C. PREMIÈRE TABLE RONDE : ÊTRE ADOLESCENT DEMAIN DANS LES QUARTIERS SENSIBLES

Intervenants :

- Vincent CESPEDES, Philosophe, écrivain, Directeur de collection chez Larousse

- Vincenzo CICHELLI, Maître de conférences en sociologie, Université Paris V

- Philippe DALLIER, Sénateur de Seine-Saint-Denis (UMP)

- Thierry BODIN, Maire de Béthoncourt

- Gilles KEPEL, Professeur à Sciences-Po

- Michèle TRIBALAT, Directeur de recherche, INED

La première table ronde décrira les facteurs explicatifs des tendances actuellement observables pour envisager des scénarios d'évolution possibles . Les principales questions susceptibles d'être examinées concernent l'identité des adolescents et leurs conditions de vie :

Quelles sont les évolutions possibles de la famille et de la parentalité ?

Au-delà du mimétisme entre « pairs », le phénomène des bandes est-il destiné à perdurer ?

Comment évoluera l'accès à la culture, entre universalisme et communautarisme ?

Quelle sera demain l'identité des quartiers et leur perception ?

La place croissante de la religion constitue-t-elle un danger ?

Comment évolueront les rapports hommes/femmes, garçons/filles ?

La démographie des quartiers constitue-t-elle un facteur d'aggravation des problèmes ?

La rénovation de l'habitat est-elle une réponse suffisante et durable ?

Vincenzo CICHELLI :

Je souhaiterais tout d'abord réagir au documentaire remarquable qui vient de nous être présenté, en m'inscrivant en porte-à-faux avec le discours sociologique dominant. Les études constatent depuis des années une forme de repli dans les quartiers. Sous l'effet d'une force désocialisatrice, ces territoires se sépareraient progressivement de la République. On utilise aujourd'hui le mot terrible de « ghetto », qui renvoie à une forme de vie commune étrangère à la tradition républicaine, davantage associée à des réalités connues outre-Atlantique. L'autre postulat, soutenant les scenarii proposés en introduction, serait celui d'une force homogénéisante des quartiers. Les jeunes seraient tous soumis aux mêmes lois et connaitraient tous un destin similaire. Cette conception est devenue la vulgate sociologique, si bien que dans le cadre des enquêtes réalisées auprès des jeunes des quartiers, on constate une appropriation des concepts sociologiques par les jeunes eux-mêmes. L'enquête réalisée pour le Centre d'analyse stratégique, quelques mois après les émeutes d'octobre-novembre 2005, illustre ce phénomène. Certains jeunes, n'ayant pas nécessairement lu d'ouvrages sociologiques et étant encore trop jeunes pour fréquenter l'Université, expliquent les émeutes en sociologues, en invoquant des facteurs tels que le chômage, l'absence d'espoir, l'échec scolaire, etc. Ces postulats conduisent aujourd'hui à trop spécifier les populations vivant dans les quartiers (sans parler de stigmatisation à ce stade), pour ne voir que ce qu'elles ont de particulier, voire d'anormal. On oublie ainsi ce que ces jeunes partagent avec la population française dans son ensemble. On en fait un groupe « à part ». Or ces jeunes ont davantage de points communs que de différences avec la jeunesse française et européenne.

L'accent mis sur la culture propre des jeunes des quartiers contribue à en faire une population à part. On observe à cet endroit un usage abusif du mot « culture », avec une confusion entre des codes culturels (c'est-à-dire des façons de se comporter) et des produits culturels.

La ville de New-York se flatte d'abriter plusieurs dizaines de nationalités, de compter parmi ces résidents des natifs de nombreux pays étrangers et de parler une multitude de langues. Ce cosmopolitisme est mis en avant par tous les guides touristiques. La ville d'Aulnay-sous-Bois abrite elle-aussi des populations très différentes, parlant une multitude de langues et, pour certaines, nées à l'étranger. Cependant, aucun maire de Seine-Saint-Denis n'aurait l'idée d'utiliser le terme « cosmopolite » pour inciter des touristes à venir visiter sa ville.

Il conviendrait aujourd'hui d'aller au-delà de la « double-culture ». Si les jeunes des quartiers sont biculturels en ce qui concerne la langue et les codes culturels ; ils sont cosmopolites dans leur rapport aux produits culturels. En cela, ils ne sont guère différents du reste de la population européenne.

C'est précisément sur ce point qu'il conviendrait de s'appuyer pour désenclaver, encourager des formes de mobilité et lutter contre les frustrations. Le cosmopolitisme a toujours été l'apanage des classes bourgeoises. Néanmoins, les jeunes des quartiers populaires, du fait de la mondialisation des produits culturels, sont intégrées dans une culture cosmopolite. Cette culture créé un rapport spontané à « l'autre », immédiat et permanent. Les jeunes sont confrontés à l'altérité lorsqu'ils mangent, lorsqu'ils regardent la télévision, lorsqu'ils lisent les journaux, lorsqu'ils se déplacent, etc.

