II. DES RENDEMENTS DONT LA PROGRESSION S'ESSOUFFLE ?

L'essor de la production agricole dans le passé est venu principalement de la progression des rendements et la plupart des prospectives lui accorde, pour l'avenir, un rôle majeur.

Toutefois, la croissance des rendements pourrait considérablement ralentir de sorte que cette variable pourrait ne pas suffire à combler l'augmentation des besoins.

A. D'UNE FORTE PROGRESSION DES RENDEMENTS...

Il paraît établi que la « Révolution verte » a été le déterminant technique (à côté d'autres plus institutionnels) de l'essor de la production agricole observée dans le passé. De fait, celle-ci a davantage procédé de l'augmentation des rendements que de l'extension des terres et, là où la « Révolution verte » n'a pas infusé, la production agricole a beaucoup moins progressé. On avance donc souvent que l'éloignement par rapport à la frontière technologique explique les retards de développement agricole constatés ici ou là.

Pour combler ce retard, il suffirait de se rapprocher de cette frontière. Les productivités agricoles s'élèveraient pour égaliser la meilleure performance possible ce qui, selon certaines appréciations, mais pas pour toutes, suffirait pour atteindre le niveau de production nécessaire à la satisfaction des besoins alimentaires du monde.

Dans le passé, les rendements agricoles ont fortement augmenté.

Par exemple, la production de calories végétales par hectare a doublé entre 1961 et 2000 (de 8 600 kcal/ha/jour en 1961 à 18 700 en 2000).

Toutefois, cette évolution moyenne s'est accompagnée de dynamiques différenciées selon la région considérée.

Au point de départ, les régions du monde étaient regroupées en deux catégories, l'ex-URSS s'intercalant entre elles.

Au bas de l'échelle, les rendements atteignaient 5 000 kcal/ha/jour en Afrique tandis qu'au sommet ils se situaient autour du double (10 000 kcal/ha/jour) en Amérique latine, en Asie et dans la zone OCDE.

Au cours des vingt années suivantes, les rendements ont doublé dans ces deux dernières régions (pour une croissance de seulement 50 % en Amérique latine).

En Afrique subsaharienne et dans « l'ex-URSS », les progrès ont été beaucoup plus incertains alors que la situation de départ était déjà relativement peu favorable.

Seule l'Afrique du Nord-Moyen-Orient a connu un certain décollage. Les rendements y ont également doublé mais comme cette zone était en retard par rapport aux régions les plus avancées, l'écart de rendement, apprécié en termes absolus, entre l'AN-MO et celles-ci s'est accru. Il est passé de 5 à 10 000 kcal/ha/jour.

À partir des années 80, la croissance des rendements a ralenti sauf en Afrique subsaharienne et en Amérique latine où elle a accéléré. Cette dernière région a connu la dynamique la plus continûment forte tandis que dans la zone OCDE les évolutions se sont faites plus chaotiques. On remarque la situation particulière de l'Asie où, dès le milieu des années 80, les rendements dépassent ceux de la zone OCDE.

Mais dans ces deux régions, qui ont réalisé les meilleures performances sur le long terme, les rendements semblent ne plus progresser en fin de période tandis qu'alors l'Amérique latine dépasse à son tour l'OCDE.