C. L'OFFENSIVE À L'EXPORTATION EST PORTÉE PAR DES MICRO-ENTREPRISES

Les résultats du commerce extérieur italien en 2012 se résument au passage d'un solde commercial déficitaire (-30 milliards d'euros en 2010 et -25,5 en 2011) à un excédent de 11 milliards d'euros en 2012. Cette amélioration spectaculaire résulte, certes, d'un affaissement des importations mais également de la bonne tenue des exportations, en particulier vers les pays tiers à l'Union européenne. En effet, les exportations à destination de l'UE ont stagné en 2012 même si elles demeurent le principal débouché des ventes italiennes (54 % des exportations). A l'inverse, les exportations vers les marchés hors UE, progressent de 9,2 %, après une hausse de 14,8 % en 2011.

Les secteurs à l'exportation traditionnellement porteurs sont les branches machines, métallurgie et textile-habillement (plus de 40 % des exportations) dont les ventes progressent respectivement de 2,9 %, 4,9 % et 2,6 % ; l'agro-alimentaire (7 % des ventes) est en hausse de 6,7 % et la pharmacie également en hausse de 12,5 %.

Le recul des achats italiens s'est particulièrement manifesté dans les importations de produits de la métallurgie (-11 %), le secteur transports et automobile (-21,3 %, la chute pour le seul secteur automobile atteignant -26,2 %) et l'informatique (-20,2 %).

Cette évolution témoigne d'une dualisation croissante du tissu entrepreneurial transalpin : les entreprises dont le marché est purement domestique souffrent à la fois de l'atonie de la demande et de la raréfaction du crédit tandis que les entreprises exportatrices maintiennent ou accroissent leurs parts de marché et soutiennent l'activité.

1. Un révélateur de l'efficacité des districts : le déficit commercial record de la France vis-à-vis de l'Italie en 2012

De façon générale, l'Italie est un partenaire de premier plan pour la France puisqu'elle est son deuxième client et son quatrième fournisseur. La part de marché française, après avoir perdu plus de trois points dans la première partie des années 2000 s'est stabilisée depuis quatre ans aux alentours de 8,3 %.

Le service économique régional de notre ambassade en Italie a analysé de façon précise le nouveau creusement, en 2012, de notre déficit commercial avec ce voisin européen.

L'activité en Italie a subi une forte contraction en 2012, avec un recul du PIB de 2,2 %, résultant d'une forte compression des moteurs internes de la croissance, consommation et investissement, entraînant un affaissement des importations. Dans ce contexte, les exportations françaises vers l'Italie ont reculé de 6,5 % - le plus fort repli parmi nos principaux partenaires commerciaux - alors que nos exportations ont progressé de 3,1 %. Les importations françaises en provenance d'Italie, qui avaient augmenté de 6,3 % en 2011, marquent également un repli de 1,3 % en 2012, avec une évolution inverse de celle de l'ensemble de nos importations (+0,9 %).

Au total avec des exportations françaises en recul plus prononcé que celui des importations, le déficit commercial de la France vis-à-vis de l'Italie s'est à nouveau dégradé en 2012 alors qu'il s'était légèrement réduit en 2011 : il s'établit à 4,6 milliards d'euros contre 2,8 en 2011.

Les composantes sectorielles de ce déficit sont particulièrement significatives de la puissance industrielle italienne.

D'une part, la France enregistre des contre-performances dans les secteurs stratégiques de l'automobile et l'agriculture

Certes, les exportations du secteur de la chimie, qui reste notre premier poste exportateur avec 14 % des ventes françaises, ont légèrement reculé, mais dégagent un excédent français de l'ordre de 2 milliards d'euros.

Cependant, les produits de l'agriculture et de l'agroalimentaire, représentant respectivement 7 % et 11 % de la valeur de nos ventes vers l'Italie avec un excédent structurel sur longue période, se sont repliés à l'exportation en 2012 : un tassement des excédents en est résulté (1,72 milliard d'euros pour l'agriculture contre 1,87 en 2011, et 0,484 milliard d'euros pour l'agroalimentaire contre 0,724 en 2011).