Un intervenant du documentaire a établi une distinction entre les politiques « hard » et « soft ». Il s'agirait aujourd'hui de faire converger ces deux approches. Des initiatives sont ainsi développées au niveau local pour favoriser la mobilité des jeunes. L'accent mériterait d'être mis davantage sur cette dimension, en réponse à une aspiration forte des jeunes et à une des caractéristiques de la jeunesse, aujourd'hui aux prises avec les différences culturelles. Depuis une quinzaine d'années, tous les rapports de la Commission Européenne valorisent la mobilité et misent sur le cosmopolitisme de la jeunesse, dans une perspective « d'empowerment ». La conscience d'une appartenance à une communauté élargie serait ainsi source de possibilités.

Fabienne KELLER :

Malgré tout, les jeunes ont souvent peur de sortir de leur quartier.

Vincenzo CICHELLI :

L'un des rêves de ces jeunes demeure la fuite du quartier. Il est extraordinaire d'imaginer que l'on puisse vivre de façon si inconfortable dans le lieu ou l'on habite et qui nous socialise. La mobilité que j'évoquais ne signifierait pas nécessairement un départ du quartier. Il s'agirait plutôt d'imaginer des formes de désenclavement - c'est-à-dire d'inscription dans des horizons plus larges que le quartier. Aujourd'hui, les jeunes vivent de manière quasiment schizophrène leurs conditions de vie matérielles, avec des horizons territoriaux restreints et une exposition à des cultures musicales, vestimentaires ou alimentaires ne relevant pas nécessairement d'une dimension territoriale.

Du reste, nombre de jeunes semblent plutôt à l'aise dans cette situation. Les plus grands foyers de production culturelle s'adressant à la jeunesse s'avèrent être le monde anglo-saxon (à travers le rock, les séries TV, etc.) et le Japon (à travers les mangas, les sushis, etc.). On oublie cependant que le plus important foyer de production culturelle juvénile en Europe se trouve être la France et ses quartiers. Cette production correspond à un vécu au quotidien mais n'est absolument pas valorisée. Or le rap est une façon pour les jeunes des quartiers de s'inscrire dans une culture internationale, de façon originale.

Fabienne KELLER :

Je passe la parole à Vincent Cespedes, afin qu'il aborde notamment le thème des nouvelles technologies.

Vincent CESPEDES :

Je m'inscrirai dans le prolongement de la réflexion engagée par Vincenzo Cichelli. Lors d'un séjour au Brésil, j'ai eu l'occasion de visiter un collège dans la favela d'Alemão, en compagnie de professeurs de sociologie de l'université de Rio, dans un contexte de guerre contre les narcotrafiquants. Les murs du collège en question avaient été augmentés pour éviter que les balles traversent les classes. C'est vous dire si l'atmosphère était difficile.

Fabienne KELLER :

Le scénario était donc celui du pire.

Vincent CESPEDES :

Pour ma part, j'aurai tendance à considérer le scénario de la « boboïsation » comme celui du pire. Pourquoi les bobos devraient-ils envahir les quartiers et non l'inverse ? Pourquoi les quartiers ne pourraient-ils pas apporter leurs savoir-faire, leur générosité, leur énergie et leur enthousiasme aux bobos ? Pourquoi les bobos devraient-ils constituer la norme ?

Du reste, l'idée de normalisation m'effraye toujours un peu. Il est intéressant de constater que la normalisation est présentée aujourd'hui comme une avancée. Notre système scolaire cherche encore à normaliser. C'est bien l'erreur de la République et c'est précisément pour cela que la République n'est pas au goût du jour et qu'elle est violente. Au sein de l'école, la République cherche à trier, en valorisant une sélection censée justifier le fonctionnement de la société. Le collège est aujourd'hui particulièrement violent. Certains m'accuseront peut-être de démagogie mais j'estime qu'il conviendrait de sortir de ce système. En réalité, il n'appartient pas aux élèves de se réapproprier l'école mais bien à la République de se réapproprier ses élèves.

Au Brésil, j'ai pu observer des élèves heureux dans l'enceinte de leur école. Celle-ci constituait un havre de paix, ainsi qu'un véritable lieu de sociabilité. Les élèves valorisaient leur école, y passaient leurs anniversaires, lui laissaient des cadeaux au moment de la quitter, etc. La principale de cette école m'a assuré que ce qui faisait la différence, au-delà du contenu des cours, était l'enthousiasme et la passion des enseignants.

Afin que l'école fonctionne, en particulier dans les zones difficiles, il nous faudrait renouer avec l'idée de « plaisir ». L'accent nécessiterait d'être mis, y compris dans le recrutement des professeurs, sur la passion et l'enthousiasme. Sans tomber dans le registre affectif ou émotionnel, il s'agirait pour le collège de transmettre la gourmandise intellectuelle et l'optimisme scolaire, à travers une relation humaine.

