II. L'AUSTRALIE ET LA FRANCE AU SEIN DE L'INDO-PACIFIQUE

A. UN ESPACE OÙ SE DÉPLOIE LA POLITIQUE AUSTRALIENNE

1. L'Australie : une puissance moyenne traditionnelle en zone indo-pacifique
a) Des caractéristiques de puissance moyenne traditionnelle
(1) Une puissance occidentale

Au titre de sa politique étrangère réaliste et libérale, l'Australie est généralement considérée comme une puissance moyenne sur la scène internationale. Elle défend le droit international, un ordre mondial stable, libéral et prospère. Elle est une nation commerçante avec un lien stratégique solide avec les puissances occidentales. Son héritage occidental est particulièrement présent et se décline sur les plans politique, diplomatique et culturel. Son statut d'ancienne colonie britannique et son partenariat traditionnel avec les États-Unis lui donnent au sein de la zone indo-pacifique une image résolument occidentale.

L'Australie bénéficie d'un accès direct aux océans Indien et Pacifique, au croisement de lignes de démarcation géopolitiques d'importance croissante, ainsi que d'un statut d'île-continent ne partageant aucune frontière terrestre avec ses voisins ce qui influe sur les relations qu'elle entretient avec eux.

Tissant des liens avec des organisations internationales et multipliant les accords bilatéraux ou multilatéraux avec l'Europe et les États-Unis, l'Australie conforte sa place au sein du concert des nations. En 2014, elle a présidé le G20 et a reçu à Brisbane le sommet des leaders. Pour autant, elle fait preuve d'une autonomie relative à l'égard des grandes puissances qui s'affirment au fur et à mesure des années.

(2) Ancrée dans sa zone géographique

L'alliance traditionnelle de l'Australie avec les États-Unis ne se dément pas, mais s'accommode d'un certain pragmatisme, et cherche à s'ancrer dans la zone indo-pacifique : l'Australie a ainsi choisi de soutenir la banque asiatique d'investissement pour les infrastructures portées par la Chine. Le Japon est son deuxième partenaire économique, l'Indonésie et l'Inde sont des partenaires économiques significatifs.

L'Australie redéfinit depuis plusieurs années son ancrage dans le monde asiatique pour prendre en compte ses récentes évolutions. Elle a ainsi modifié « sa position d'extériorité en une position d'action et d'engagement dans son voisinage en vue de se tailler une place dans ce que Canberra pense devoir être le « siècle asiatique » selon son Livre blanc » 46 ( * ) . Le monde asiatique n'est ainsi plus seulement vu comme un environnement hostile mais aussi comme une source d'opportunités. L'Australie semble se situer au bon endroit au bon moment dans la région asiatique durant le siècle asiatique 47 ( * ) .

En tant que puissance moyenne, l'Australie tente d'avoir une bonne gestion de son environnement proche. C'est l'objectif de base de sa politique d'influence. À ce titre, les États du Pacifique représentent pour l'Australie un défi multiforme mêlant pauvreté et États fragiles, voire faillis, sécurité énergétique, instabilité politique et problèmes environnementaux. L'Australie craint l'effet domino, c'est-à-dire la propagation d'une instabilité d'un archipel à l'autre, d'un pays à l'autre. C'est pour cela que la politique australienne s'exprime par un vaste programme de coopération pour le développement, présenté ci-dessus, par des missions d'assistance au service du renforcement de la stabilité politique de son environnement.

b) Les États-Unis : allié traditionnel et premier partenaire stratégique à ce jour
(1) Une alliance issue de la seconde guerre mondiale

Depuis la Seconde guerre mondiale, l'alliance traditionnelle avec les États-Unis demeure la clef de voûte de la politique étrangère australienne et constitue une garantie de stabilité et d'équilibre dans la région, après le retrait progressif du Royaume-Uni de cette zone 48 ( * ) .

