B. LES ÉCONOMIES MODERNES RESTENT EN OUTRE PARTICULIÈREMENT DÉPENDANTES DES APPROVISIONNEMENTS D'HYDROCARBURES PAR VOIES MARITIMES

La première révolution industrielle reposait sur une ressource, le charbon, dont les sources se situaient pour l'essentiel à proximité des centres de production. Aujourd'hui, les économies modernes, particulièrement dépendantes du pétrole, s'approvisionnent pour 30 à 40 % de leurs besoins par voie maritime.

Malgré la construction d'oléoducs, les économies modernes sont donc étroitement dépendantes du bon fonctionnement du transport maritime des hydrocarbures.

La situation est cependant contrastée selon les continents. Les Etats-Unis ont recours au Canada et au Mexique, au Golfe de Guinée et, pour 20 % de leurs besoins au Moyen-Orient.

L'Union européenne s'adresse d'abord à la CEI via des oléoducs puis à l'Afrique du Nord dont l'Algérie et enfin pour 25 % de ses besoins au Moyen-Orient.

En revanche, l'Asie est très dépendante du Moyen-Orient, qui produit 65 % de son pétrole.

L'accès aux ressources d'hydrocarbures demeure, pour l'ensemble des continents, un élément dominant qui explique le caractère central des détroits d'Ormuz et de Suez.

Les pays occidentaux ont réussi à diminuer leur dépendance vis-à-vis de ces détroits en diversifiant leurs sources d'approvisionnement et les modalités de transport des hydrocarbures.

La Chine s'efforce de faire de même en instaurant des relations privilégiées avec des pays comme le Soudan ou l'Iran et en investissant dans la construction d'oléoducs et de gazoducs en direction du Turkménistan.

Il reste que pour des pays comme la France les routes maritimes d'approvisionnement en énergie sont, bien entendu, stratégiques dans le sens où la France ne dispose de presque aucune ressource énergétique sur son sol.

La dépendance de la France à l'égard des approvisionnements en hydrocarbures, mais aussi en uranium pour son parc de centrales nucléaires, constitue une vulnérabilité et implique une vigilance particulière.

Source : CEIS

Une rupture des approvisionnements en énergie provoquerait un choc économique, social et politique qui remettrait en cause le fonctionnement normal du pays.

La France importe par exemple plus de 80 millions de tonnes de pétrole brut à travers la Mer du Nord, la Méditerranée, l'Atlantique et le Golfe persique.

A titre d'exemple, 31,67 % du pétrole brut parvenant par voie maritime en France transite par le détroit d'Ormuz : une fermeture de ce détroit suite à une crise régionale impliquant l'Iran aurait donc un impact direct sur les flux énergétiques français.

Selon l'étude de CEIS « La principale conséquence économique pour la France serait la hausse mondiale brutale des prix du pétrole. Certains analystes estiment qu'un blocage d'Ormuz provoquerait une hausse de 50 % des prix en quelques jours. Le prix du gaz étant indexé sur celui du pétrole, l'impact sur l'économie et les ménages français serait immédiat. » 4 ( * )

L'approvisionnement et la disponibilité énergétiques sont vitaux pour le fonctionnement économique et social du pays. Ils sont un facteur de stabilité économique et de paix sociale. Le blocage des raffineries ou des réseaux routiers permettant de fournir les villes en carburants créa des pénuries et provoqua en 2010 en France des difficultés au niveau des transports individuels comme publics en suscitant une émotion parmi la population et des réactions individuelles et collectives irrationnelles.

Cette situation confirme la nécessité pour les économies modernes de diversifier leurs sources d'approvisionnement en énergie et de sécuriser les routes et détroits stratégiques pour l'acheminement des besoins en hydrocarbures.


* 4 Vulnérabilité de la France face aux flux maritimes, Compagnie Européenne d'Intelligence Stratégique, 13 janvier 2012

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