ROUBAIX - CENTRE SOCIAL DES TROIS-PONTS 22 NOVEMBRE 2010

Personnes rencontrées :

- ABDELKADER, Albine Chef de service éducatif, Horizon 9

- ACHOURI, Abdénor Animateur Adultes-Relais Secteur Jeunesse, Centre Social des Trois-Ponts

- BAILLOT, Elisabeth Coordination REP/RAR, UDM

- BAOUCHE, Amar Délégué du Préfet, Préfecture du Nord

- BOUCHEZ, Emmanuelle Directrice prospective et politique éducative, Roubaix

- CAILLIENEZ, Fabienne Directrice Centre Social du Pile

- CARTON, Arnaud Principal Adjoint, Collège Van der Mersch

- CAUPENE, Pierre CPE Collège Van der Mersch

- CORBY, Amandine Coordinatrice Enfance/Jeunesse, Centre Social du Pile Ste Elisabeth

- CREVE, Juliette Coordinatrice CLSPD, Service Prévention Sécurité, Roubaix

- DELAPORTE, Françoise Présidente usager Centre Social des Trois-Ponts

- DELROT, Bertrand Principal, Collège Van der Mersch

- DJEBIEN, Rachid Responsable secteur Jeunesse, CCAS Roubaix

- DOUTERLUNGNE, Sylvie Directrice Mission Locale de Roubaix

- FONCK, Ludovic Directeur Général CCAS Roubaix

- GRENEZ, Amandine Chef de Projet, Politique de la ville de Roubaix, Quartier Est

- KELAÏ, Naïma Maison de la Justice et du Droit, Ville de Roubaix

- L, SAÏD - Poste A.I.L.E, Centre Social des Trois-Ponts

- MESSAOUDI, Aline, Chef de service Roubaix

- MILLE, Denis - Chargé de projet territorial, Département du Nord

- SABBAHI, Dahbia - Chargé de mission Politique éducation Collèges/Lycées, Roubaix

- SIENIENIELKI, Bernard - Directeur Centre Social des Trois-Ponts

- OUNES, Zohra - Médiateur du Centre Social du Pile Ste Elisabeth

- SAUTY, Philippe, Responsable Unité Territoriale de Prévention et d'Action Sociale de Roubaix, Département du Nord

- VANDEVRAYE, Stéphanie Educatrice spécialisée, Horizon 9

Réunion des acteurs associatifs et de la politique de la ville

au centre social des Trois-Ponts à Roubaix

Sont présents lors de la réunion : le club de prévention Horizon 9, le Centre Social des Trois-Ponts, le Centre Social Maison des Deux Quartiers, l'Association Sportive des Trois-Ponts, les représentants de la mairie, du Préfet, du Département ainsi que de l'Inspection Académique.

Le quartier d'avant la rénovation urbaine est composé majoritairement d'habitats collectifs gérés par les bailleurs sociaux LMH et Vilogia. Trois écoles primaires et un collège sont présents dans le quartier des Trois-Ponts, ainsi qu'un centre social, trois associations sportives, une amicale Jean Macé, une maison des services avec une dizaine de services publics (Poste, TPAS, CAF, Mairie de quartier, PSPE, Maison de la Justice, CCAS, Pôle emploi, etc).

50 % de la population a moins de 25 ans, avec un taux de chômage d'environ 45 % et un taux de difficulté d'accès à l'emploi de 30 % (cf : diagnostic de territoires actualisé).

Le niveau de qualification des jeunes reste très faible . La Mission locale travaille donc sur le volet formation et insertion professionnelle ainsi que sur le volet décrochage scolaire, en vue de trouver des solutions adaptées. Les animateurs d'insertion et de lutte contre les exclusions (AILE) servent de relais au sein des centres sociaux, le but étant de tisser un réseau de partenaires autour des jeunes en difficulté.

Le quartier des Trois Ponts compte 5 000 jeunes dont 250 sont pris en charge par le centre social. Le Centre Social du Pile s'occupe lui aussi d'environ 250 jeunes. De nombreux jeunes demeurent toutefois « dans l'ombre », non pris en charge par les structures existantes .

Le club de prévention Horizon 9 travaille principalement dans le secteur Sud et Est, en coordination avec les centres sociaux des Trois-Ponts et du Pile - Ste Elisabeth. Il s'agit d'accompagnements individuels pour les jeunes de 12 à 25 ans en collaboration avec leurs familles. Un travail particulier est effectué sur le manque d'ambition des jeunes et la confiance en soi (les projets collectifs aident beaucoup). En rapport avec le quartier, Horizon 9 tente de mettre les jeunes en position d'acteurs, ce qui leur donne la possibilité de se projeter. Les familles sont très réceptives à ce genre de projet.

Il faut en effet travailler sur l'ouverture d'esprit . « La jeunesse ne rêve pas beaucoup ». Les adolescents ne savent plus vraiment pourquoi ils apprennent, ni pourquoi ils viennent au collège. Il faut partir du savoir des gens, de ce qu'est le quartier. « Rien ne se ferait ici sans les habitants du quartier ». Beaucoup de potentiel est sous-estimé.

L'engagement des parents au sein des actions sociales est très important . Le bénévolat est très répandu. Ainsi le centre social des Trois-Ponts fait appel à de nombreux bénévoles. Géré par le CCAS, il fonctionne toutefois comme un centre social de type associatif. « Il y a un vrai engagement citoyen de la part des habitants du quartier ». Il s'agit aussi d'un lieu d'accueil pour la lecture (Espace Livres), le plaisir. Les adolescents peuvent venir chercher de la documentation. De nombreuses actions sont conduites à l'intention des mamans, afin de les réconcilier avec le collège.