En 1951, une alliance de sécurité a d'ailleurs lié l'Australie et la Nouvelle-Zélande aux États-Unis : l'ANZUS. Depuis les années 1980, les États-Unis considèrent que le traité est suspendu entre les États-Unis et la Nouvelle-Zélande, suite au refus de la Nouvelle-Zélande de laisser croiser dans ces eaux des navires à propulsion nucléaire. Le traité trilatéral a donc peu de sens à ce jour, et a cédé la place à des rapports bilatéraux entre Washington et Canberra, d'une part, et Wellington et Canberra, de l'autre.

Un dialogue politico-militaire est structuré autour d'une réunion ministérielle annuelle dite 2+2 entre les États-Unis et l'Australie. La puissance de ce lien historique conduit les États asiatiques à ne voir parfois en l'Australie qu'un « protectorat américain » 49 ( * ) . Et l'Australie à se demander comment s'assurer du soutien d'une puissance lointaine pour se prémunir de dangers proches. Canberra doit donc gérer une constante oscillation entre une histoire commune avec les États-Unis et l'Europe et la réalité proche de son environnement asiatique.

Pour consolider son influence dans le Pacifique, Washington s'est toujours appuyé sur un partenaire clé, l'Australie, sur la base de ce que l'on a appelé le « système de San Francisco ». Ce système a fourni les assurances nécessaires au développement du commerce, de la prospérité de l'Australie, qu'elle aurait pu défendre seule : stabilité régionale, garantie de la liberté de navigation, protection des routes maritimes.

(2) Une relation économique et stratégique étroite

La visite du Président américain en Australie, en novembre 2011, et les annonces qui ont été faites à cette occasion, relatives au premier déploiement d'un contingent de 250 marines américains près de Darwin dans le nord du pays en avril 2012, avec une progressive montée en puissance du dispositif pour atteindre 2 500 soldats d'ici 2016-2017, ont confirmé ce lien privilégié.

L'Australie est le seul pays à avoir pris part à tous les engagements américains en Asie depuis la fin de la 2 e guerre mondiale que ce soit en Corée, au Vietnam, en Irak ou en Afghanistan 50 ( * ) . L'Australie a ainsi déployé 2 000 hommes en Irak entre 2003 et 2009, 1 500 hommes en Afghanistan entre 2001 et 2013. L'Australie participe à la coalition contre le groupe terroriste État islamique avec 600 hommes dont 200 appartenant aux forces spéciales, et huit avions de chasse F-18 en 2014.

Ce lien politique est renforcé par des relations économiques dynamiques qui s'appuient sur l'accord de libre-échange, entré en vigueur au 1 er janvier 2005. Cet accord est très large puisque 99% des produits manufacturés américains et 97% des produits manufacturés australiens sont exemptés de droits de douane. Les États-Unis sont le 3 e partenaire économique de l'Australie.

L'Australie articule sa réflexion géostratégique en s'appuyant sur sa relation de défense privilégiée avec Washington, qui se traduit concrètement par une coopération opérationnelle renforcée dans le Pacifique où l'US Navy entend concentrer 60% de ses capacités d'ici 2020, par la multiplication des exercices militaires conjoints, etc. On dénombre une quarantaine d'escales de bâtiments américains en Australie par an. Les déploiements de chasseurs et de bombardiers sont réguliers dans le nord du pays. La stratégie du pivot américain, initiée par l'administration Obama à l'automne 2011 51 ( * ) , confirme que les États-Unis souhaitent demeurer un acteur de plus de premier plan dans la région Inde Pacifique, garantissant la stabilité et la prospérité. L'Australie a accentué sa coopération avec les États-Unis dans la lutte contre le terrorisme, la cybercriminalité et le crime organisé notamment.

En septembre 2014, les États-Unis et l'Australie ont signé le Force Posture Agreement qui prévoit la mise en place d'exercices conjoints interarmées en matière de sécurité et confirme le déploiement de 2 500 marines sur la base de Darwin. Cela s'ajoute aux structures dont les États-Unis ont déjà l'usage en Australie, telles que la station de suivi satellite et d'écoute de Pine Gap , ainsi que certaines autres infrastructures militaires : la station de North West Cape , les terrains de Bradshaw et de Yampi Sound , par exemple.

(3) Un avenir teinté d'incertitude ?

