III. LE « BREXIT », ET APRÈS ?

Un « Brexit » constituerait une rupture dans l'histoire de la construction européenne . Outre le fait que, comme semblent montrer les études disponibles à ce jour, une sortie du Royaume-Uni aurait des conséquences globalement négatives pour l'économie britannique et celles des autres États membres, un tel évènement serait de nature à contribuer au réveil de forces centrifuges susceptibles de venir menacer la pérennité du projet européen.

Aussi, dans la perspective du référendum du 23 juin prochain, différentes questions semblent devoir être explicitement posées. En premier lieu, quelle posture la France devrait-elle adopter dans l'hypothèse d'un « Brexit » ? En effet, si la décision souveraine du peuple britannique devrait, dans un tel cas, être pleinement respectée, il ne paraît pas inopportun de s'interroger sur les moyens de minorer les conséquences néfastes d'un tel évènement pour la situation tant économique que budgétaire de notre pays. En second lieu, dans la mesure où la tenue du référendum britannique vient révéler la fragilité actuelle de l'Union européenne, quelles inflexions et approfondissements devraient être envisagés concernant la construction européenne ?

A. SE PRÉSERVER DU PIRE, UN ENJEU POUR LA FRANCE

Dans l'hypothèse d'un « Brexit », il importerait que la France soit en mesure de « tirer son épingle du jeu » . Tout d'abord, notre pays devrait se mettre en mesure d'attirer les entreprises, notamment financières, susceptibles de vouloir quitter un Royaume-Uni détaché du marché unique. Ceci impliquerait, d'une part, la mise en oeuvre des réformes en matière fiscale, d'éducation, ou encore d'infrastructures qui permettraient de renforcer l'attractivité française pour les centres de décision 85 ( * ) et les activités à haute valeur ajoutée et, d'autre part, l'adoption d'une position consistant, lors d'éventuelles négociations en vue du retrait du Royaume-Uni, à limiter l'ouverture de l'Union aux services financiers des États non membres. Suivant cette même logique, les autorités françaises devraient susciter des évolutions réglementaires tendant à ce que les activités portant sur des transactions en euros soient localisées dans la zone euro .

Ensuite, une sortie du Royaume-Uni devrait inciter la France à remettre en question les effets du « rabais britannique » sur le poids de la contribution au budget de l'Union européenne des États membres restants . En effet, comme le fait apparaître le présent rapport, le mécanisme du « rabais sur le rabais » vient significativement accroître la contribution de pays comme la France, l'Italie, ou encore l'Espagne.


* 85 F. Toubal et A. Trannoy, « L'attractivité de la France pour les centres de décision des entreprises », Les notes du Conseil d'analyse économique , n° 30, avril 2016.

Page mise à jour le

Partager cette page