2. Les réformes sociales et politiques

Mohammed VI a placé d'emblée son règne sous le signe des réformes visant à mettre en place une société plus juste et plus ouverte.

Malgré des résultats reflétant le volontarisme de cette politique, des progrès restent à accomplir.

Il a ainsi initié des politiques visant à promouvoir notamment l'émancipation des femmes, l'alphabétisation de la population, la lutte contre le chômage et la corruption et la modernisation de l'Administration et des infrastructures.

Il a tout d'abord fait de la lutte contre la pauvreté une de ses priorités, déclarant refuser d'être « le souverain d'un peuple de miséreux ». Le PIB par habitant a ainsi, en 10 ans, de 1998 à 2008, été multiplié par deux. La pauvreté, qui touchait 15,3 % des Marocains en 1998, est tombée à 9 % en 2008. Quant au chômage, il est passé de 14 % en 1999 à 9,6 % de la population en 2008.

Les chantiers du port de Tanger-Méditerranée et de celui de Casablanca, l'aménagement de la vallée du Bouregreg, la politique d'électrification du pays, la mise en chantier de grandes autoroutes et de lignes TGV témoignent de cette politique volontariste, qui a représenté, entre 2008 et 2012, près de 11 milliards d'euros d'investissements. Cette politique de grands travaux s'est en outre doublée d'une nouvelle approche du développement territorial dans l'idée que ce dernier allait de pair avec les politiques sectorielles.

Le statut de la femme a été amélioré grâce à une profonde réforme du code de la famille ou Moudawana en 2004. En ce qui concerne la promotion du rôle des femmes dans le développement économique, social et politique, un « Agenda de l'égalité » 2010-2015, constituant un plan d'action gouvernemental, a été adopté par le Conseil de Gouvernement.

Mohammed VI a également souhaité instituer une couverture médicale de base et a lancé des chantiers de réhabilitations des habitats insalubres. Les conditions de travail ont également été réformées, la semaine du salarié marocain se raccourcissant de 4 heures pour passer à 44 heures.

Initiative majeure, le roi Mohammed VI a lancé, au printemps 2005, l'Initiative nationale de développement humain (INDH) dans le but de désenclaver les zones défavorisées du pays, de lutter contre la précarité et d'installer une économie solidaire au profit des catégories les plus démunies.

Une plus grande normalisation de la vie politique a été mise en avant avec par exemple la mise en place en 1999 d'une Commission royale d'indemnisation des anciens prisonniers politiques.

L'annonce, dans le discours royal du 9 mars 2011, d'une importante réforme constitutionnelle , qui sera soumise à référendum le 1 er juillet 2011 et qui vise notamment le renforcement des pouvoirs du gouvernement et l'indépendance de la justice a, selon le rapport de la Commission européenne sur la mise en oeuvre de la politique européenne de voisinage pour 2010 5 ( * ) , « confirmé l'engagement du Maroc dans l'approfondissement de l'état de droit et de la monarchie constitutionnelle ». Le rapport poursuit : « Si ce haut niveau d'ambition se confirme dans les faits, cette réforme contribuera largement à mettre en oeuvre les valeurs au coeur du statut avancé et les principes proposés par l'Union européenne dans le cadre du partenariat pour la démocratie et la prospérité partagée ».

Des progrès restent à accomplir en ce qui concerne la justice et la corruption, malgré des efforts en la matière.

Concernant la justice , 23 projets de loi ont été envoyés au secrétariat général du gouvernement sur les différents aspects de la réforme (révision du statut de la magistrature, révision du code de procédure pénale...).

Concernant la lutte contre la corruption , la situation s'est améliorée car le Gouvernement a pris un certain nombre de mesures efficaces en ce sens : déclaration du patrimoine, nouveau plan de lutte contre la corruption pour 2010-2012, ou encore projet de loi sur l'accès à l'information.

Mais des progrès restent à accomplir et ce problème de la corruption reste un des fléaux de l'organisation administrative et de l'économie du pays.

Le Maroc a par ailleurs organisé un séminaire en février 2010 à Rabat sur les perspectives de coopération avec le Conseil de l'Europe dans le domaine des droits de l'homme et a demandé le statut de « Partenaire avancé pour la démocratie » auprès de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe.

Des mesures restrictives sont néanmoins toujours constatées en matière de liberté de la presse par exemple, ou encore de liberté d'expression et de manifestation, notamment dans le territoire du Sahara occidental (notamment lors des violences ayant eu lieu à Laâyoune en novembre 2010).


* 5 Document de travail conjoint des services - Mise en oeuvre de la politique européenne de voisinage en 2010 - Rapport pays : Maroc - 25.05.2011 (Commission européenne, Haute représentante de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité).

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