Le collège dans les quartiers sensibles conserve comme principal ennemi la propagande commerciale à l'échelle mondiale. Celle-ci ne vise pas simplement à former des consommateurs - notion bien différente de celle de citoyenneté - mais vend aux jeunes un mode de vie, un ancrage dans le monde et des projets, généralement associés au fait de gagner le plus d'argent possible. Cet endoctrinement ne nécessite aucun effort de la part des jeunes. Il leur donne du rêve, en leur parlant le langage de l'émotion. A travers les nouveaux médias et les réseaux sociaux, les jeunes se trouvent sous perfusion de manière quasi-continue. L'endoctrinement touche ainsi aux valeurs, aux modes de vie, au langage, à la philosophie de vie, etc. L'intellect et la capacité à se projeter dans l'avenir s'en trouvent affectés.

Dans ce contexte, l'école ne saurait continuer à « s'auto-ghettoïser ». L'enjeu serait de rompre avec la contradiction actuelle entre le discours de la propagande et celui de l'École - la première valorisant le « fun », la jeunesse et le plaisir individuel ; la seconde mettant en avant le sérieux, l'effort, le réalisme, la crainte de l'avenir, etc.

L'école est aujourd'hui violente et reste inadaptée à certains publics. Pour beaucoup de jeunes, l'école fonctionne sur le mode du surmenage et du harcèlement. De manière inconsciente, les professeurs eux-mêmes sont pris par un impératif schizophrénique : d'un côté, ils sont soumis à des exigences de gestionnaires vis-à-vis des résultats et de la sélection ; de l'autre, ils doivent construire un rapport éducatif amical et bienveillant avec les élèves.

En conclusion, j'insisterai sur la nécessité pour l'école de se mettre à l'heure d'Internet. Internet redistribue les exigences liées à l'apprentissage. L'érudition se trouvant aujourd'hui sur Internet, il devient nécessaire d'apprendre à créer sa connaissance. Or Internet, à l'inverse de l'école, n'apprend pas le savoir-faire. L'accent nécessiterait d'être mis sur la transmission des savoir-faire, dans le cadre d'une relation humaine.

Même le fait de construire des phrases relève d'un savoir-faire. Michel Foucault assimilait ainsi la construction d'un raisonnement à de la plomberie. Il s'agirait donc pour l'école de rompre avec la distorsion entre travaux manuels et travaux intellectuels pour se concentrer sur l'apprentissage des savoir-faire.

Monsieur CORNI :

J'ai vibré en entendant plaider pour un enthousiasme de la part des enseignants. Au cours de ma carrière, j'ai dirigé une douzaine d'établissements scolaires dans toute la France. J'ai pu constater que 25 % des enseignants possèdent l'enthousiasme que le philosophe réclame, 50 % sont prêts à adhérer à un tel projet (à condition que cela ne perturbe pas outre-mesure leur pratique quotidienne), 25 % n'enseignent, hélas, que par hasard.

Pour l'élève d'un professeur « hasardeux », il devient difficile de vivre les années collège comme des années de bonheur. Il conviendrait aujourd'hui de mettre le bonheur à l'emploi du temps du collège. L'enjeu serait de faire en sorte que chaque élève connaisse un moment de réussite hebdomadaire. Si tout le monde ne saurait réussir dans toutes les matières, chaque enfant devrait recevoir les moyens et le temps d'être heureux au collège, que ce soit à travers des activités sportives, culturelles, artistiques ou civiques. Je demeure intimement persuadé qu'un enfant heureux sera un jour un enfant performant.

Philippe DALLIER :

L'affirmation selon laquelle la République est violente me perturbe. La République est mon modèle - celui-là même qui soutient mon engagement politique et citoyen. Ce modèle, pour lequel nous nous sommes battus et qui reste, à mon sens, le seul qui soit véritablement viable, « agresserait » les jeunes et ne leur permettrait pas de se réaliser ? Le discours de victimisation relayé par les jeunes porte une part de vérité, mais nécessiterait tout de même d'être nuancé.

Issu d'un milieu modeste, j'ai été adolescent à Bondy, dans un quartier difficile. A l'époque, les perspectives commençaient déjà à s'assombrir (crise économique de 1974, chômage, etc.) et les difficultés étaient les mêmes en matière de transport, d'accès au Lycée et à l'Université, etc. la mixité sociale était plus importante mais les difficultés étaient réelles. Pourtant, il existe un monde entre ce que j'ai vécu il y a trente ans et ce que les jeunes vivent aujourd'hui. Pourquoi une telle évolution ? Pourquoi le fossé s'est-il creusé au point que nous ne sachions plus comment intégrer ces jeunes dans la République ?

