E. CLÔTURE DE L'ATELIER, MAURICE LEROY, MINISTRE DE LA VILLE

Je ne pense pas que le temps soit venu de clôturer la réflexion. Je souhaitais néanmoins saluer les travaux engagés dans une logique de prospective.

L'avenir des jeunes des quartiers sensibles est effectivement ma priorité, à décliner à travers des parcours sécurisés vers l'excellence. Les plus jeunes doivent pouvoir être accompagnés vers l'excellence et prendre pleinement leur place dans notre société.

Plusieurs dispositifs existent aujourd'hui, dont l'efficacité est reconnue. Les internats d'excellence, portés par la politique de la ville, l'Education nationale et les préfets, devraient permettre, d'ici 2013, à 20 000 jeunes méritants d'étudier dans un cadre adapté, conformément à l'objectif fixé par le Président de la République. La mise en oeuvre devra toutefois en être accélérée, en s'appuyant sur le grand emprunt national.

Les cordées de la réussite, mises en place par Fadela Amara, Valérie Pécresse et Luc Chatel, devraient illustrer notre capacité à réussir des expériences. Il y a quelques jours à peine, l'ESSEC accueillait sa nouvelle promotion avec un débat sur le thème : « une grande école, pourquoi pas moi ? ». Au cours de ma première visite ministérielle au lycée de Gennevilliers, j'ai pu également voir des jeunes s'orienter vers de grandes écoles. Parlons de ces réussites. Il est aujourd'hui formidable que 300 jeunes se lancent dans les cordées de la réussite pour entrer dans la chaine de la transmission et de l'accompagnement. 250 cordées ont été mises en oeuvre sur le territoire, dont 78 s'appuient, comme à l'ESSEC, sur des dispositifs de tutorat.

Du reste, la politique de la ville n'a pas vocation à se substituer aux interventions des ministères chargés du droit commun. Nos interventions doivent concerner le champ éducatif, au-delà du champ scolaire.

Deux axes essentiels doivent guider notre action : l'accompagnement individualisé des enfants et la lutte contre le décrochage. A travers l'accompagnement individualisé, il s'agira de donner à chacun une chance de réussir ses études. Le programme de réussite éducative, mis en place en 2005 par la loi de cohésion, permet à plus de 93 000 enfants d'avoir justement un parcours individualisé. Ce dispositif nécessiterait aujourd'hui d'être élargi aux enfants du primaire. 83 millions d'euros y seront consacrés en 2011. En matière de prévention et de lutte contre le décrochage, nous continueront à travailler étroitement avec l'Education nationale et les départements, pour identifier les risques au plus vite, dès le primaire. Pour les plus âgés, des réponses en termes d'accompagnement devront être proposées. Les structures de deuxième chance devront être développées.

L'action éducative devra mettre le jeune au centre de ses préoccupations, en l'aidant à construire son parcours individuel et transversal vers l'autonomie. Une articulation entre éducation et emploi devra être recherchée pour promouvoir de nouvelles voies d'excellence, dont l'apprentissage. D'après le rapport de l'ONZUS, seuls 12 % des jeunes des quartiers sensibles sont en apprentissage. Nous ne saurions nous satisfaire d'une telle situation.

Si nous pouvons nous appuyer sur un certain nombre de dispositifs qui fonctionnent, nous avons également besoin de l'expertise de tous et de toutes. En tant que ministre de la ville, je m'attacherai à exercer ma mission de manière transversale, avec l'aide et le soutien des parlementaires.

Fabienne KELLER :

Merci à tous pour vos témoignages, qui s'appuient tous sur un vécu, des travaux et des convictions formidables. Monsieur Corni a proposé que nous soyons attentifs à ce que chaque jeune ait un moment de bonheur dans la semaine. Martin Hirsch a évoqué l'importance de prendre en compte les compétences et les savoir-faire des jeunes, y compris lorsqu'ils n'ont pas été acquis à l'école. Jacques Grosperrin a souligné combien la société ne faisait peut-être pas suffisamment confiance à ses enseignants. La question d'une refonte de ce contrat nécessiterait d'être posée devant le faible appétit constaté pour les professions d'enseignants. L'accent a également été mis sur l'accompagnement des professeurs en termes de formation. Michèle Tribalat a évoqué la concentration des fragilités, de même que la concentration des personnes d'origine étrangère dans les quartiers fragiles, en posant la question de l'impact du chômage sur ces concentrations. Vincent Cespedes a insisté sur la violence de la République, ainsi que sur l'accès à la connaissance pour tous par le biais d'Internet. Stéphane Gatignon et Thierry Bodin nous ont fait partager leur engagement en tant que maires. L'importance des questions de sécurité a été rappelée à cet endroit, en lien avec le trafic de drogue. La nécessité de s'élever contre la fatalité du chômage a été mise en exergue. Nous nous mobiliserons tous pour donner de l'espoir et encourager nos jeunes - eux qui ont tant d'énergie.

Le débat se poursuivra - au sein des structures socioculturelles, des établissements scolaires et des collectivités, chez les sociologues et les spécialistes, au sein des ministères et sur le site du Sénat - pour atteindre un objectif de normalité pour ces quartiers. Toutes les politiques (du logement, de l'éducation, des transports, etc.) devront s'y décliner fortement, à la hauteur des problématiques car tel est le sens de l'action publique. Il conviendra de porter le débat à l'échelle de la société et de susciter la rencontre pour faire tomber les barrières et ouvrir des perspectives d'avenir en commun.

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