II. RÉDUIRE LES INÉGALITÉS SOCIOCULTURELLES ET ENCOURAGER L'INSERTION SOCIALE DES CATÉGORIES SOCIO-PROFESSIONNELLES LES MOINS ÉLEVÉES

Le constat est déjà ancien : le gradient socioculturel de l'obésité est très fort, particulièrement pour les femmes et pour les enfants. La catégorie socioprofessionnelle, le niveau de revenu et le niveau d'éducation sont trois déterminants importants d'une certaine forme de l'obésité, que l'on nommera à l'instar de Jean-Pierre Poulain, l'obésité de la précarisation.

En 2009, la prévalence de l'obésité est deux fois plus élevée parmi les ouvriers que parmi les cadres supérieurs lorsque l'on considère la population adulte sans distinction de sexe, et quatre fois plus élevée entre les femmes ouvrières et les femmes cadres supérieurs.

De même, la prévalence de l'obésité des adultes varie de 1 à 4 entre un foyer dont les revenus mensuels sont inférieurs à 900 euros et un foyer dont les revenus mensuels dépassent 5300 euros .

Par ailleurs, entre un adulte diplômé d'un troisième cycle et un adulte ayant un niveau d'instruction équivalent à celui de l'école primaire, le taux d'obésité varie de 1 à 3.

Chez les enfants, la prévalence de l'obésité est 7 fois plus élevée chez un enfant d'ouvrier que chez un enfant de cadres.

Par conséquent, toutes les mesures visant à réduire les inégalités dans les domaines de l'emploi, du logement, de l'éducation, de la santé, des transports, constituent un levier puissant pour lutter contre l'obésité.

De même, toutes les politiques visant à l'homogénéisation des normes sociales facilitent l'appropriation des messages de prévention.

III. PRIVILÉGIER LES MESURES MODIFIANT L'ENVIRON-NEMENT

De nombreuses études scientifiques ont montré le relatif échec des politiques visant à modifier les comportements individuels. En outre, ces politiques se révèlent souvent stigmatisantes.

Face à l'influence prépondérante des environnements matériels, sociaux et culturels dans lesquels évoluent les individus, une politique de prévention efficace doit s'accompagner d'interventions visant à promouvoir un environnement qui facilite l'adoption « sans effort » de comportements reconnus favorables à la santé, au détriment des comportements « sans effort » qui sont particulièrement délétères.

1. Limiter l'exposition des enfants à la publicité et au marketing

L'influence de la télévision et de la publicité sur les enfants est considérable dans la détermination de leurs choix alimentaires et de leurs préférences. En outre, la publicité renforce les inégalités devant l'obésité puisque les études montrent que les enfants de milieux défavorisés passent plus de temps devant la télévision.

Votre rapporteur est donc partisan de la suppression de la publicité pour les produits alimentaires transformés avant, pendant et après les programmes jeunesse et sur les chaînes destinées à la jeunesse.

Par ailleurs, votre rapporteur est favorable à une limitation stricte du marketing pour les produits alimentaires transformés en direction des enfants. Notamment, l'usage de figures animées familières pour la promotion de ces produits devrait être interdit tandis que tous les emballages des produits alimentaires destinés aux enfants devraient être astreints à une certaine sobriété.

En outre, votre rapporteur estime nécessaire de supprimer l'exonération de la taxe sur la publicité pour les produits alimentaires manufacturés et les boissons avec ajout de sucres et de porter son taux à 5 %.

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