Roubaix est à 90 % en ZUS, mais il n'y a pas un habitat uni d'HLM dans tous les quartiers ; la majorité est composée de petites maisons ouvrières . Les acteurs associatifs sentent qu'ils sont au coeur d'un problème qui les dépasse (cf étude récente de l'Agence d'urbanisme).

La ville est sectorisée en 4 grands quartiers (Nord, Sud, Est, Ouest + le Centre) avec un certain enclavement et une progression des trafics : certains jeunes de 12-15 ans manipulent des 7-8 ans, y compris dans le cadre de l'aide aux devoirs. Néanmoins, ces phénomènes ne concernent pas la grande majorité des jeunes et il ne faut pas tomber dans le piège du marquage.

Les jeunes qui sont « dans la visibilité » ne représentent pas la majorité des jeunes des quartiers. Qui plus est, il faut éviter l'amalgame entre oisiveté et délinquance. De nombreux jeunes sont dans la rue sans pourtant être des délinquants. Il y a un manque d'activités disponibles pour ces jeunes .

Un travail est effectué avec l'Education Nationale sur la liaison CM2-6 e qui pose de nombreux problèmes et est un facteur clef de réussite. La commission Collège/quartier permet aux acteurs d'apprendre à se connaître et de ritualiser les temps de coordination.

Deux questions demeurent :

- Comment organiser la participation du public à ces réflexions ?

- Comment maintenir les moyens, actuellement en diminution de l'éducation « non formelle » ? Maintenir une continuité éducative (famille, quartier, collège) est essentiel.

On ne peut occulter la génération 15-25 ans qui est diplômée et qui ne trouve pas de travail . Il y a un problème d'identification et d'exemples, de modèles pour les plus jeunes.

Le débat continue sur la place des femmes dans ces quartiers . De plus en plus de femmes se voilent, plutôt par réflexe de protection qu'en conséquence d'un véritable repli identitaire. Chez les jeunes filles, un certain nombre se marient ou ont un enfant très tôt afin d'obtenir un statut au sein de la société .

Le collège doit contribuer à donner à l'élève une image positive de lui-même et de son quartier. Il faut valoriser les réussites des élèves : la réussite au brevet, les performances sportives etc. Au collège Van der Meersch, 80 à 90 % des élèves ne posent pas de problème grave. 60 % obtiennent le Brevet. 50 % vont en Seconde générale. Seuls 2 élèves sur 126 n'ont pas trouvé d'affectation à l'issue de la 3 ème .

On constate toutefois 25 % d'absentéisme. Il s'agit d'absences perlées et il n'y a qu'une dizaine de vrais décrocheurs. L'absence est souvent cautionnée par la famille, qui reste la priorité de ces jeunes (garder les autres enfants de la famille quand les parents sont absents est par exemple un motif courant d'absence).

Il faut faire venir les acteurs du collège dans le quartier. Des collégiens, passés le jour de la visite de Mme Fabienne Keller au centre social, étaient surpris d'y voir leur principal et des membres de l'équipe éducative du collège. Les échanges collège-quartier devraient être davantage banalisés. D'autant qu'il peut être plus facile aux parents de passer par le centre social que par le collège pour s'impliquer, lorsqu'ils ont eux-mêmes, par le passé, connu l'échec scolaire. Cela contribue à établir une relation de confiance. Il ne faut pas que les parents soient confrontés au collège seulement quand il y a un souci avec leur enfant. A ce sujet, le travail auprès des parents a précédé l'instauration de la « mallette ».

Tour de table final : Leviers qui semblent importants aux participants

- Valorisation des jeunes et du quartier, ainsi que du travail parental

- Insertion professionnelle de ceux qui ont réussi afin de créer des contre-exemples par rapport à « la rue »

- Créer de la visibilité pour ceux qui réussissent et faire confiance à la jeunesse

- Valorisation des parents

- Présence continue et quotidienne pour accompagner le jeune

- Travail sur les parcours et l'orientation

- Ouverture du collège sur le monde du travail et associatif

- Travail sur les jeunes qui n'ont aucune formation

- Problèmes des « réseaux » de la rue et de leur financement

- Continuité éducative entre les acteurs sur le territoire et les institutions

- Réussir à maintenir l'implication des acteurs sociaux/éducatifs et développer l'évaluation des initiatives qui sont prises

- Permettre aux élèves et à leurs familles de construire leurs propres réponses, de devenir acteurs

- Ne pas culpabiliser les familles en raison de notre propre impuissance

- Travailler sur la fonction du père et l'impliquer dans ces initiatives.

Devant le centre social des Trois-Ponts en compagnie de collégiens et d'animateurs du centre.

Paroles d'acteurs

« Une jeunesse en errance sur son devenir »

« La jeunesse ne rêve pas beaucoup »

« Rien ne se ferait sans les habitants du quartier »

« Le fait d'être acteurs d'un projet et de réussir leur permet de réinvestir leur confiance en eux dans des projets individuels »

« L'important c'est l'ouverture d'esprit »

« Les réussites, c'est toujours un ensemble de facteurs »

« Ils ne savent même plus pourquoi ils vont à l'école »

« Il existe et il faut faire durer cette dynamique au sein du quartier, impliquer encore plus les parents »

« Il y a un vrai engagement citoyen de la part des habitants du quartier »

« L'école devient pour eux secondaire par rapport à d'autres problèmes »

« Faire confiance aux jeunes pour qu'ils aient confiance en eux »

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