Si les États-Unis demeurent à ce jour l'allié inconditionnel de l'Australie, ainsi que l'ont maintes fois répété le premier ministre Malcolm Turnbull lors de sa visite à Washington en janvier 2016 et le vice-président Joe Biden lors de sa visite à Canberra en juillet 2016, la Chine occupe une place à part dans la politique étrangère australienne. Des débats existent en Australie parmi les tenants d'un positionnement plus équilibré avec la Chine.

L'annonce 52 ( * ) du président élu Donald Trump du retrait des États-Unis du traité de libre-échange transpacifique, signé fin 2015 entre les États-Unis et 12 pays du Pacifique, à l'exception de la Chine, pourrait amoindrir la crédibilité de Washington dans le Pacifique et laisser la voie libre à la Chine.

Conforme au programme électoral de Donald Trump, ce retrait semble donner un coup d'arrêt à l'ambition d'un « pivot asiatique » mise en oeuvre par la diplomatie américaine sous les présidences de Barak Obama. Cette donnée nouvelle accroît encore le besoin d'autonomie dans l'expression de la souveraineté australienne, comme l'ont constaté vos rapporteurs lors de leur déplacement en septembre en Australie.

2. Le voisinage asiatique de l'Australie
a) Le Japon : un partenaire important
(1) Une impulsion américaine

Depuis 2007, la coopération s'est largement développée entre le Japon et l'Australie, grâce à l'impulsion de la volonté américaine notamment.

L'Australie entretient désormais des relations solides et étroites avec le Japon, fondées sur des échanges politiques nourris et sur une coopération bien établie en matière de sécurité régionale : le dialogue stratégique Japon/Australie/États-Unis lancé en 2002, a été renforcé par la déclaration bilatérale de sécurité de 2007 qui a permis la mise en place d'un dialogue 2+2, affaires étrangères et défense. L'année 2007 a également été marquée par une initiative conjointe en matière de non-prolifération nucléaire.

(2) Une relation qui s'approfondit

L'année 2011 a encore marqué un approfondissement de la relation entre l'Australie et le Japon en raison du soutien de l'Australie lors du tremblement de terre et ses conséquences dramatiques à Fukushima. L'opinion publique japonaise a été marquée par l'intervention australienne. La dynamique de la relation bilatérale de défense en a été renforcée.

À cela s'ajoute que l'accueil des marines américains à Darwin permettant de réduire leur présence à Okinawa est accueilli favorablement par le Japon ; il est un véritable réseau d'amitié prospère au sein des états-majors japonais et australiens, parmi des personnalités le plus souvent formées dans les écoles américaines.

En ce qui concerne les relations économiques, le Japon est le premier marché à l'exportation australienne, notamment pour les biens agricoles non transformés. Les deux pays ont signé, en juillet 2014, un accord de libre-échange. La présence de 10 000 étudiants japonais en moyenne chaque année en Australie et le fait que le japonais soit la première langue étrangère apprise en Australie contribuent également à la dynamique des relations bilatérales.

b) La Chine : à la recherche d'une relation équilibrée
(1) La recherche d'une relation constructive

L'Australie tente d'équilibrer au mieux ces deux relations majeures : son partenariat stratégique avec les États-Unis et ses relations avec la Chine, très fortes dans le domaine économique, pour défendre au mieux ses intérêts dans une vision pragmatique. L'Australie participe par exemple aussi bien aux négociations commerciales autour du Trans-Pacific Partnership (TPP) qu'à celles du Régional Comprehensive Partnership (RCEP) pourtant concurrentes, comme déjà vu. L'Australie a aussi choisi de soutenir la banque asiatique d'investissement pour les infrastructures portées par la Chine malgré les réticences américaines.

La relation de l'Australie avec la Chine est relativement complexe dans la mesure où leur relation économique est cruciale pour la croissance australienne, alors que, dans le même temps, la montée en puissance de la Chine, sa militarisation, son attitude en Mer de Chine méridionale constituent des facteurs d'inquiétude pour tous les voisins de la Chine y compris l'Australie.

