5. Des réponses à trouver à l'enjeu majeur de la saisonnalité

La saisonnalité du tourisme antillais est revenue, comme un « fil rouge », au cours du déplacement de votre rapporteur dans les deux départements antillais . Il s'agit, aux yeux des socio professionnels antillais, d'un des principaux handicaps du secteur.

Le tourisme antillais est en effet concentré sur une période allant du mois de décembre au mois d'avril .

Les socio professionnels notent que, si les hôtels ne sont donc remplis qu'une partie de l'année, les employeurs paient des salaires sur douze mois. Face à cette situation, votre rapporteur estime que le recours aux emplois saisonniers ainsi que l'annualisation du temps de travail du personnel hôtelier ne doivent pas être des questions taboues . Comme le soulignait lors de son audition M. Jean-Paul Octave, président du GIHDOM, les départements antillais sont, dans ce domaine, très handicapés par rapport aux autres îles de la Caraïbe : à Sainte-Lucie par exemple, le niveau d'effectifs varie selon le taux d'occupation.

Tant le recours aux emplois saisonniers que l'annualisation du temps de travail imposent parallèlement une action en matière de formation, afin d'assurer la polyvalence des employés de ce secteur.

Au-delà de ces réponses conjoncturelles, votre rapporteur estime que les acteurs locaux doivent prendre des initiatives afin de « désaisonnaliser » le tourisme , ceci en diversifiant les produits et les clientèles, comme l'a souligné lors de son audition M. Michel Cazaubon, chef du bureau des destinations touristiques outre-mer à la direction générale de la compétitivité, de l'industrie et des services (DGCIS).

Plusieurs pistes ont été évoquées au cours des travaux de votre rapporteur et mériteraient d'être approfondies par les acteurs locaux et prises en compte dans leur stratégie touristique.

Piste la plus intéressante : la clientèle senior , évoquée par de nombreuses personnalités rencontrées par votre rapporteur, notamment en Martinique. Cette clientèle présente l'avantage d'être disponible hors saison et de disposer de temps et d'argent.

Les deux départements antillais disposent d'un atout essentiel pour attirer cette clientèle : la qualité de leurs infrastructures sanitaires. Comme le relève Mme Stéphanie Bessière, « Martinique et Guadeloupe peuvent se vanter d'avoir des infrastructures (...) hospitalières parmi les meilleures de la Caraïbe » 57 ( * ) . Lors de son audition par votre rapporteur, notre collègue Claude Lise, alors président du conseil général de la Martinique, a ainsi relevé que les bateaux de croisière américains font en sorte de ne jamais être situés trop loin du centre hospitalier de Fort-de-France. Par ailleurs, du fait du vieillissement important de sa population, la Martinique devrait voir se développer les services à la personne, ce qui devrait constituer un atout supplémentaire.

Deuxième piste : une politique évènementielle ambitieuse . Les évènements (festivals, évènements sportifs) permettent en effet de « désaisonnaliser » le tourisme.

L'exemple de la « route du Rhum », course qui relie tous les quatre ans Saint-Malo à Pointe-à-Pitre, est de ce point de vue particulièrement intéressant : d'après les données de la Chambre de commerce et d'industrie de la Guadeloupe, l'impact de cet évènement est très positif. Il a attiré, en novembre 2010, 4 200 et 6 600 clients supplémentaires dans les hôtels et 1 500 à 2 300 clients supplémentaires dans les structures para-hôtelières 58 ( * ) . La « route du Rhum » a ainsi permis d'anticiper le début de la saison touristique.

D'autres pistes méritent d'être relevées :

- le tourisme d'affaires et de congrès : lors de son audition par votre rapporteur, M. Patrick-Olivier Picourt, président de la compagnie financière Saint-Thomas, a souligné que Fort-de-France disposait d'atouts afin de développer ce type de tourisme ;

- le tourisme inter-DOM, c'est-à-dire entre Guadeloupe et Martinique ou en provenance de Guyane.

Votre rapporteur estime que l'objectif doit donc être de faire du handicap que constitue aujourd'hui la saisonnalité un atout pour ces destinations, en créant deux saisons caractérisées par des types de tourisme adaptés.

Dans tous les cas, la stratégie touristique définie par les acteurs locaux doit donc comprendre des éléments permettant de lisser la saisonnalité du tourisme .

Recommandation n° 6 : prendre des initiatives visant à diversifier les produits touristiques et les clientèles afin d'atténuer l'effet de saisonnalité.


* 57 « Le tourisme des Antilles françaises. Le défi de la concurrence caribéenne », Ibid., p. 295.

* 58 «  6 000 touristes en novembre : l'effet route du Rhum », France Antilles Guadeloupe, 9 février 2011.

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