Comme le disait Thierry Repentin dans le film d'introduction au débat, la politique de la ville s'est beaucoup concentrée sur le bâti (le « hard »), notamment à travers l'ANRU. Des moyens relativement importants ont ainsi été concentrés dans les quartiers nécessitant les plus gros investissements. En parallèle, la même révolution n'a cependant pas été opérée dans le domaine de l'éducation, en lien avec l'ensemble des acteurs publics. C'est cette révolution qu'il nous faut engager, avec pour objectif d'intégrer les jeunes dans la République. Le risque absolu serait que les quartiers finissent par vivre en marge de la République, avec leurs codes et leurs modes de fonctionnement.

Si la culture des quartiers nécessiterait d'être valorisée, il conviendrait également de veiller à ce qu'elle n'enferme pas les jeunes dans des codes (de langage, vestimentaires, etc.) en rupture avec la réalité de la société, notamment sur le marché du travail. Un chef d'entreprise ne saurait confier à un jeune parlant comme dans son quartier un poste nécessitant d'être face à des clients. Il en va de même pour la tenue vestimentaire. Je ne saurais partager un discours assimilant à une violence le fait d'essayer de faire comprendre aux jeunes la nécessité de s'adapter à la société. La République a des valeurs et toute société a besoin de règles. Un compromis harmonieux nécessiterait d'être donc recherché.

Fabienne KELLER :

Quelques éléments démographiques pourraient sans doute permettre d'éclairer le débat sur le « fossé » qui semble s'être creusé.

Michèle TRIBALAT :

L'immigration étrangère en France est un phénomène ancien, qui s'est toujours traduit par des concentrations urbaines. Celles-ci se sont néanmoins déplacées. A la fin des années 60, on observait de fortes concentrations dans le Nord-est et dans le Sud. La plus importante concentration était ainsi localisée à Fameck en Moselle, avec 52 % des jeunes âgés de moins de 18 ans d'origine étrangère (en majorité d'Europe du Sud). De nouvelles concentrations sont ensuite apparues dans des territoires plus urbanisés, de manière privilégiée en Ile-de-France. De surcroît, les concentrations sont fortement accrues. Entre 1968 et 2005, la part des jeunes d'origine étrangère est ainsi passée, en France, de 11 à 18 %, en Ile-de-France, de 16 à 37 %, en Seine-Saint-Denis, de 19 à 57 % et à Clichy-sous-Bois, de 22 à 76 %.

Cette évolution s'est accompagnée d'un bouleversement impressionnant des origines. Entre 1968 et 2005, la part des ascendances européennes parmi les jeunes de moins de 18 ans est passée de 75 à 25 %. Les ascendances africaines et d'ailleurs sont devenues majoritaires, de manière encore plus prononcée dans certaines agglomérations franciliennes. A Mantes-la-Jolie, moins de 5 % des jeunes sont aujourd'hui d'origine européenne ; un jeune sur deux est d'origine magrébine. Les concentrations se sont ainsi modifiées et étendues, pour certaines, à l'échelle de villes entières.

Dans ce contexte, la solution envisagée serait de réintroduire une forme de mixité sociale. Cependant, les implantations des immigrés demeurent peu contrôlables, à plus forte raison s'agissant des flux familiaux rejoignant des lieux de résidence déjà établis. De plus, la mobilité des natifs s'avère plus importante que celle des immigrés dans les villes que nous évoquons - les appartements libérés étant ensuite réoccupés par des familles d'immigrés. A mesure que les concentrations augmentent, les natifs évitent de se réimplanter, en lien avec la perception de phénomènes liés aux concentrations (insécurité et moindre performance à l'école). Eric Morin a démontré que la recherche d'un bon établissement scolaire influence la relocalisation des familles qui en ont les moyens.

La mixité sociale disparue relèverait de surcroît d'un mythe, du moins en Seine-Saint-Denis. La proportion d'enfants de cadre (catégorie du père) y a légèrement augmenté entre 1968 et 1999, passant de 6 à 9 %. La part des enfants de cadre dans le voisinage des enfants d'ouvrier y a cependant stagné, voire reculé en valeur relative. La part des enfants de cadre dans le voisinage des enfants de cadre s'est quant à elle accrue.

La mixité sociale n'existait donc pas plus en Seine-Saint-Denis à la fin des années 60 qu'aujourd'hui. En revanche, la composition ethnique de la population y a été profondément modifiée. En outre, le chômage s'y est développé. Le public des collèges reflète aujourd'hui ces évolutions.

Pour casser cette dynamique, l'hypothèse de réintroduction d'une mixité sociale semble peu crédible. Une autre possibilité théorique serait celle d'un freinage de l'immigration ou d'une réorientation de la politique migratoire vers une immigration plus sélective (pour éviter la concentration des problématiques sociales). Une telle évolution apparaît toutefois peu vraisemblable compte tenu de l'européanisation de la politique migratoire et de l'intégration dans celle-ci de critères humanitaires garantis par des cours de justice diverses. Une troisième voie pourrait être celle de l'éducation, à travers une décentralisation des moyens et des initiatives.