Un espace de dialogue a été créé avec la mise en place d'une rencontre annuelle entre Premiers ministres chinois et australien et d'un dialogue ministériel sur les questions économiques, de politique étrangère et de défense sur la base d'un « partenariat stratégique » signé en avril 2013 pour dix ans. Aucun des analystes rencontrés lors de notre déplacement n'a fait mention de ce dialogue, et de ses résultats.

Les deux pays ont également signé un accord de convertibilité directe entre le dollar australien et le yuan. Le dollar australien est ainsi devenu la troisième monnaie à bénéficier de ce régime après le dollar américain et le yen japonais.

(2) Une trop forte dépendance économique ?

En 2014, les deux tiers de la croissance des exportations australiennes ont été tirés par la Chine qui est le premier client et le premier fournisseur de l'Australie. Elle a absorbé 34% des ventes australiennes en 2014 contre à peine 12% en 2005.

La Chine est également devenue le premier investisseur en Australie, Canberra arrivant au sixième rang des partenaires économiques pour Pékin avec 77 milliards de dollars australiens. Pour l'avenir, l'Australie espère voir sa croissance progresser grâce à l'augmentation du pouvoir d'achat en Chine qui pourrait constituer un débouché pour l'agriculture australienne.

De même l'éducation des élites chinoises dans les universités australiennes constitue une source importante de revenus. Il convient d'ailleurs de noter que la diaspora chinoise est nombreuse 53 ( * ) . L'Australie accueille 150 000  étudiants et près d'un million de touristes chinois par an. La communauté chinoise est évaluée à près de 700 000 personnes en 2016, soit 2,9 % de la population australienne.

L'Australie est le seul pays développé ayant un excédent commercial conséquent avec la Chine de 34 milliards de dollars américains en 2013 grâce à ses exportations de matières premières. La Chine et l'Australie ont ainsi construit un partenariat productif qui s'est développé en une relation commerciale complémentaire à hauteur de 142 milliards de dollars australiens en 2013, soit 100 milliards en exportations et 42 milliards en importations. Ainsi, selon certains analystes, l'Australie « partage avec la plupart de ses voisins du sud-est asiatique le douteux privilège de ne plus seulement profiter du commerce avec la Chine, mais d'en dépendre » 54 ( * ) .

(3) Les inquiétudes australiennes

Il apparaît à vos rapporteurs que l'Australie pourrait se sentir dépendre de la bonne santé des relations sino-américaines, avec une certaine méfiance vis-à-vis du partenaire chinois. L'Australie mesure les ambitions chinoises en termes d'influence dans la zone indo-pacifique et souhaite amener la République populaire de Chine à une plus grande transparence sur ses intentions.

Certains analystes parlent même de la nécessité pour la Chine de présenter des « mesures de réassurance » envers ses voisins. La propension de la Chine à investir dans les pays de la zone indo-pacifique pour soutenir leur développement suscite de réelles interrogations, selon les informations recueillies par vos rapporteurs lors de leurs déplacements en Australie. La question d'une éventuelle contrepartie à ces investissements en termes d'influence politique a été soulevée.

c) L'émergence d'un nouveau partenariat stratégique avec Singapour

En 2015, l'Australie a signé un nouveau partenariat stratégique avec Singapour renforçant les Five Power Defence Arrangements signés en 1971 et liant le Royaume-Uni, l'Australie, la Nouvelle-Zélande, la Malaisie et Singapour en cas d'agression de la Malaisie ou de Singapour. La coopération dans le domaine de la défense se traduit également par l'entraînement dans le nord de l'Australie d'une partie des pilotes singapouriens. Un récent accord a été signé afin de permettre aux forces terrestres singapouriennes de venir également s'entraîner en Australie, Singapour finançant 1,5 milliard d'euros d'infrastructures dans cette perspective afin que soient formés annuellement jusqu'à 14 000 de ses militaires. Selon les informations recueillies par vos rapporteurs, Singapour est qualifié de partenaire le plus avancé ( « most advanced partner ») en Asie du Sud-Est.

Depuis 2003, un accord de libre-échange régit les relations commerciales entre les deux pays. Il a été renforcé en 2004, 2011 et 2015.

