DANS QUELLE MESURE LA PARTICIPATION AU PROCESSUS DE DÉCISION EST-ELLE UN MOYEN DE CHANGER LES COMPORTEMENTS INDIVIDUELS ?

M. Thierry Touchais, directeur général, Fondation Good Planet . La lutte contre les dérèglements climatiques ne peut pas, aujourd'hui, demeurer exclusivement liée à une approche technologique ou à l'avènement de nouvelles solutions fondées sur les sciences dures. Nous considérons, au sein de la Fondation que je dirige, que les sciences sociales et comportementales se situent réellement au même niveau. En effet, l'implication des citoyens dans les solutions proposées est liée à leur niveau de connaissance. Pour ce qui est du changement climatique, le dernier rapport du GIEC en est le socle. L'un de nos rôles d'ONG et de Fondation est, avec d'autres, de disséminer ces savoirs pour aller vers l'action, et ce, même si la connaissance à elle seule n'est, dans cette optique, pas suffisante.

Quid des solutions au niveau du processus de décision ? Excepté en cas de contrainte réglementaire, les citoyens décident eux-mêmes d'agir ou de ne pas agir, à leur façon. Je crois qu'un bel exemple à méditer est celui de l'économie participative et de la manière dont les innovations numériques (terminaux intelligents, nuage numérique ou cloud , web ) ont permis l'émergence d'une économie de partage, en matière de transport, d'outils, de services. Tous ces éléments témoignent d'une appropriation créative par les citoyens plutôt que d'une poussée technologique et contribuent à la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Il convient, par ailleurs, de noter que l'aspect législatif est, dans ce cas, quelque peu à la traîne. Il lui faut aujourd'hui suivre et s'adapter à ce nouveau cadre offert aux citoyens par les nouvelles technologies qu'ils s'approprient.

Nous sommes, au sein de la Fondation Good Planet , persuadés que le débat participatif constitue un élément fondateur, constructif, de l'appropriation et de l'avancée vers ces solutions. Les programmes que nous mettons en oeuvre comportent ainsi de très larges aspects participatifs. Nous avons, par exemple, pris l'initiative d'une conférence de citoyens qui rendra fin octobre 2015 sa charte sur le thème de l'alimentation, autour de la question : « Comment concilier plaisir, santé et climat ? ». Il faut, en effet, savoir que l'alimentation est à l'origine, pour la France, de 27 % des émissions de gaz à effet de serre, soit plus que les transports ou l'habitat.

Il s'agit là d'un élément de nature à changer les comportements individuels mais aussi susceptible d'influer sur les comportements de l'ensemble des acteurs des filières industrielles et institutionnelles dans le domaine alimentaire, afin d'aller vers une consommation plus responsable et de conduire les gens vers l'action. En effet, comme l'indique notre président, M. Yann Arthus-Bertrand, « agir rend heureux ».

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