V. LA PROTECTION DES VICTIMES DE VIOLENCES

A. LES RÉFUGIÉS EN DANGER EN GRÈCE

Ce rapport a été présenté par Mme Tineke Strik (Pays-Bas - SOC). Selon elle, la Grèce se retrouve aujourd'hui coincée entre deux réalités brutales liées à la réponse d'une Europe paniquée à la crise des réfugiés et des migrants : d'une part, la fermeture par l'ex-République yougoslave de Macédoine de sa frontière avec le pays et, d'autre part, l'application imposée de l'accord Union européenne-Turquie dans les îles de la mer Égée. Du simple fait de sa position sur la carte, la Grèce doit supporter une charge totalement disproportionnée, alors qu'à tous les autres égards, elle est peut-être la moins bien placée de tous les États membres de l'Union européenne pour assumer cette responsabilité, compte tenu des dysfonctionnements de son système d'asile et des énormes difficultés qu'elle rencontre par ailleurs.

L'Union européenne, qui porte pourtant une grande part de responsabilité dans cette situation, n'a pas su apporter jusqu'à présent un soutien adéquat à la Grèce ni assurer un partage équitable des responsabilités entre ses États membres.

Les premières victimes sont les réfugiés et les migrants qui se retrouvent bloqués dans un pays incapable de leur assurer ne serait-ce qu'un niveau de protection minimal, privant ainsi des milliers de personnes de leur dignité humaine fondamentale. Et peu de signes laissent entrevoir une amélioration de la situation.

C'est pourquoi l'Assemblée parlementaire devrait appeler les autorités grecques, l'Union européenne et ses États membres ainsi que les autres États participant aux programmes de relocalisation de l'Union européenne, à prendre des mesures pour assurer le respect des droits fondamentaux des réfugiés et des migrants, soutenir les autorités et la société grecques et renforcer la solidarité entre pays européens en réponse à une crise qu'il nous faut reconnaître comme un problème européen et non uniquement grec.

Ce débat a été l'occasion d'entendre une intervention de M. Ioannis Mouzalas, ministre délégué à la Politique migratoire de la Grèce. Il a notamment évoqué l'effort fourni par la Grèce pour faire face à l'afflux massif de réfugiés, avec notamment 170 000 personnes sauvées par les garde-côtes grecs. Malgré le manque de temps, les autorités grecques ont tout de même réussi à fournir les biens et services de première nécessité à plus de 80 % des réfugiés. Leurs conditions d'hébergement sont en constante amélioration. Parallèlement, les structures permettant de traiter les demandes d'asile se sont développées. Il a toutefois regretté le peu d'aide dont a bénéficié la Grèce. En outre, il a plaidé en faveur de l'accord entre l'Union européenne et la Turquie pour limiter les arrivées sur le territoire grec, en affirmant que cet accord ne représente pas un danger pour les réfugiés. Il a également souhaité que les processus de relocalisation se développent. Enfin, il a pris l'engagement de trouver une solution adéquate pour accueillir les 350 enfants non accompagnés.

Le Secrétaire général du Conseil de l'Europe, M. Thorbjørn Jagland, est également intervenu lors de ce débat. Il a salué les efforts accomplis par la Grèce et rappelé qu'elle avait encore besoin de l'aide et de la solidarité des autres pays européens. Il soutient également l'accord entre l'Union européenne et la Turquie en souhaitant que, dans ce cadre, les droits des réfugiés soient garantis. Pour cela, il a nommé un représentant spécial qui se rend régulièrement sur place. Il a, en outre, évoqué ce qu'il appelle le « nationalisme législatif » : les États membres se dotent de lois en opposition avec les normes européennes, notamment sur le regroupement familial, empêchant alors des enfants seuls en Grèce de rejoindre leurs parents. Il a ainsi insisté sur la nécessaire mise en oeuvre des arrêts de la Cour européenne des droits de l'Homme pour éviter que les textes de loi ne soient toujours plus nationalistes. Enfin, il s'est félicité de l'action de la Banque de développement du Conseil de l'Europe qui a permis la création de trois centres d'accueil dans les îles grecques.

M. Bernard Fournier (Loire - Les Républicains) reconnaît que la situation des réfugiés en Grèce est dramatique malgré les efforts des Grecs qui font de leur mieux pour gérer l'afflux massif de réfugiés, dans un contexte budgétaire difficile. Pour lui, ce n'est pas l'Union européenne qui a failli dans la gestion de cette crise, mais certains États membres qui ont refusé de faire preuve de solidarité. Toutefois, l'Union doit prendre les mesures nécessaires pour protéger ses frontières extérieures avec un dispositif policier mieux adapté à la situation.

Mme Marietta Karamanli (Sarthe - Socialiste, républicain et citoyen) a mis en avant l'action de l'Union européenne face à la crise des migrants avec la création des hot spots et les opérations maritimes menées en mer Méditerranée qui ont sauvé de la mort des milliers de personnes. Elle a également dénoncé l'attitude égoïste de certains États européens qui ont refusé de participer à l'effort commun de solidarité pour faire face à l'afflux de réfugiés.

Mme Nicole Duranton (Eure - Les Républicains) s'inquiète de la situation des réfugiés dans les centres de rétention où les conditions de vie sont d'autant plus difficiles que la Grèce n'a pas la capacité d'accueillir autant de personnes. En outre, les réfugiés risquent d'être renvoyés en Turquie, pays qui n'est pas nécessairement sûr pour eux. Dès lors, l'Union européenne et ses États membres doivent faire preuve de solidarité et fournir les moyens matériels et humains dont la Grèce a besoin.

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