3. L'arc de « voisinage indo-pacifique »
a) Du Pacifique Sud au tropisme indo-pacifique de l'Australie
(1) L'Australie pays « poids lourd » du Pacifique

Vos rapporteurs ont constaté le très fort tropisme indo-pacifique de l'Australie lors de leurs différents entretiens.

Une pensée stratégique basée sur la « tyrannie de la distance » 55 ( * ) a fondé une politique australienne dans le Pacifique sud traditionnellement marquée par l'isolement géographique du reste du monde. L'alliance traditionnelle avec les États-Unis a longtemps conforté l'Australie dans la nécessité d'assumer une certaine responsabilité régionale, ce que le premier ministre John Howard alors en poste avait formalisé en parlant de la « responsabilité particulière » de l'Australie dans le Pacifique sud.

Comptant pour environ 95 % du PIB et 98 % des dépenses de sécurité et de défense, 60 % de la population et 60 % de l'aide au développement, l'Australie est l'acteur dominant du Pacifique sud. De fait, elle a multiplié les déploiements de forces 56 ( * ) dans la zone jusqu'au début des années 2000 et entretient aujourd'hui des programmes de coopération de défense et de développement avec de nombreux États insulaires du Pacifique. Elle est le principal acteur humanitaire dans la région comme l'a confirmé l'importance des moyens qu'elle a déployés aux îles Fidji après le passage du cyclone Winston en février 2016.

En 2014, le Premier ministre alors en poste Tony Abbott avait réorienté l'aide au développement australienne vers la zone du Pacifique Sud au détriment de l'Afrique. Malcolm Turnbull qui lui a succédé au poste de Premier Ministre a poursuivi dans cette voie en créant en septembre 2015 un portefeuille ministériel dédié au Pacifique, sous la tutelle des affaires étrangères avec les priorités suivantes : l'intégration économique régionale des États insulaires, la gestion des risques climatiques, l'amélioration de la condition des femmes et la communication vers l'opinion publique australienne trop peu sensibilisée aux enjeux du Pacifique sud. Coprésidant en 2016 le Fonds vert pour le climat de l'ONU, l'Australie a orienté ses investissements vers le Pacifique sud et a annoncé la mise à disposition d'un milliard de dollars australiens sur les 5 prochaines années pour favoriser la résilience climatique des pays du Pacifique 57 ( * ) .

(2) Une image de grand voisin difficile à gérer

L'importance du déséquilibre existant entre l'Australie et les petits États insulaires du Pacifique, la disproportion dans tous les domaines, tant les équilibres de population que les équilibres économiques ou de défense, ont conduit à une perception quasi hégémonique du grand voisin australien. De fait, les relations de l'Australie avec son voisinage sont assez délicates et ne sont pas simplifiées par la sensibilité des liens avec son ex-colonie de Papouasie-Nouvelle-Guinée 58 ( * ) . Les défis de la politique de voisinage australienne portent donc sur les questions de développement, les questions identitaires et humanitaires et les questions de gouvernance de la zone.

La création en 2011 du Forum de développement des îles du Pacifique, initiative concurrente fidjienne au Forum des îles pacifiques 59 ( * ) , visait à permettre aux États et territoires insulaires du Pacifique sud de se réunir entre eux, sans leur grand voisin.

Aujourd'hui, les petits États du Pacifique sud semblent enclins à développer une nouvelle voie collective propre dans une dynamique renouant avec celle des années 1970 et une attitude très pragmatique dans la recherche de nouveaux partenaires.

La perception de la politique australienne dans le Pacifique sud n'est pas sans ambiguïté, entre besoin d'aide et besoin d'autonomie, les pays riverains de la zone oscillent.

(3) Une réorientation vers l'indo-pacifique

Ceci amène l'Australie à épouser plus globalement les problématiques de la région indo-pacifique. Y contribuent :

- ses intérêts économiques bien compris,

- l'accroissement ambivalent des investissements chinois,

- les tensions dans le Sud-Est asiatique où l'Australie a ses principaux intérêts commerciaux, notamment en Indonésie,

- les interrogations autour du rôle qu'entend jouer dans cette région la Russie,

- l'intensification des risques sécuritaires qu'il s'agisse du terrorisme islamiste, de la criminalité transnationale ou des pressions migratoires 60 ( * ) ,

- les conséquences du réchauffement climatique. Les États du Pacifique ont développé une voix forte sur ce sujet qui a notamment été entendue lors de la COP 21 qui s'est déroulée à Paris en décembre 2015.

