2. Les filières en voie de préparation

Les biocarburants de troisième génération concernent essentiellement les microalgues.

Pourtant, le potentiel des microalgues est important, suivant le rapport de l'Algogroup : l'écart entre la production actuelle (12 milliards dans le monde correspondant en théorie à 1 % des besoins en kérosène) et le potentiel exploitable est d'un facteur 200.

Mais :

- l'exploitation directe et complète de la ressource naturelle poserait des problèmes de biodiversité ;

- elle entrerait en concurrence avec d'autres usages des macroalgues (cosmétiques, industrie chimique, nutrition) dont l'équation économique est plus prometteuse.

Et la culture en mer (algues bleues) ou en lagunes (algues vertes) aboutirait à des coûts supplémentaires (par rapport à la cueillette) prohibitifs.

Les microalgues présentent des avantages incontestables vis-à-vis des biocarburants de deuxième génération :

- leur culture hors sol n'entre pas en concurrence avec les usages alimentaires,

- l'extraction des lipides pour fabriquer du biocarburant laisse des coproduits (hydrate de carbone, protéines) qui peuvent trouver un marché,

- leur bilan en CO2 est plus favorable,

- on commence à explorer les mécanismes qui font qu'en condition de stress, ces microalgues augmentent leur production de lipides.

Toutefois, la mise en oeuvre pratique de cette filière suscite des interrogations qui font que son déploiement n'est pas envisageable avant 2025/2030 :

- les consommations intermédiaires en eau et en nutriment sont sensiblement élevées. Un rapport de l'Académie des sciences américaine a ainsi établi que pour produire 5 % du carburant utilisé dans l'ensemble des transports, aux États-Unis, il serait nécessaire d'y consacrer 6 à 15 millions de tonnes d'azote, ce qui correspond à 44 % de l'azote utilisée pour l'agriculture américaine ;

- en l'état, seuls 30 à 50 % des lipides générés sont transformables ;

- les coûts de récolte (il est nécessaire de séparer les algues de l'eau) et d'extraction sont importants et représentent encore 70 % du prix de revient ;

- les modes de cultures ne sont pas déterminés :

§ la culture en bassins ouverts (qui serait favorable aux algues autotrophes dont les consommations en intrants sont plus faibles) ont l'inconvénient de soumettre les algues aux prédateurs et aux agents pathogènes de l'air ;

§ la culture en photobioréacteurs fermés est très coûteuse en énergie.

Au total, ces inconvénients aboutissent en démonstration de laboratoire, à des coûts de production entre 3 et 5,6 € le litre de biokérosène, ce qui semble rédhibitoire.

L'avenir de la filière de troisième génération de biocarburants est donc pendant à un effort continu de recherche et de développement et, en particulier, à des études plus poussées :

- sur la sélection génétique des souches permettant d'accroître la résistance et d'améliorer la production de lipides exploitables,

- et sur la recherche de souches à plus grande rapidité de croissance, ce qui conditionne, en partie, la viabilité économique de la filière.

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