2. L'absence de reprise économique

La sortie de crise s'avère en effet délicate pour l'économie grecque. Le PIB a ainsi diminué de 4,5 % en 2010, soit deux fois plus que lors de l'exercice précédent. La baisse de la consommation privée (- 4,5 %) et celle, pour la troisième année consécutive, des investissements (- 12,3 %) justifient une telle contraction. La Commission européenne prévoit une nouvelle dégradation du PIB pour l'exercice 2011, estimant celle-ci à 3,5 % du PIB 1 ( * ) . La troïka a, pour sa part, relevé que l'augmentation de 1,1 % du PIB attendue par le gouvernement pour 2012 devrait certainement être revue à la baisse et atteindre 0,6 %.

Le pays subit à la fois une augmentation du chômage (de 8,3 % de la population active en 2007 à 16,2 % fin mars 2011, 42 % des moins de 24 ans se trouvant sans emploi), une inflation record (4,6 % en 2010 contre 1,5 % dans la zone euro), l'impact de la crise sur le secteur touristique et l'effet des mesures d'austérité. Ces facteurs ne sont pas sans conséquences sur la reprise de la croissance alors même que les trois quarts de la création de valeur en Grèce dépendent de la demande intérieure. De fait, le retour à la croissance n'est pas attendu avant 2013, et encore de façon relative et sans baisse concomitante du chômage. Les prévisions pour l'actuel exercice et les deux prochains mettant même en avant une explosion de celui-ci.

La baisse des rentrées fiscales et des cotisations sociales, inévitable en période de crise, contribuent, par ailleurs, à la détérioration des comptes publics. La hausse d'un point de taux de chômage induit une perte de 300 millions d'euros auxquels il convient d'ajouter une dépense supplémentaire de 150 millions d'euros au titre des allocations chômage.

Prévisions macroéconomiques

2010

2011

2012

2013

PIB

- 4,5 %

- 3,5 %

- 0,1 %

+ 1,8 %

Prix à la consommation

+ 4,6 %

+ 3,3 %

+ 0,8 %

+ 1 %

Taux de chômage

14,8 %

16,2 %

16,2 %

16,1 %

Déficit courant (en % du PIB)

- 10,5

- 7,3

- 7,1

- 5,2

Déficit public (en % du PIB)

- 10,5

- 7,5

- 7,1

- 5,2

Dette de l'État (en % du PIB)

142,8

153

159

159,8

3. Les inquiétudes des bailleurs de fonds

Les échéances de remboursement auxquelles la Grèce devra faire face se situent, pour l'essentiel, en 2012. Un tel délai laisse quelques semaines en vue de déterminer une réponse européenne aux difficultés que rencontre le pays. Une mission d'évaluation, composée d'experts issus de la Commission, du FMI et de la Banque centrale européenne - la troïka -, s'est rendue à Athènes au cours du mois de mai afin de vérifier les progrès de la Grèce en matière de réduction des déficits. Elle devait également estimer la viabilité de la dette du pays. Les conclusions de son rapport devaient déterminer si, compte tenu des réformes engagées par Athènes, l'Union européenne et le FMI pouvaient débloquer la cinquième tranche du prêt, soit 12 milliards d'euros.

Ce versement n'est, en effet, pas automatique, le président de l'eurogroupe, M. Jean-Claude Juncker, ayant ainsi indiqué que le FMI pourrait être contraint de retenir sa part - 3 milliards d'euros - si la mission d'évaluation estimait que la dette grecque s'avérait trop lourde à assumer par Athènes. Les règles de fonctionnement du FMI lui interdisent en effet d'accorder une aide si le pays concerné ne dispose pas de garanties de financement pour une période d'un an.

La troïka a estimé le 3 juin dernier que cette tranche pouvait être versée à l'État grec, Athènes lui présentant de nouvelles mesures d'austérité. Le gouvernement grec s'est notamment engagé à réduire le périmètre du secteur public (restructuration et fermetures d'agences ou d'organismes publics) et le nombre de ses fonctionnaires. Une diminution des allocations sociales et des pensions est également prévue, alors qu'un impôt foncier devrait être créé. Le gouvernement grec envisage par ailleurs de stimuler le secteur du tourisme, de poursuivre la flexibilisation de son marché du travail, de libéraliser les secteurs du transport et de l'énergie et de supprimer les obstacles administratifs aux exportations. L'approfondissement de la réforme des services de santé est également à l'étude. La troïka pourrait, apporter une assistance technique à la Grèce en matière de fiscalité et de privatisations.

Le versement de l'aide ne sera effectif qu'après adoption par Athènes du programme budgétaire à moyen terme annoncé par le gouvernement fin avril et amendé dans le cadre des négociations avec la troïka. Celui-ci pourrait être adopté le 28 juin par le Parlement grec, des lois d'application devant être votées d'ici la mi-juillet.

Néanmoins, face aux besoins de financements de la Grèce pour les deux prochains exercices, ces réformes pourraient s'avérer insuffisantes si elles ne sont pas accompagnées d'une nouvelle intervention européenne sur la dette grecque.


* 1 Le PIB a progressé au premier trimestre 2011 de 0,2 % par rapport au trimestre précédent, soit un chiffre en deçà du résultat prévu par le gouvernement : 0,8 %. Comparé au premier trimestre 2010, le PIB s'est néanmoins contracté de 5,5 %.

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