B. DES GOUVERNEMENTS À L'ÉPREUVE DE LA CRISE

En dépit de la crise, la Lituanie et la Lettonie connaissent une période de relative stabilité politique, rompant avec l'absence de continuité observée depuis leur accession à l'indépendance. 15 chefs de gouvernement se sont ainsi succédé en 19 ans en Lituanie, 14 en Lettonie entre 1991 et 2009.

Le scrutin à la proportionnelle fragilise les projets gouvernementaux dans la durée. Ce mode de scrutin favorise, en effet, une réelle atomisation de l'échiquier politique et induit la recherche constante, parfois délicate et longue, d'un consensus au sein des coalitions mises en place.

La constitution lituanienne adoptée en 1992 instaure un régime semi-parlementaire, dans lequel le Seimas , la chambre unique du Parlement dispose de pouvoirs étendus. Ses 141 membres sont élus pour quatre ans.

Le président de la République est élu au suffrage universel direct et dispose de pouvoirs relativement importants, notamment dans le domaine de la politique étrangère ainsi qu'en matière d'initiative législative.

La constitution du premier État letton indépendant , qui date de 1922, reste le cadre de référence pour l'exercice du pouvoir en Lettonie.

Le régime est de nature parlementaire, avec à sa tête un président de la République élu par le Parlement (la Saeima ) pour 4 ans, qui ne dispose que de pouvoirs protocolaires. Symbole de l'unité nationale, il joue un rôle non négligeable dans le domaine diplomatique. Il nomme le Premier ministre, soumis ensuite à un vote de confiance de la Saeima .

Le pouvoir législatif est confié à une chambre, la Saeima . Composée de 100 membres élus pour quatre ans au suffrage universel direct, au terme d'un scrutin de liste. La Saeima vote lois et budget et contrôle le gouvernement.

1. Le gouvernement lituanien et le défi de la rigueur

Les élections législatives d'octobre 2008 ont été marquées par la victoire des chrétiens-conservateurs qui, avec 45 sièges, deviennent la première formation politique lituanienne au Parlement. Le parti social-démocrate, qui conduisait la majorité sortante, ne dispose que de 25 sièges. Le scrutin a, par ailleurs, confirmé l'importance des formations politiques sur la scène politique locale : le Parti de la renaissance nationale , créé quelques semaines avant l'élection, dispose ainsi de 16 sièges, Ordre et justice de 15 et Travail et jeunesse de 10. Les deux partis libéraux - l' Union des libéraux de la République de Lituanie et l' Union libérale et centriste - obtiennent ensemble 19 sièges.

M. Andrius Kubilius, chef des chrétiens-conservateurs et ancien Premier ministre à la fin des années quatre-vingt-dix, a formé, à la suite du scrutin, un gouvernement reflétant la coalition mise en place au Parlement, réunissant sa formation, les deux partis libéraux et le Parti de la renaissance nationale . Cette coalition qui comprenait initialement 83 parlementaires, ne dispose plus que d'une majorité relative de 71 députés, suite à l'éclatement de la formation populiste.

En effet, la politique de rigueur mise en place par le gouvernement ne s'est pas traduite par des résultats immédiats, et a donc suscité des tensions au sein de la coalition parlementaire. Certains députés sont, en effet, enclins à tempérer la cure d'austérité en vue des élections législatives prévues à l'automne 2012. L'adoption du budget 2011 s'est avérée à cet égard délicate pour le gouvernement, d'autant plus que la présidente de la République, Mme Dalia Grybauskaité a affiché son hostilité à de nouvelles augmentations d'impôts.

Surnommée la « Dame de Fer », Mme Grybauskaité, ancienne commissaire européenne aux affaires financières et budgétaires et économiste de formation, a été élue, avec le soutien de M. Kubilius, présidente de la République en juillet 2009, dès le premier tour, avec près de 70 % des voix. L'exercice de son mandat se traduit, notamment, par une plus grande implication dans la vie politique nationale, la présidente n'hésitant pas à critiquer certains points du programme d'austérité et souhaitant en modérer ses conséquences sociales.

Impopulaire en raison de sa politique de rigueur, le Premier ministre a également perdu le soutien de la présidente du Parlement, Mme Irena Degutiené, pourtant issue du Parti chrétien-conservateur , mais elle aussi sceptique sur les résultats de l'action gouvernementale. Si l'opposition social-démocrate et populiste n'a ni les moyens ni l'envie de provoquer le renversement de M. Kubilius, chaque texte important nécessite néanmoins de longues négociations avec la coalition parlementaire en place et quelques députés de l'opposition isolés.

Les élections municipales du 27 février dernier avaient valeur de test dans un contexte marqué par des rumeurs récurrentes de remplacement de M. Kubilius. Avec environ 15 % des suffrages, la formation de ce dernier est arrivée en seconde position au plan national, devancée par le Parti social-démocrate . Ce score dépasse les prévisions des instituts de sondage qui plaçaient les chrétiens-conservateurs en quatrième position, derrière les formations populistes. L'hypothèse d'une alternance en faveur des sociaux-démocrates et des populistes en 2012 est, néanmoins, plausible, indépendamment de la reprise économique observable.

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