2. L'acquisition des habitudes alimentaires et comportementales au cours de l'enfance

L'enfance est également une période propice à la prévention. En effet, c'est à ce moment de la vie que s'acquièrent les habitudes alimentaires et comportementales du futur adulte.

L'exemple de la pratique de l'activité physique illustre cet état de fait. Ainsi, les enfants de mères actives sont deux fois plus actifs que les enfants de mères inactives, trois fois plus si les pères sont actifs et jusqu'à six fois plus si les deux parents sont actifs.

Le dépistage précoce de l'obésité

Les études scientifiques confirment également l'intérêt d'une prise en charge précoce de la surcharge pondérale dans la mesure où la « seule » stabilisation du poids permet, grâce à la cinétique (puisque les enfants grandissent), de diminuer le surpoids des enfants.

La prise en charge des enfants doit se faire dans le cadre de la famille dont l'implication est une condition essentielle de réussite.

Certaines études montrent que les chances de réussite sont plus élevées pour les stratégies qui impliquent directement les seuls parents. En effet, il ne faut pas sous-estimer les conséquences psychologiques pour l'enfant s'il est directement associé à la prise en charge.

L'annonce d'une surcharge pondérale et la mise en place de la prise en charge doivent également faire l'objet d'une attention particulière afin d'éviter la stigmatisation de la famille et/ou de l'enfant et leurs réactions disproportionnées qui pourraient contribuer à l'apparition de troubles alimentaires et ne feraient qu'aggraver à moyen terme la surcharge pondérale constatée initialement.

Enfin, il faut être extrêmement attentif et éviter que la lutte contre le risque d'obésité de l'enfant et de l'adolescent ne vienne pas renforcer le désir de maigrir de populations (enfant, adolescent et adulte) qui n'en auraient médicalement pas besoin.

3. L'allaitement maternel comme facteur de protection contre le développement ultérieur de l'obésité

L'allaitement semblerait être un facteur protecteur contre le développement ultérieur de l'obésité.

Ainsi, le rapport au Président des Etats-Unis de Melody Barnes 29 ( * ) cite une étude ayant calculé que le risque d'être obèse est diminué de 22 % pour les enfants ayant été allaités et que les impacts de l'allaitement seraient les plus forts au moment de l'adolescence.

Une autre étude a montré que le risque de surpoids diminue de 4 % pour chaque mois d'allaitement.

Les recherches sur l'allaitement permettent progressivement de mieux comprendre les mécanismes qui expliquent son rôle protecteur.

D'abord, l'allaitement permet à l'enfant de mieux contrôler ses apports. Des études ont montré que le principal facteur déterminant la quantité de lait produite par la mère était la demande de l'enfant et la quantité de lait qu'il consommait. Il a aussi été constaté que les enfants s'adaptaient au taux de graisse du lait maternel en modifiant le volume de lait consommé : un taux plus bas en graisse était corrélé à l'absorption d'un volume plus important de lait. Cela pourrait avoir un impact sur la capacité à réguler ses apports plus tard dans la vie.

En outre, des études ont démontré que les enfants nourris au lait industriel avaient des apports énergétiques plus importants dès les premiers mois de vie, ce qui influence leur croissance pondérale.

L'étude DARLING a ainsi trouvé de nettes différences dans les paramètres de croissance chez des enfants pendant les 2 premières années, selon qu'ils étaient allaités pendant au moins 1 an ou qu'ils étaient nourris au lait industriel ; les enfants allaités étaient plus minces entre 5 et 24 mois.

Or, la prise de poids pendant les 4 premiers mois est fortement corrélée au risque de surpoids à l'âge de 7 ans.

Certains facteurs du lait maternel peuvent également jouer un rôle. Les enfants nourris au lait industriel ont des taux d'insuline plus élevés que les enfants allaités. Des taux plus élevés d'insuline augmentent la prise de poids. Le non-allaitement est corrélé à un risque plus élevé de diabète de type II. Les enfants nourris au lait industriel ont des apports protéiques supérieurs de 66 à 70 % à ceux des enfants allaités à 3 et 6 mois, et à 12 mois leurs apports protéiques peuvent être 5 à 6 fois supérieurs à leurs besoins, en fonction des autres aliments consommés. Certaines études ont constaté une relation entre les apports protéiques pendant les premières années et le surpoids.

L'allaitement pourrait par ailleurs avoir un impact sur le métabolisme de la leptine, une hormone qui régule l'appétit et les réserves lipidiques.

Néanmoins, il est souvent difficile de tirer un enseignement des recherches sur l'allaitement compte tenu des facteurs confondants. Ainsi, il est connu que l'allaitement est plus développé dans les classes socioprofessionnelles élevées.

En outre, il semblerait que la durée d'allaitement doit être relativement longue pour que ce dernier ait un rôle protecteur sur le développement de l'obésité.

La promotion de l'allaitement pour prévenir l'obésité doit donc viser l'augmentation de sa prévalence, mais aussi de sa durée (et en particulier la durée d'allaitement exclusif).

Enfin, l'impact de l'allaitement serait relativement réduit par rapport à d'autres facteurs, tels qu'un surpoids chez les parents, les habitudes alimentaires, ou le niveau d'activité physique.


* 29 Melody Barnes est la présidente de la Task Force présidentielle sur l'obésité des enfants qui a remis en mai 2010 un rapport au Président : « résoudre le problème de l'obésité infantile en une génération ».

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