B. LES PRIORITÉS DE LA NOUVELLE PRÉSIDENCE

C'est dans le contexte d'un bilan largement positif des « années Lula », mais aussi de certaines craintes de surchauffe, que la nouvelle présidente, Dilma Rousseff , a été élue fin octobre 2010 avec 56 % des voix , avant de prendre ses fonctions le 1 er janvier 2011.

La nouvelle présidente dispose d'une large majorité parlementaire , tant au Sénat qu'à la Chambre des députés.

Toutefois, le Parti des travailleurs , dont elle est issue, comme Lula, est lui-même minoritaire au sein d'une coalition d'une dizaine d'autres partis de gauche et de centre gauche.

Passé sous la présidence Lula de la gauche radicale à la gauche modérée, le Parti des travailleurs doit compter avec ses partenaires du Parti du Mouvement démocratique brésilien (PMDB), premier parti au Sénat et deuxième parti à la Chambre des députés, du Parti socialiste brésilien (PSB), du Parti radical (PR) et du Parti démocrate travailliste (PDT).

Si la majorité rassemble 62 des 81 sénateurs et 373 des 513 députés, le Parti des travailleurs ne compte que 14 sénateurs et 88 députés.

Le Parti de la social-démocratie brésilienne (PSDB), de centre-droit, est le principal parti d'opposition.

Le maintien de la cohésion de cette coalition est l'un des enjeux de politique intérieure du mandat de Dilma Rousseff.

Dilma Rousseff a été durant cinq ans la plus proche collaboratrice du président Lula. Ministre des mines et de l'énergie, elle a ensuite pris la tête de la « Casa civil », l'équivalent des services du Premier ministre en France. C'est une économiste, au profil de technicienne, mais chacun s'accorde à dire que dès ses premiers mois de mandat, elle s'est pleinement investie de sa nouvelle fonction, s'émancipant de son prédécesseur et imposant sa propre marque.

Dilma Rousseff accorde très clairement la priorité aux problèmes intérieurs , et en tout premier lieu à la consolidation de l'économie brésilienne et de ses perspectives de croissance.

Afin d'enrayer le risque de surchauffe inflationniste, sa première décision aura été d'arrêter un plan d'économies de 30 milliards de dollars , soit 1,2 % du PIB.

Ces coupes budgétaires épargnent les programmes sociaux , la lutte contre la pauvreté restant la priorité de la politique gouvernementale. Au contraire, l'une des mesures emblématiques de la présidence Lula, la bolsa familia , qui consiste à verser une allocation mensuelle de l'ordre de 20 euros aux 12 millions de familles les plus pauvres satisfaisant aux obligations de scolarisation et de vaccination des enfants, a bénéficié d'une réévaluation de 19%. Dans le même ordre d'idée, une augmentation du salaire minimum a été programmée pour les quatre prochaines années.

La nouvelle présidente a pris pour devise de son mandat : « un pays riche est un pays sans pauvreté », marquant bien sa volonté de redistribuer vers les plus modestes une partie des bénéfices du développement économique.

Les économies n'affecteront pas non plus les grands travaux d'infrastructure et les programmes de construction de logements , dans la lignée du programme d'accélération de la croissance lancé par Lula en 2007, pour lequel 180 milliards d'euros ont été engagés entre 2007 et 2010 dans les domaines de l'énergie, des transports, du logement ou de l'assainissement. La deuxième tranche du plan d'accélération de la croissance, qui couvre les quatre années 2011-2014 (PAC 2) bénéficiera de 415 milliards d'euros d'investissement.

Ce freinage des dépenses publiques s'efforce donc de ne pas fragiliser les ressorts de la croissance que sont la consommation des classes moyennes et les investissements nécessaires au développement économique.

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