Eric BRUN , Président du Conseil d'administration de l'Institut polaire français Paul-Emile Victor (IPEV)

L'IPEV, agence nationale de moyens et de compétences, assure la mission de service public de mise en oeuvre des recherches scientifiques dans les régions des hautes latitudes. Il est constitué en groupement d'intérêt public (GIP), rassemblant neuf partenaires : le Ministère de la Recherche, le Ministère des Affaires Etrangères, cinq organismes de recherche ou opérationnels (CNRS, CEA, CNES, Ifremer, Météo-France), la collectivité des TAAF et l'association des Expéditions Polaires Françaises. Elle emploie 50 personnes, parmi lesquelles 35 mises à disposition par le CNRS, mais peut monter jusqu'à 200 salariés durant les expéditions d'été.

L'IPEV coordonne, soutient et met en oeuvre les programmes scientifiques et techniques dans les régions polaires. L'accomplissement de ces missions implique la sélection des programmes scientifiques, la mise en oeuvre d'observatoires de recherche, le soutien financier et humain des recherches, l'équipement des stations de terrain nécessaires, l'organisation des expéditions et la participation à la vulgarisation scientifique.

Il est aussi bien actif dans l'hémisphère nord que dans l'hémisphère sud. En Arctique, il partage une base avec des partenaires allemands et soutient régulièrement des recherches en Russie, en Norvège, au Groenland et en Islande. Il est présent dans les îles subantarctiques mais également sur le continent Antarctique, à travers la base Dumont d'Urville en Terre Adélie et Concordia, seule station continentale construite et gérée conjointement par deux pays, la France et l'Italie.

Les régions polaires et sub-polaires représentent un point-clé pour la recherche scientifique, aussi bien en termes de changements environnementaux que de recherches sur le climat, présent ou passé. C'est pourquoi elles bénéficient d'une visibilité importante. Cependant, la recherche dans ces régions nécessite un soutien logistique et technologique important compte tenu de l'éloignement et des contraintes particulières de ces régions.

La sélection des programmes de recherche constitue une procédure importante. Le comité scientifique et technique, présidé par Nicole Papineau, évalue annuellement les projets avant de proposer à l'IPEV de les soutenir. La direction de l'institut étudie leur faisabilité et évalue leurs besoins budgétaires et logistiques, avant que le conseil d'administration décide de les financer. Certains de ces projets font également l'objet d'évaluations sur le plan éthique ou environnemental par des comités ad hoc , et peuvent être soumis à des autorisations délivrées par les TAAF (accès à des sites protégés, manipulations d'espèces protégées, etc.)

Le Conseil des programmes scientifiques et technologiques (CPST) comporte plus d'un tiers d'experts étrangers. Il est indépendant de l'institut polaire. Ainsi, le Ministère de la Recherche nomme une grande partie des experts, tandis que les membres du GIP décident des autres. Le Président du Comité de l'Environnement Polaire est membre de droit. Les membres de cette instance se répartissent à peu près équitablement entre les représentants des sciences de l'univers et ceux des sciences de l'environnement.

La partie amont d'un programme de recherche repose sur la définition des objectifs, la conception de la méthodologie ad hoc et la planification des opérations. Elle donne lieu à un dossier, soumis à un appel d'offres. Le projet est ensuite mis en oeuvre sur le terrain à travers le recueil et la transmission des données. En aval, celles-ci sont analysées et les résultats sont exploités. L'IPEV n'intervient que dans la mise en oeuvre du programme sur le terrain. Il soutient 70 à 80 programmes par an, dont 23 % concernent Concordia, 30 % l'Arctique et 47 % les parties antarctique et subantarctique. Les programmes subantarctiques représentent le tiers des programmes soutenus par l'institut, 19 concernent des observatoires.

Les 13 millions d'euros dédiés aux activités polaires de l'IPEV se décomposent en coûts directs et en coûts indirects. Les projets subantarctiques représentent la moitié des coûts directs et 41 % des coûts indirects. Cette forte part s'explique par l'importance numérique des projets subantarctiques dédiés à la biodiversité. Or, ce domaine de recherche requiert davantage de personnel.

Huit projets à long terme soutenus dans les îles subantarctiques et l'Antarctique sont fédérés au sein d'une zone atelier du CNRS : cinq de ces projets concernent uniquement la partie subantarctique et deux autres couvrent à la fois l'Antarctique et le subantarctique.

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