3. Des lieux de résidence pour faciliter l'implantation des artistes en France

La question du logement est un point central car elle est au coeur des préoccupations matérielles conditionnant l'attractivité de la France. Le phénomène de fuite vers les pays plus accueillants n'est pas nouveau et la France est considérée comme le pays qui forme ses artistes mais ne sait pas les garder. Berlin demeure la destination de choix pour les artistes européens qui y trouvent toutes les conditions pour se loger correctement et dans un cadre propice à la création. Des ateliers d'artistes y sont proposés, une surface de 100 m 2 en plein centre coûtant moins de 500 euros par mois d'après les informations recueillies. La capitale allemande a opté pour une politique d'attractivité résolument tournée vers le monde artistique . Le slogan de Klaus Wowereit, élu maire de Berlin en 2001, est assez évocateur de ce choix pour la capitale : « Arm, aber sexy » (« Pauvre, mais sexy » ). Évidemment la pression immobilière n'est pas la même qu'à Paris, mais force est de constater que cet atout concurrentiel de Berlin revient régulièrement comme un regret des professionnels pour la capitale française.

En outre, pour les artistes français, dont on a vu précédemment qu'ils étaient concentrés en Ile-de-France, cette contrainte peut peser lourdement sur leur activité. En effet, afin de faire face aux frais engendrés par les loyers, bon nombre d'entre eux sont contraints d'accepter un emploi « alimentaire » et d'exercer une « multi-activité ». Cela a pour conséquence, selon l'emploi occupé, de détourner l'artiste de sa création et d'amoindrir, voire de décourager, sa production. En outre, certains emplois même liés au secteur concernés sont parfois « mal vus ». Plusieurs artistes ont ainsi confirmé que pour les professionnels, accepter un poste d'enseignant dans le domaine artistique pouvait être perçu de façon très négative par le milieu comme si l'enseignement était le signe d'un renoncement à la fonction critique portée par toute création artistique. Les témoignages des artistes ayant fait ce choix, comme celui des directeurs d'écoles d'art, montrent pourtant combien cette mixité est favorable pour les étudiants.

Enfin, la concentration artistique en Ile-de-France (ventes d'art contemporain, artistes, galeries les plus puissantes et influentes) crée un phénomène d'exclusion du monde artistique dans les régions, alors que l'on a vu tout l'intérêt qu'elles portent à l'art d'aujourd'hui, notamment au travers de la dynamique des FRAC. Cette « injustice territoriale » doit être prise en compte dans le cadre de mesures en faveur du logement des artistes. Elles peuvent prévoir un investissement dans les grandes villes de France pour proposer des logements-ateliers, situés au coeur des agglomérations pour en faire à la fois des lieux d'exposition et des lieux de vie. Ainsi à Toulouse de telles structures ont été créées, avec de grandes baies vitrées en rez-de-chaussée et les espaces de vie discrètement situés en mezzanine, permettant au public de se promener en découvrant les oeuvres des artistes ainsi logés. « L'artiste doit être au coeur de la vie de la cité » (Christophe Girard).

Proposition n° 26 : Lancer un plan d'accueil national des artistes dans toutes les grandes villes de France et prévoir la possibilité de proposer un quota d'ateliers-logements pour les artistes dans les logements sociaux.

Pour qu'une telle mesure fonctionne correctement et bénéficie à des individus exerçant réellement une activité artistique, elle doit s'accompagner d'une modalité de contrôle et d'une durée limitée.

Proposition n° 27 : Conditionner le bail d'atelier-logement à l'activité d'artiste.

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