Thierry BODIN :

Bethoncourt est aujourd'hui une petite ville de 6 300 habitants du pays de Montbéliard. Au début des années 50, la commune de Bethoncourt comptait moins de 2 000 habitants. A la fin des années 60, elle en comptait près de 12 000, du fait des recrutements opérés par le groupe Peugeot. Six ZUP sont ainsi nées dans le pays de Montbéliard.

Je suis moi-même issu de l'un de ces quartiers, au sein desquels la mixité sociale était une réalité. A l'époque 95 % des résidents avaient un travail. Les immeubles abritaient des enfants d'ouvriers (petits enfants de paysans pour la plupart) mais aussi de fonctionnaires, de commerçants, etc. Ces quartiers, dont la construction avait été rapide, étaient agréables. Les logements intégraient des salles de bains avec une baignoire. L'environnement proposé s'articulait autour d'espaces verts, de centres commerciaux, etc. Une dizaine de nationalités étaient représentées dans les écoles.

Petit à petit, ceux qui avaient le plus de possibilités sont cependant partis s'installer ailleurs. D'autres occupants sont alors venus s'installer qui avaient des moyens moins importants. Le pays de Montbéliard a dû faire face aux crises successives du pétrole et de l'automobile. Au début des années 80, d'importants licenciements ont été opérés par Peugeot. Les effectifs du groupe dans le pays de Montbéliard ont ainsi été ramenés de 42 000 à 14 000 salariés. Certaines populations d'origine étrangère ont amorcé un retour au pays ; plusieurs immeubles ont été abattus. En parallèle, aucun entretien des logements n'a été assuré. Pendant 30 ans, les appartements et les quartiers ont été laissés pour ainsi dire à l'abandon. D'une manière générale, le cadre de vie s'est dégradé. Sont alors restés ou sont venus s'installer ceux qui ne pouvaient pas se loger dans les autres quartiers.

J'enseigne également en SEGPA dans le collège de Bethoncourt. Au sein des classes, 90 % des élèves sont d'origine sociale défavorisée et d'origine étrangère. La mixité sociale n'existe donc plus. Les enfants de la seconde génération sont aujourd'hui confrontés à une véritable ségrégation sur le marché de l'emploi, alors même que leurs parents sont venus travailler en France et ont occupé leur place chez Peugeot. Le taux de chômage des moins de 26 ans au sein de la commune atteint 50 %. Dans le quartier de Champvallon, qui compte environ 4 000 habitants, le taux de chômage global, tous âges confondus, demeure compris entre 25 et 30 %. Les élèves constatent aujourd'hui que leurs ainés, diplômés ou non, n'ont pas de travail. Ceux qui parviennent à trouver du travail partent s'installer ailleurs. Le quartier continue ainsi à se paupériser, sans apport de l'extérieur.

Sur le marché de l'emploi, les jeunes issus du quartier de Champvallon, portant de surcroît un nom à consonance étrangère, rencontrent de réelles difficultés. Certains ont pu être embauchés par le biais de contrats aidés. Cependant, le dispositif a cessé d'être financé. Lorsque ces jeunes avaient un travail, ils pouvaient mener une vie normale. Avec la suspension des contrats, ils sont retournés vers le chômage, avec une certaine aigreur liée au sentiment d'avoir été exclus. Les dispositifs mis en place (réseaux ambition réussite, CUCS, PRE, etc.) se succèdent les uns aux autres. Or il conviendrait de les maintenir dans la durée. L'impression est celle d'un éternel recommencement.

L'ANRU a permis d'amorcer un travail sur le cadre de vie. Une amélioration était nécessaire dans ce domaine. Certains logements n'avaient pas été rénovés depuis leur construction, il y a 45 ans. Une réflexion a également été engagée sur la rénovation des espaces publics. Cependant, un travail nécessiterait d'être mené en parallèle sur le marché de l'emploi. Dans ce domaine, les maires se trouvent démunis. L'enjeu serait de redonner aux élèves l'envie d'aller à l'école. Aujourd'hui, ils constatent que les parcours scolaires, réussis ou non, conduisent à la même issue.

Des initiatives sont développées au niveau local. Des jeunes ont ainsi constitué une association pour ouvrir un club de boxe. Il ne leur manquait que quelques centaines d'euros. La Mairie leur a donc proposé une aide. De tels projets ont un apport positif mais ne sauraient redonner aux jeunes l'envie d'aller à l'école et de s'installer dans le quartier après avoir trouvé un travail.

Une zone franche urbaine a été mise en place dans le pays de Montbéliard, en périphérie d'une des six ZUP, là où sont implantés de grands centres commerciaux et où les professions libérales se sont installées. Cette réponse ne saurait être adaptée. L'enjeu serait de remettre l'emploi au coeur des quartiers, au-delà des emplois créés dans le cadre de l'ANRU.