Toutes ces questions ne peuvent pas se régler dans le seul Pacifique Sud mais demandent une perception globale, indopacifique. Ceci confirme une tendance observée depuis plusieurs années au cours desquelles l'Australie a semblé redéfinir son ancrage dans le monde asiatique et a marqué sa volonté d'y jouer un rôle structurant, s'efforçant d'élargir ses partenariats bilatéraux et d'inscrire sa politique étrangère dans un cadre multilatéral régional. On l'a vu, l'Australie a ainsi conclu un partenariat global avec l'ASEAN en 2007 et a signé avec la Nouvelle-Zélande et l'ASEAN un accord de libre-échange en 2009 qui prévoit une levée des droits de douane sur 96 % des échanges commerciaux. Membre fondateur du Forum régional de l'ASEAN ( Asean Regional Forum - ARF). L'Australie participe aux réunions des ministres de la Défense ( Asean Defence Ministers Meeting Plus ADMM+), mais également aux Sommets de l'Asie orientale. Au niveau bilatéral, l'Australie a signé des accords de libre-échange avec ses principaux partenaires asiatiques (Chine, Japon, Corée).

b) Le Timor-oriental

Les relations de l'Australie avec le Timor-oriental sont contrastées. Les questions liées au tracé de la frontière maritime entre les deux pays et au partage des richesses gazières du Timor avec l'Australie sont sources de nombreuses frictions. Petit pays de 1,2 million d'habitants en 2014, situé au nord de l'Australie, le Timor oriental est un des pays les plus pauvres d'Asie. Il est riche en ressources pétrolières mais son développement dépend du règlement du litige qui l'oppose à l'Australie.

Canberra avait reconnu « de facto » l'annexion du Timor-Est par l'Indonésie et avait conclu en 1989, avec l'Indonésie de Suharto, un traité sur le partage des eaux de la mer de Timor qui lui était favorable. La Cour Internationale de Justice, saisie par le Portugal qui considérait que cet accord était illégal, s'était déclarée incompétente.

Une série d'accords bilatéraux a ensuite été conclue entre l'Australie et le Timor nouvellement indépendant pour régler la question de l'exploitation de gisements d'hydrocarbures dans des zones de la mer de Timor disputées entre les deux pays. Un premier accord signé en 2002, le jour de l'indépendance de Timor, créait une zone conjointe d'exploitation pétrolière ( Joint Petroleum Development Area - JPDA) de 61 000 km 2 dont 90 % des ressources revenaient au Timor. L'accord d'utilisation concernant la zone de « Greater Sunrise » attribuant 82 % des revenus à l'Australie a été modifié en 2006 par le traité CMATS ( Certain Maritime Arrangements in the Timor Sea ) qui porte la part des revenus à égalité (50 %) pour chaque pays. Le Timor a depuis engagé une procédure arbitrale pour faire déclarer le traité invalide au motif qu'il n'aurait pas été négocié de bonne foi par l'Australie.

c) Indonésie

L'Indonésie, voisin immédiat, quatrième puissance démographique mondiale, constitue un enjeu géopolitique majeur et un partenaire économique significatif pour l'Australie. Les deux pays sont liés par un partenariat stratégique global depuis 2010. La relation bilatérale a été affectée par les écoutes australiennes du Premier ministre indonésien et de sa famille mais aussi par l'exécution, en avril 2015, de deux Australiens condamnés à mort pour trafic de drogue.

Ce pays était le 12 e partenaire économique de l'Australie en 2014 et le premier bénéficiaire de l'aide australienne. Compte tenu de la croissance économique et du déploiement stratégique de Jakarta dirigée vers la consolidation d'un statut international régional dans un premier temps puis de plus en plus mondial, il paraît être dans l'intérêt de l'Australie de maintenir les aspects de la coopération existante et d'approfondir les autres facettes d'un partenariat stratégique plus complet.