La baisse de l'excédent dans les matériels de transport (près de 13 % du total de nos exportations) est variable selon les branches : d'une part, les livraisons restent particulièrement dynamiques dans l'aéronautique (648 millions d'euros) et le matériel ferroviaire (273 millions d'euros), à l'inverse des exportations de véhicules automobiles qui accentuent leur décrochage de 2011 (-16 %), ramenant le surplus commercial de 1,51 milliard d'euros à 1,16 cette année.

D'autre part, les déficits traditionnels de la France (machines, textile, plastiques) se sont globalement accrus.

Les importations de machines , qui représentent plus de 14 % de nos achats, se stabilisent mais nos ventes sont en sensible repli, accentuant l'important déficit du secteur, à -3,3 milliards d'euros contre -3,2 en 2011.

Pour les autres secteurs italiens traditionnellement performants sur notre marché, le déficit français s'est globalement maintenu au même niveau ou légèrement creusé en 2012, comme pour le textile-habillement (11,7 % de nos importations, solde de -2,2 milliards d'euros), les plastiques (8,4 %, solde de -1,7 milliard d'euros) ainsi que l' électro-ménager (6,1 %, solde de -0,967 million d'euros).

En revanche, on observe un recul des importations de produits de la métallurgie (13 % de nos achats en provenance d'Italie) plus prononcé que celui des exportations, conduisant à une légère réduction du déficit (-1,29 milliards d'euros contre -1,39 un an auparavant).

EVOLUTION DES ÉCHANGES FRANCE-ITALIE PAR SECTEURS EN 2012

Source : SER de Rome, données Douanes françaises

Le nouveau Plan national pour l'exportation, présenté le 16 janvier dernier, a pour ambition d'augmenter de 9 % le montant des exportations d'ici 2015.

2. Le défi de l'exportation est principalement relevé par les micro-entreprises italiennes

Une des caractéristiques de l'Italie est de compter plus de 5 millions d'entreprises, réparties entre l'agriculture, l'industrie, le commerce et les services et la grande majorité d'entre elles (95 %) sont des micro-entreprises. Ces micro-entreprises ont, en grand nombre, pris des mesures draconiennes pour affronter des marchés toujours plus mondialisés, développer leurs gammes de produits et accroître leur flexibilité afin de se lancer sur les marchés internationaux. Les micro-entreprises sont devenues le fer de lance des exportateurs italiens

Le tissu industriel italien se distingue par l'importance du capitalisme familial et du réseau des petites entreprises. Parmi les 1,05 million d'entreprises industrielles italiennes recensées en 2010 (dont 58 % appartiennent au secteur de la construction), seules 1 549 emploient plus de 250 personnes. L'économie italienne, qui dispose de relativement peu de très grands groupes à l'échelle internationale - dix entreprises italiennes figurent parmi les 500 premières mondiales, contre 39 entreprises françaises et 37 allemandes - compte néanmoins quelques grands groupes emblématiques - dont Fiat, ENI, ENEL, Olivetti, Benetton, Finmeccanica... Cependant, le tissu industriel est principalement constitué par un réseau dense de PME (dont 89,7 % emploient moins de 10 personnes), véritables porte-drapeaux du savoir-faire italien, souvent regroupées au sein des 140 « districts industriels » et organisées en réseaux (412 contrats de réseaux signés en juin 2012). Ces dernières, qui font la force du système économique italien par leur dynamisme et leur savoir-faire, se caractérisent par une forte ouverture au progrès technique, une production ciblée et sur-mesure et une part importante de leur activité à l'exportation. Concentrées dans la plaine du Pô, de la Vénétie au Piémont en passant par la Lombardie et le Centre de l'Italie, les entreprises industrielles italiennes sont liées pour une part non négligeable d'entre elles par des liens de sous-traitance à d'importants groupes allemands qui jouent le rôle de « locomotives » à l'exportation.

A l'international, les petites entreprises ont modifié leur spécialisation et réorienté leur positionnement. La part des biens liés à la mode dans les exportations s'est ainsi réduite de 21,5 % en 1991 à 14 % en 2011, alors que celle des produits à plus forte intensité technologique a progressé de 61 % à 67 %. Sur le plan géographique, la part de l'Union européenne dans les exportations italiennes s'est réduite de 61,4 % en 2000 à 55,6 % en 2011 au profit des pays émergents à forte croissance dont la part s'est accrue de 21,3 % à 29,3 %.

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