Fabienne KELLER :

Quelles perspectives pour ces jeunes et pour les quartiers, dans 10 ou 20 ans ?

Thierry BODIN :

La crainte serait que les quartiers continuent à se paupériser. Les plus pauvres y resteront faute de pouvoir s'installer ailleurs. Tous les projets de rénovation et de soutien aux collèges n'y changeront rien. Le collège de Bethoncourt est aujourd'hui un « bastion » à l'intérieur duquel les élèves peuvent vivre en toute quiétude. Néanmoins, la question de l'emploi dans et autour du quartier se pose toujours avec autant d'acuité. La République devra s'interroger sur ce qu'elle a envie de faire de ces quartiers, sans considérer qu'il appartient uniquement aux jeunes de réagir et de se mettre au travail. La République devra consentir les efforts qu'elle n'a pas nécessairement engagés durant les trente ou quarante dernières années.

Fabienne KELLER :

Je propose qu'à présent, Gilles Kepel, aborde la question complexe du rapport à la religion et en particulier du rapport à l'Islam.

Gilles KEPEL :

Une équipe dont Leyla Arslan et moi-même faisons partie réalise, depuis maintenant six mois, une enquête au niveau de l'agglomération de Clichy-Montfermeil, qui concentre un grand nombre des problèmes propres aux cités sensibles. Clichy-sous-Bois détient ainsi, avec Montreuil, le record de France du pourcentage de jeunes d'origine étrangère. Cette ville est aujourd'hui connue dans le monde entier et a fait que le mot « banlieue » ne se traduit plus dans aucune langue, après que les émeutes d'octobre-novembre 2005 s'y sont déclenchées. L'agglomération accueille également le plus important programme de rénovation urbaine de France, aussi bien en valeur absolue (600 millions d'euros) que par rapport à la population concernée (60 000 habitants).

Afin de faire le point sur la situation et d'interroger la pertinence des politiques menées, une enquête semi-directive a été réalisée auprès d'une centaine d'habitants représentatifs des différentes composantes de l'agglomération. L'enquête a permis de couvrir des thèmes tels que l'habitat, l'emploi, l'éducation, la sécurité, la participation politique et le rapport à la religion.

Sur le thème du rapport à l'école, des questions ont été posées concernant le vécu des habitants. Ceux-ci ont semblé reconstruire un passé pour dire qu'autrefois il existait une mixité sociale, produisant ainsi une vision sans doute plus idyllique que la réalité.

Fabienne KELLER :

La mixité en question serait-elle liée à l'origine, à la catégorie socioprofessionnelle ou à la situation sur le marché du travail ?

Gilles KEPEL :

Le clivage serait intervenu à partir des années 70-80, avec la disparition de la perspective du travail. En Seine-Saint-Denis, ce phénomène serait directement lié à la désindustrialisation massive. Le flux de l'immigration aurait de surcroît évolué d'une immigration de travail vers une immigration de regroupement familial, se traduisant par une insertion plus tardive sur le marché du travail.

S'agissant du rapport à l'école, les habitants interrogés ont, pour beaucoup, mis l'accent sur le traumatisme qu'a représenté pour eux l'orientation en fin de 3 ème. Nombre d'entre eux se souviennent d'avoir été orientés automatiquement, en raison de leurs origines, en BEP ou vers les filières techniques, avec un sentiment de frustration et de rage. Ce faisant, peu d'entre eux portent un regard véritablement critique sur leurs performances effectives.

Le plaisir ne serait pas nécessairement absent du collège - présenté comme un endroit où on « déconne » avec les copains du quartier. En revanche, la 3 ème et le lycée constitueraient un premier choc avec le principe de réalité - c'est-à-dire avec les demandes que porte une société avec laquelle on a le sentiment de ne pas être totalement en phase. Le collège serait donc encore porteur d'une culture du quartier qui ne parviendrait pas à intégrer les contraintes de l'entrée sur le marché du travail.

Il conviendrait par ailleurs de considérer le différentiel de capital culturel se manifestant dès la petite enfance, au sein de l'école maternelle. Les familles d'origine sahélienne, avec des fratries extrêmement nombreuses et des mères exerçant un emploi, seraient particulièrement concernées. Les décalages se perpétuant ensuite jusqu'au collège et pouvant s'avérer extrêmement difficiles à réparer, une prise en charge des familles les plus fragiles pourrait être envisagée au niveau de la maternelle.

