VII. DÉPISTER SYSTÉMATIQUEMENT L'ADIPOSITÉ VISCÉRALE

Malgré les nombreuses études démontrant le lien entre l'adiposité viscérale et les maladies cardiovasculaires ainsi que les multiples recommandations des sociétés savantes, les autorités publiques n'ont pas encore pris les mesures nécessaires pour prévenir les complications chez les personnes à risque.

Plus généralement, l'obésité viscérale ne fait l'objet d'aucune prévention généralisée, alors qu'elle est un facteur de risque plus important que l'indice de masse corporelle.

Votre rapporteur propose donc la mise en place d'un dépistage généralisé de l'obésité viscérale et d'un programme de prévention au niveau national.

VIII. DÉVELOPPER LA PRÉVENTION PRÉCOCE

Votre rapporteur a rappelé deux acquis de recherche importants : un petit poids de naissance (moins de 2,5 kg), mais également un gros poids de naissance (plus de 4 kg) étaient associés à un risque ultérieur d'obésité et/ou de diabète de type 2.

Il a également évoqué de nombreuses études scientifiques qui montrent la vulnérabilité particulière du foetus à son environnement et qui insistent sur les conséquences à long terme de cette exposition, indépendamment du poids de naissance.

Ainsi l'obésité des deux futurs parents, le surpoids de la mère avant la grossesse associé à un diabète gestationnel, l'exposition du foetus à la nicotine, une prise de poids importante de la mère (plus de 24 kg) pendant la grossesse sont autant de facteurs de risque d'obésité pour l'enfant à naître.

De même, les recherches sur les déterminants de l'obésité ont souligné les liens entre l'obésité et une croissance précoce ou encore un rebond d'adiposité précoce. Deux périodes de croissance dans la petite enfance ont été détectées qui paraissent particulièrement corrélées à la masse grasse présente à l'adolescence : les trois premiers mois de la vie et vers trois ans.

Il est donc urgent de tenir compte de ces enseignements et de mettre en place une politique de prévention précoce de l'obésité efficace permettant de repérer dès la grossesse les éventuelles situations à risque et d'instaurer une vigilance accrue pendant les cinq premières années.

IX. ELARGIR LES DOMAINES DE RECHERCHE SUR L'OBÉSITÉ

La recherche française sur l'obésité privilégie essentiellement les aspects fondamentaux, notamment moléculaires et génétiques. De même, un accent particulier est mis sur l'analyse physiologique des pathologies liées à l'obésité (diabète de type 2, hypertension, stéatose hépatique, insulinorésistance, hyperlipidémie, etc.).

D'une manière générale, les aspects comportementaux, sociaux, économiques et environnementaux (alimentation et activité physique) ainsi que ceux liés aux neurosciences et au marketing sont beaucoup moins soutenus financièrement.

Or, la recherche dans ces domaines est indispensable pour développer de nouveaux outils d'étude afin de mieux comprendre les comportements (notamment alimentaires) et le métabolisme. L'atteinte de ces objectifs passe par une approche multidisciplinaire impliquant des chercheurs des sciences humaines et des biologistes. Elle nécessite également le développement et l'adaptation à ce type de recherche de nouvelles technologies : Internet, GPS, réfrigérateurs intelligents etc. De même, la compréhension des comportements passera par l'utilisation d'outils d'imagerie fonctionnelle de pointe tant cérébrale que métabolique.

Des programmes de recherche doivent également être financés afin de déterminer des stratégies plus efficaces pour lutter contre les modes de vie préjudiciables à la santé. L'étude de l'ANSES sur les régimes amaigrissants a par exemple montré qu'il était impossible de quantifier les risques liés à ces derniers faute de recherche suffisante sur ce sujet. De même, les effets physiologiques de la sédentarité restent encore mal connus.

L'évaluation des stratégies de prévention, indispensable pour valider et orienter les choix politiques, est un champ de recherche en plein développement qu'il convient d'encourager et doit faire appel à des approches méthodologiques innovantes, telles que les expérimentations sur le terrain.

Par ailleurs, les études translationnelles doivent être multipliées afin de mieux comprendre les facteurs de prédisposition aux complications de l'obésité et mettre au point des biomarqueurs précoces de la transition vers l'état pathologique. De même, s'il était possible de dépister précocement les personnes à risque susceptibles de devenir obèses, il pourrait être envisagé de développer des stratégies ciblées à leur égard.

Dans ce rapport, il a été rappelé à plusieurs reprises que l'obésité viscérale est associée à un plus grand risque de complications métaboliques. Ce type d'obésité mérite donc un intérêt particulier. Les critères de mesure de l'obésité viscérale, basés jusqu'à présent essentiellement sur le tour de taille, pourraient notamment être affinés.

Enfin, la Commission européenne a lancé une initiative de programmation conjointe sur « un régime sain pour une vie saine ». Ce programme constitue une réelle opportunité pour la recherche sur l'obésité dans les domaines de l'alimentation, de la nutrition, de l'activité physique et de la santé puisqu'il devrait lui donner une impulsion décision tout en la structurant au niveau européen. Il est donc indispensable que la France apporte sa contribution à cette initiative en y consacrant des appels d'offre au niveau national.

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