apprentissage tout au long de la vie.

D'autres initiatives ont également été prises pour lever les principaux obstacles au maintien des seniors dans l'emploi : revalorisation de la subvention versée aux entreprises qui recrutent des seniors, allégement de charges sociales, extinction progressive des dispositifs de départ anticipé, etc.

Par ailleurs, les travailleurs âgés ont la possibilité d'être accompagnés dans leur recherche d'emploi par des conseillers spécialisés de l'agence fédérale du travail.

Selon les interlocuteurs rencontrés au ministère fédéral des affaires sociales et du travail, cette politique volontariste commence à porter ses fruits :

- à l'échelle locale, beaucoup d'initiatives ont vu le jour, sous l'impulsion des partenaires sociaux, des collectivités territoriales, des antennes locales de l'agence fédérale du travail ;

- à l'échelle nationale, le taux d'emploi des seniors (cinquante-cinq/soixante-quatre ans) a progressé : de 44,9 % en 2005, il est passé à 55 % environ aujourd'hui. L'objectif est désormais d'atteindre les 60 % d'ici 2020 ;

- les mentalités évoluent progressivement en direction d'une plus grande acceptabilité des seniors dans le monde du travail.

Si les syndicats ne contestent pas ces résultats encourageants et apportent même leur soutien à la politique en faveur de l'emploi des seniors, leur représentant a néanmoins fait observer que plusieurs ombres au tableau subsistent :

- la plupart des seniors en activité occupent des « petits boulots », souvent à temps partiel et mal rémunérés ;

- ce sont les jeunes qui bénéficient le plus des actions de formation et les études montrent qu'à partir de cinquante ans, les travailleurs n'en disposent pas ou peu (à peine 10 % d'entre eux) ;

- l'Allemagne est, certes, performante en matière de formation initiale mais elle a encore de grosses lacunes en ce qui concerne la formation professionnelle tout au long de la vie. Elle est d'ailleurs très mal placée dans les classements internationaux. Les interlocuteurs du ministère du travail sont également convenus que beaucoup d'efforts restent à accomplir dans le domaine de la formation continue ;

- les barrières psychologiques sont loin d'être toutes tombées : beaucoup d'employeurs ne jouent pas encore le jeu et ne sont pas prêts à investir dans la formation des seniors.

Surtout, les syndicats estiment que le report de l'âge légal de départ à la retraite est une mesure qui « n'a pas de sens » , tant que les seniors continueront à avoir des difficultés à se maintenir dans l'emploi. Elle risque d'augmenter le nombre de chômeurs âgés .

Sachant que l'âge effectif de départ à la retraite se situe légèrement en deçà de l'âge légal actuel de soixante-cinq ans, avec une moyenne de soixante-trois ans , mieux vaudrait se donner les moyens de parvenir à ce que l'âge effectif de départ coïncide à l'âge de soixante-cinq ans, plutôt que de reporter l'âge légal de deux ans.

De son côté, le patronat a rappelé les conséquences délétères du message, tenu pendant de nombreuses années en Allemagne comme dans d'autres pays européens, selon lequel les seniors doivent laisser la place aux jeunes.

Grâce aux initiatives prises ces dernières années, la situation de l'emploi des seniors commence à s'améliorer, mais il faudra sans doute une dizaine d'années avant que les mesures en faveur de l'emploi des seniors ne déploient pleinement leurs effets.

En tout état de cause, les employeurs sont conscients qu'ils doivent mettre en place des actions de formation personnalisée à destination de leurs salariés âgés et ils le font d'autant plus qu'on les y incite.

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