Pour ce qui est de la politique de rénovation urbaine, force est de constater que, depuis 2003, les opérations ont été focalisées sur le bâti. L'enjeu serait aujourd'hui de passer à une seconde phase, à travers un PNRU 2. La plupart des critiques formulées à l'encontre de l'ANRU ont porté sur l'absence d'investissement dans le domaine social - le budget de l'ACSE étant souvent jugé ridicule par rapport à celui de l'ANRU. En outre, les rénovations apparaissent devoir être répétées dans le temps pour faire face à de nouvelles dégradations, sans changement sur le fond. L'emploi ne saurait être créé par décision gouvernementale. En revanche, un des enjeux pour la politique de rénovation urbaine, dans sa seconde phase, pourrait être celui de l'éducation. Au-delà du bâti et de l'emploi, l'éducation pourrait constituer une clé de voûte, avec une réelle capacité à mobiliser la puissance publique.

Concernant le rapport à la religion, j'ai publié en 1987 un ouvrage intitulé « les banlieues de l'Islam ». Celui-ci s'appuyait sur une enquête réalisée pendant le mois du ramadan, en 1985. L'enquête évoquée plus haut - réalisée notamment auprès d'habitants se déclarant musulmans (2/3 de la population interrogée), pendant le mois du ramadan en 2010 - nous autorise des points de comparaison. Des transformations ont ainsi été observées. Il y a 25 ans, les positions étaient extrêmement diverses par rapport à la question de l'alimentation. A la question « accepteriez-vous que vous ou vos enfants soyez invités à manger chez un non-musulman ? », quatre types de réponses étaient proposés : un refus catégorique, une acceptation à condition que la nourriture soit Hallal (ce qui à l'époque était une forme de refus poli, le Hallal étant très peu répandu), une acceptation à condition d'exclure l'alcool et le porc, une mise en cause du caractère raciste et incongru de la question. Aujourd'hui, on observe une prévalence absolue du Hallal parmi les individus se déclarant musulmans. Dans le même temps, la plupart expliquent, notamment chez les jeunes d'origine maghrébine, ne rencontrer aucune difficulté pour manger chez des non-musulmans. On évoque la possibilité de ne pas manger de viande ou de cuisiner du poisson. Un croisement s'opère entre la volonté d'affirmer une identité et le souci de manifester que l'affirmation de cette identité n'est pas problématique du point de vue de l'insertion dans le tissu social.

A ce stade, le constat serait celui d'une reconstruction des formes d'affirmation identitaire, dans le cadre d'une négociation avec la société dans son ensemble. Le contexte ne serait donc pas celui d'une culture fermée, caractéristique du « ghetto ». Certains acteurs sociaux s'avèrent désireux de construire une culture fermée à dimension communautariste, parmi lesquels figurent des salafistes, des évangélistes, etc. Cependant, il conviendrait de faire en sorte que l'arbre du salafisme (dont la progression soulève de nombreuses questions) ne cache pas la forêt (dans toute la diversité de ses essences) de ce qu'est l'Islam dans la France d'aujourd'hui.

Fabienne KELLER :

Je propose d'ouvrir le débat avec la salle.

Joël BOURDIN :

Le contexte propre au collège a été évoqué. En revanche, le thème de la pédagogie au collège n'a pas été abordé. J'exerce encore aujourd'hui une activité de soutien scolaire. Dans ce cadre, je constate que les exigences des programmes sont parfois très éloignées de leur public. Plus de 80 % des élèves obtiennent le diplôme national du Brevet, avec des programmes très exigeants en matière de grammaire, de français, de poésie, de théâtre, etc. Il existe un réel décalage, ne serait-ce qu'en termes de vocabulaire. Les jeunes sont aujourd'hui à l'heure des SMS et d'Internet. Notre pédagogie, elle, n'a pas évolué.

Béatrice BARENNES, professeur de lettres classiques, secrétaire nationale à la pédagogie du SNALC :

J'ai enseigné durant 5 ans dans un collège classé en ZEP du 19 ème arrondissement de Paris et je peux témoigner du fait que la demande d'effort et les exigences peuvent être source de plaisir dans les quartiers difficiles. Associer les difficultés des collèges « réseau ambition réussite » à un manque d'enthousiasme de la part des professeurs ou à un défaut de plaisir dans le fait d'aller à l'école me semble constituer un contresens tragique, doublé d'un constat injuste.

Il conviendrait de rompre avec le discours faussement compassionnel et charitable que l'on tient sur les collèges dits « difficiles » et dont les élèves sont victimes. Ces collèges ne devraient plus être considérés comme des terrains privilégiés d'expérimentation pédagogique, pendant que les autres collèges continuent à transmettre des connaissances solides. Les collèges ont besoin que l'on rétablisse de véritables exigences, le cas échéant à travers des horaires supplémentaires, afin que les jeunes puissent acquérir des savoirs solides et arrivent mieux armés sur le marché du travail (dont la première valeur n'est pas le plaisir). Je précise que j'aime donner des cours enthousiasmants mais que je ne saurais devenir « l'amie » des élèves.

Si rien n'est fait, la situation des jeunes s'empirera dans les quartiers difficiles et ceux que vous appelez les bobos (avec un certain mépris) en seront chassés, avec un impact négatif sur la mixité sociale que chacun souhaite. Ma nièce est issue d'une famille républicaine convaincue, installée aux Pavillons-sous-Bois. Pourtant, ses parents envisagent aujourd'hui de l'inscrire en 6 ème dans un collège privé.

