B. UNE SOLUTION RADICALE : LA CHIRURGIE BARIATRIQUE

1. Définitions

Il existe de nombreuses techniques de chirurgie bariatrique. Deux types d'opération peuvent être distinguées : les restrictives et les mixtes.

Les opérations restrictives reposent sur le principe d'une limitation sévère de la capacité à ingérer des aliments solides, par le moyen d'une poche gastrique la plus petite possible. La plus connue consiste à poser autour de l'estomac un anneau ajustable qui réduit la capacité de l'estomac à un petit réservoir et crée une impression de satiété.

Les opérations mixtes associent à cette restriction gastrique plus ou moins importante la création d'une dérivation dans le tube digestif afin de diminuer l'absorption intestinale des éléments nutritifs.

L'exemple d'opération mixte le plus connu est le bypass gastrique qui permet de diminuer à la fois la quantité d'aliments ingérés puisque la taille de l'estomac est réduite, et l'assimilation de ces aliments par l'organisme, grâce à un court-circuit d'une partie de l'estomac et de l'intestin. Les aliments vont directement dans la partie de l'intestin grêle et sont donc assimilés en moindres quantités.

La partie de l'estomac ne recevant plus les aliments continue de sécréter des enzymes digestives et de l'acide gastrique.

Le raccordement entre l'anse biliaire et l'anse alimentaire permet aux aliments de rencontrer, à cet endroit, les sécrétions digestives.

2. Des effets spectaculaires
a) L'Etude Swedish Obese Subjects (SOS)

En 2004 fut publiée la première étude comparant l'efficacité de la chirurgie bariatrique et celle des thérapies classiques fondées sur la diététique et l'activité physique pour le traitement de personnes atteintes d'obésité massive.

Cette étude a suivi 4 047 sujets sur 2 ans et 1703 sur 10 ans. Leur âge moyen était de 48 ans et leur IMC de 41.

Au bout de deux ans, le poids du groupe dit de contrôle avait augmenté de 0,1 % alors que celui du groupe ayant fait l'objet d'une intervention bariatrique avait baissé de 23,4 %. Au bout de 10 ans, les résultats consistaient en une hausse de 1,6 % pour le groupe contrôle et une diminution de 16,1 % pour le groupe ayant subi une intervention chirurgicale.

En outre, les apports énergétiques du groupe ayant fait l'objet d'une intervention bariatrique étaient plus bas (2 528 calories par jour contre 2 882 calories pour le groupe contrôle) et leur activité physique plus importante.

Par ailleurs, les taux d'apparition du diabète, de l'hypertension ou de la goutte étaient moins élevés chez les personnes opérées que dans le groupe contrôle.

b) En termes de perte de poids

L'étude SOS montre que les résultats sont variables selon la technique utilisée, la perte de poids la plus importante et la plus durable étant associée au by-pass gastrique. C'est la raison pour laquelle on observe en France une tendance à glisser des chirurgies réversibles aux chirurgies irréversibles.

Cette perte de poids est attribuée au fait que la chirurgie bariatrique empêche les individus opérés de manger, mais il semblerait en outre que ces derniers n'ont pas faim. En effet, on observe chez les patients opérés une diminution du taux de ghréline (qui active la sensation de faim) et une augmentation du taux de PYY (qui augmente la sensation de satiété).

c) En termes de diminution de la mortalité

Une autre étude montre que, sur une période de 15 ans, la mortalité des personnes opérées est diminuée de 50 %.

Une étude publiée en 2007 a sélectionné entre 1984 et 2002 15 850 personnes obèses dont la moitié avait été opérée d'un by-pass gastrique et l'autre servait de contrôle.

A l'issue des 18 ans (avec un suivi moyen de 7 ans), l'étude montre que la mortalité à moyen terme du groupe opéré diminue de 40 % comparée à celle du groupe contrôle.

Groupe ayant subi un by-pass gastrique

n= 7925

Groupe contrôle

n= 7925

Nombres de décès

213

321

Dont décès liés à des maladies

150

285

Dont décès liés à des maladies cardiovasculaires

55

104

Dont décès liés au diabète

2

19

Dont décès par cancer

31

79

Dont décès sans relation avec une maladie

63

36

Dont décès résultant d'un suicide

15

5

Grâce à la chirurgie bariatrique, la mortalité par diabète diminue de 92 %, celle par cancer de 60 % et celle par maladie cardiovasculaire de 54 %.

En moyenne, 136 personnes sont sauvées pour 10.000 by-pass réalisés.

En revanche, le taux de mortalité lié à des morts violentes (suicides, accidents) est plus élevé chez les personnes opérées.

d) En termes de guérison du diabète

En outre, la chirurgie a un effet spectaculaire sur le diabète, qui est indépendant de l'effet sur la perte de poids. Ainsi, dans 81 % des cas, le diabète disparaît à moins de deux ans (et dans 70 % des cas au-delà de deux ans).

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