4. Les critères du choix du lieu d'installation sont défavorables aux zones fragilisées

Avant de choisir un lieu d'exercice, les médecins analysent leur charge de travail future, c'est-à-dire la patientèle, les contraintes liées à l'organisation de la permanence des soins, la proximité d'autres professionnels de santé et d'un plateau technique, mais aussi la qualité de vie en générale.

Ce choix est rarement individuel. Il s'agit le plus souvent d'une décision de couple, qui dépend des possibilités d'activité professionnelle pour le conjoint et de scolarisation pour les enfants. Une contribution transmise sur le site internet du Sénat par un journaliste spécialiste des questions de santé, médecin de profession, souligne ainsi « le poids des conjoints et des familles : attirer un médecin dans un désert médical, c'est déjà difficile, faire venir son conjoint ou sa conjointe, les enfants s'il y en a ou ceux à venir, c'est sauf exception et en l'état actuel une vue de l'esprit ».

Ces considérations n'incitent pas à l'installation dans les zones déjà fragilisées au regard de la densité médicale. Une enquête BVA réalisée en mars 2007 pour le conseil national de l'Ordre des médecins montre que 63 % des étudiants en médecine et 60 % des jeunes médecins n'envisagent pas d'exercer en zone rurale. Ces taux sont respectivement de 62 % et 64 % pour l'exercice dans en banlieue de grande ville dans une cité populaire. Ces chiffres ne sont guère surprenants, si l'on prend en compte le fait que ces étudiants ou jeunes médecins sont eux-mêmes majoritairement, et dans des proportions de plus en plus grandes, d'origine urbaine, de centre-ville ou de banlieue favorisée.

L'enquête étudie qualitativement le déficit d'image dont pâtissent ces territoires auprès des étudiants et des jeunes médecins. Ceux-ci voient certains avantages aux zones rurales : des rapports humains avec les gens plus chaleureux, des revenus plus importants liés à une patientèle plus importante qu'en ville, une qualité de vie liée à la disponibilité de l'espace et la proximité de la nature. Mais ces avantages sont contrebalancés par des inconvénients qui semblent l'emporter : une charge de travail surdimensionnée, des difficultés pour y attirer son conjoint, un plateau technique insuffisant, une offre culturelle et éducative plus restreinte. En ce qui concerne les banlieues, le seul avantage identifié est celui d'une plus grande utilité sociale pour les patients. En contrepartie, les inconvénients perçus semblent grands : un environnement peu agréable, un risque d'agression plus grand qu'ailleurs, une barrière culturelle à surmonter.

Bien sûr, il ne s'agit là que de représentations, qui ne sont pas forcément en adéquation avec la réalité. Au cours des auditions, votre rapporteur a rencontré des médecins heureux d'exercer en zone rurale ou en zone urbaine sensible. Mais ces représentations majoritaires semblent, de fait, déterminantes chez les jeunes médecins au moment où ils doivent choisir un lieu d'exercice.

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