Fabienne KELLER :

Au sein de la douzaine de collèges que nous avons visitée, nous avons rencontré de formidables équipes, véritablement engagées. Nous avons pu constater que nombre d'actions étaient conduites, avec toutefois des difficultés de conservation des moyens dans la durée - l'échelle de temps des programmes n'étant pas toujours celle de l'éducation. En tout état de cause, nous avons été témoins de l'énergie et de la volonté de bien faire des enseignants en général, et des jeunes enseignants en particulier.

Dominique BUCHERT, principal de collège à Nanterre :

C'est par choix que j'exerce depuis 14 ans dans des quartiers en zones difficiles. Le collège que je dirige a été épargné par la crise survenue dans le quartier avant les vacances de la Toussaint, grâce à un important travail de collaboration et de maillage au sein même du quartier, entrepris avant ma nomination.

Je me suis aujourd'hui réjoui des propos de Messieurs Cespedes et Dallier. J'essaye, avec les équipes que j'encadre, de m'inscrire entre les deux visions exprimées. J'ai été amené à conduire une expérience à Strasbourg, reposant sur une ouverture du collège de 7 heures à 19 heures. Il n'était pas question d'un emploi du temps de l'élève mais d'un emploi du temps de l'enfant. La formation imposée n'en était qu'une partie.

Il me semble aujourd'hui important d'appuyer l'école sur l'apprentissage du respect : le respect de soi, le respect des autres, le respect de la loi et de la règle. Pour cela, un travail devra être mené sur l'identification et l'identité personnelle. Qui suis-je ? Pour aller où ?

Partant de ce constat, une part de temps choisi pourrait être retenue pour l'élève. Il conviendrait ainsi d'avancer vers une banalisation d'une partie du temps, afin que les équipes puissent s'adresser à ces enfants là, dans ce quartier là, à ce moment là. Dans cette optique, les établissements scolaires nécessiteraient d'être rendues plus autonomes.

Pour ma part, je serais prêt à relever le défi d'un collège réellement autonome, avec un contrat d'objectifs. Ce dernier serait fondé sur un diagnostic sans complaisance et impliquerait une évaluation dans le temps (à 3 ou 5 ans). L'enjeu serait de répondre de manière ajustée à des problématiques extrêmement localisées. Albert Einstein disait lui-même « qu'on ne résout pas un problème avec la logique qui l'a créé ».

Madame LEFEVRE, principale adjointe du collège Albert Thierry de Limay :

La difficulté à se projeter dans l'avenir me semble être le propre de la jeunesse, qu'elle soit des quartiers ou non. Mes propres enfants sont entrés dans le supérieur et ont gâché certaines années faute d'avoir pu trouver leurs talents au cours de leur scolarité. Personne ne leur a jamais permis d'investir sur leurs compétences. Personne n'a essayé de les mettre en confiance. Hélas, ce cas n'est pas isolé. Que faire pour que ces enfants se découvrent ?

Je suis aujourd'hui ravie que dans le socle commun, on puisse enfin trouver des compétences telles que l'autonomie, l'initiative, la prise de décision, etc. Nous allons enfin pouvoir travailler concrètement sur ces aspects, pour former des êtres humains et des citoyens, au-delà de l'apprentissage des savoirs.

J'ai peine à entendre que les orientations de fin de 3 ème constituent une souffrance. Les acteurs de terrain (chefs d'établissements et enseignants) mettent tout en oeuvre pour que cela ne soit pas le cas. Des annotations sont portées sur les bulletins trimestriels, des rendez-vous sont pris régulièrement avec les parents pour les alerter et les informer, des dispositifs sont mis en place dès la 6 ème pour faire en sorte que chacun trouve sa place au-delà de la 3 ème .

Peut-être est-ce en termes de moyens d'action qu'il nous faudrait réfléchir ? Il s'avère parfois difficile de résoudre les situations lorsque les parents ne sont pas présents. Comment motiver des enfants qui demeurent seuls chez eux ? Comment aider les femmes qui assument seules la charge de fratries très nombreuses ?

Fabienne KELLER :

Nous aborderons la question du socle de compétences dans le cadre de notre seconde table ronde.

Gilles KEPEL :

Je ne souhaitais porter aucun jugement de valeur sur l'orientation en fin de 3 ème . Mon propos visait simplement à restituer la parole des habitants. Beaucoup ont semblé avoir vécu l'orientation en fin de 3 ème comme un traumatisme, en particulier ceux pour lesquels cette étape à représenté un échec. Le lycée, quant à lui, est apparu constituer une première confrontation avec la réalité de la société.

Fabienne KELLER :

Il nous faudra aborder également la question du stage de 3 ème .

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