La récente visite de Malcolm Turnbull à Djakarta a ouvert la voie à un nouveau départ dans cette relation bilatérale. La coopération entre les polices indonésienne et australienne s'est beaucoup développée après les attentats de Bali en 2002. Sur les 202 victimes, 88 étaient australiennes. Aujourd'hui, cette coopération touche également des domaines militaires tels que la formation des cadres indonésiens et la coopération entre centres de recherche. La coopération dans le domaine de la lutte contre le terrorisme islamiste est un sujet de préoccupation du gouvernement australien.

d) Inde

L'Inde est désormais le 10 e partenaire économique de l'Australie. À l'occasion de la visite du Premier ministre australien en novembre 2009, les relations politiques ont été élevées au niveau de partenariat stratégique. Le renforcement des relations politiques s'appuie sur un solide partenariat scientifique entre les deux pays et sur une importante communauté indienne en Australie soit 450 000 personnes, dont 56 000 étudiants, ce qui représente 11% des étudiants étrangers en Australie.

Outre le rapprochement économique opéré avec l'Indonésie et les autres pays de l'ASEAN, l'Australie tente de développer de nouveaux marchés d'exportation, notamment vers l'Inde. Cette évolution a longtemps été freinée par le refus australien de vendre de l'uranium à une Inde non signataire du traité de non-prolifération nucléaire. Les exportations australiennes vers l'Inde comprennent déjà du gaz et de nombreuses matières premières telles que le charbon, le cuivre et l'or. Ces deux pays partagent des intérêts communs pour la sécurité des routes maritimes et la lutte contre la piraterie. Tous deux souhaitent le développement de leurs relations économiques. Enfin, ils se rejoignent dans une certaine méfiance envers les ambitions géostratégiques de la Chine.

4. Le Livre blanc australien : un plan d'équipement militaire conséquent
(1) Un effort supplémentaire de 20 milliards d'euros en 10 ans

Avec 24 millions d'habitants, l'Australie est le 52 e pays au classement des pays par population. En 2014, elle disposait déjà du 11 e budget militaire mondial avec 33 milliards de dollars, soit 22 milliards d'euros.

Le dernier Livre blanc australien a été publié le 25 février 2016 61 ( * ) , il s'agit du troisième opuscule en 7 ans. Ce Livre blanc de la Défense australienne prévoit une augmentation de près de 20 milliards d'euros en 10 ans du budget militaire en réaction au changement de paradigme en Asie du Sud-Est et des défis qui en découlent.

L'Australie a décidé d'augmenter ses dépenses militaires car elle s'inquiète à la fois :

- la possibilité de la fin de la supériorité américaine dans la zone, quand bien même le « pivot américain » a affirmé l'importance accordée par les États-Unis à cette zone,

- et de la présence militaire renforcée de Pékin en mer de Chine.

Ce Livre blanc fixe les orientations stratégiques et la feuille de route de la politique de défense de l'Australie à l'horizon de 2035. Il comprend une analyse de l'environnement stratégique et de ses évolutions probables, détaille les objectifs des forces armées et des services de l'administration consacrés à la sécurité et à la défense, et comprend une planification du développement des capacités matérielles et humaines ainsi que les ressources financières qui devront y être allouées.

b) L'analyse stratégique de son environnement par l'Australie
(1) Les 4 cercles d'analyse des menaces

L'analyse de l'environnement stratégique se ventile en quatre cercles concentriques :

- l'échelle domestique qui comprend le territoire national et la zone économique exclusive, même si une attaque de grande ampleur à cette échelle est estimée peu probable ;

- le voisinage immédiat qui s'étend des îles du sud-est asiatique à celles du Pacifique sud ;

- l'arc régional qui s'étend de l'océan Indien à l'océan Pacifique ;

- l'international avec l'engagement militaire australien au Moyen-Orient et en mer d'Arabie, en Afghanistan, et dans les opérations de maintien de la paix (OMP) sur le continent africain.

