AVANT-PROPOS

La France a une histoire politique, militaire, religieuse, culturelle, sociale mais aussi agricole, industrielle et technologique, qui lui vaut d'avoir accumulé un immense patrimoine archivistique.

Pendant des siècles, et nonobstant de très longues périodes de guerres, de crises politiques, de disettes et d'appauvrissement, des Français, conscients de leurs responsabilités, se sont attachés à conserver, préserver, sauver les documents qui intéressaient leur époque.

Dans le doute où ils étaient de leur importance, ils ont tout conservé, tout stocké, ce qui nous permet des siècles plus tard de connaître les faits importants mais aussi des faits infimes de la vie de tous les jours mais qui, avec le temps, ont pris pour nous une très grande valeur.

Quand on imagine la multiplicité des destructions, des incendies et des pillages qui nous privent d'une grande quantité d'objets, ce fut souvent de la chance d'en pouvoir conserver autant.

Quand on cite le devoir de mémoire, chacun pense avant tout au souci de conserver la mémoire d'évènements dramatiques où la France s'est trouvée engagée dans des situations fort différentes et qui ont profondément meurtri notre pays mettant en cause la responsabilité de telle ou telle politique ou de tel ou tel individu.

Mais on peut sans difficultés parler aussi, pour nous, d'un devoir de mémoire quand il s'agit de la gestion du patrimoine documentaire, des livres, des cartes, des plans et de toutes sortes d'objets produits par le savoir et les compétences humaines.

Sur le plan des individus, n'est-il pas essentiel pour nos concitoyens de pouvoir reconstruire la généalogie de leurs familles, de retrouver les traces de leurs ancêtres ?

La Révolution Française, tout en démantelant l'Église catholique de l'Ancien Régime, n'a-t-elle remplacé, sans délais, les registres paroissiaux qui notaient toutes les naissances, mariages et décès par ceux de l'état civil des communes ?

Or, identifier, classer, conserver, préserver, agencer, valoriser et faire connaître des archives est une tâche redoutable, une tâche sans fin et pleine de risques.

Le temps, la lumière, la poussière, l'humidité et la chaleur sont des ennemis des archives, comme le sont les moisissures ou le simple contact des mains ou des appareils de ceux qui les consultent.

La tâche des conservateurs d'archives est donc très difficile. Ils l'assument grâce à leur passion pour leur métier et à la qualité de leur formation.

Ces archives communales, départementales, régionales (pour les régions c'est un début), nationales vivent aux côtés de celles de nombreux autres organismes qui ont les mêmes fonctions, sociétés savantes, académies, entreprises publiques et privées.

Si la conservation des archives publiques produites par les services centraux de l'État relève normalement de la compétence des Archives nationales, qui dépend du ministère de la Culture, deux ministères disposent sur ce point d'une autonomie : le ministère des Affaires étrangères, avec les Archives diplomatiques, et le ministère de la défense avec, pour l'essentiel, le Service historique de la défense, sur lequel porte le présent travail de contrôle de la commission des finances du Sénat.

Le SHD a à connaître toutes les contraintes et toutes tâches qui ont été énumérées plus haut mais il connait aussi des spécificités importantes et des missions très particulières : le rapport les exposera et cet exposé surprendra surement.

Il faut dire que la nature même des archives qu'ils détiennent, la durée des périodes de l'Histoire de la France dans le monde qu'ils couvrent, les innombrables situations personnelles concernées, la sensibilité des problèmes soulevés donnent aux missions du SHD une connotation particulière.

Le rapport s'efforcera en les détaillant, de les mettre en valeur et de démontrer à quel point elles sont utiles et précieuses.

Jusqu'ici la France a su conserver en parfait état l'essentiel de ses archives.

Puisse-t-elle poursuivre ces efforts en dépit du fait que la crise économique et l'état préoccupant des finances publiques lui impose, dans ce domaine comme dans les autres, des restrictions budgétaires sévères et probablement persistantes.

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