Cette analyse des menaces exprime une volonté de s'engager aussi bien sur le théâtre asiatique qu'à un niveau global à travers des coalitions internationales.

L'Australie précise les valeurs que sa politique de défense et, par extension, sa politique étrangère, doivent promouvoir. Lors de la présentation de ce Livre blanc, Malcolm Turnbull, Premier ministre a ainsi rappelé que l'Australie a « un intérêt particulier, fort et vital au maintien de la paix, de la stabilité et au respect de l'État de droit ». Valeurs que la France partage elle-aussi. Au-delà de la souveraineté territoriale et maritime, l'Australie est donc attachée à un ordre international fondé sur le droit et à la résolution pacifique et négociée des tensions diplomatiques et des conflits. Ces deux éléments doivent permettre d'assurer la stabilité politique, la paix et la sécurité, pour produire un cadre favorable à la prospérité économique qui repose, notamment à l'échelle régionale, sur la liberté de circulation maritime et aérienne. Le Livre blanc revient à plusieurs reprises sur les formidables perspectives économiques de la région indo-pacifique.

(2) Les six facteurs de menaces pesant sur son environnement stratégique

L'Australie identifie les éléments pouvant déstabiliser la région tels que la possibilité d'un conflit sino-américain, la Corée du Nord, les menaces terroristes, les conflits territoriaux dans le Pacifique, la course aux armements, qui a déjà été citée ci-dessus, et les cyberattaques. Elle identifie donc six facteurs principaux susceptibles de façonner son environnement stratégique jusqu'à l'horizon 2035.

Le premier facteur est la fragilité de l'équilibre entre les États-Unis et la Chine.

Selon l'analyse australienne, les États-Unis, allié principal du pays 62 ( * ) , devrait chercher à se maintenir au rang de première puissance militaire et économique mondiale et accroître leur implication dans la région indo-pacifique en faveur de la stabilité et de la prospérité. La Chine devrait rapidement devenir la première puissance militaire asiatique sur le plan quantitatif, mais aussi qualitatif et ses ambitions en termes d'influence régionale et internationale devraient croître en même temps que ses moyens. L'Australie souhaite dans cette perspective que la Chine fasse preuve d'une plus grande transparence sur ses intentions et de responsabilité pour « ré-assurer » les autres pays riverains. L'Australie prend cependant soin de valoriser l'engagement croissant de la Chine dans les OMP et les opérations humanitaires et de secours. L'Australie note que les États-Unis et la Chine développent une coopération croissante sur le plan de l'intégration économique et sur certains aspects sécuritaires (lutte anti-piraterie, opérations humanitaires et de secours, etc.) et favorisent les instances de dialogues. Dans cette perspective, un affrontement direct semble peu probable, mais l'Australie estime qu'il conviendra d'observer l'évolution des frictions concernant les espaces maritimes des mers de Chine orientale et méridionale ainsi que sur la régulation des activités spatiales et cyber-spatiales. Il est intéressant de noter que, alors qu'elle était opposée jusqu'ici à l'utilisation de l'arme atomique en Asie du Sud-Est, l'Australie, pour réaffirmer un partenariat privilégié avec les États-Unis, pourrait modifier sa position sur la dissuasion nucléaire américaine.

Le second facteur d'instabilité selon l'analyse australienne réside dans la compétition interétatique et les attitudes « égoïstes » dont font preuve certains États au détriment de l'ordre juridique international. L'Australie mentionne ici l'attitude de la Corée du Nord et, dans une moindre mesure, celle de la Russie dans le conflit ukrainien. La Chine n'est ici pas évoquée.

Le troisième facteur concerne les menaces engendrées par les acteurs non-étatiques telles que la piraterie, le crime organisé et surtout le terrorisme. OEuvrant dans les sanctuaires qu'offrent les zones de non-droit, en Afrique et au Moyen-Orient essentiellement, ces acteurs non-étatiques constituent également une menace dans le voisinage immédiat, particulièrement en Indonésie, et sur le territoire national avec le retour de résidents-nationaux partis faire le djihad ou avec les phénomènes de radicalisation.

Le quatrième facteur est la fragilité de certains États (cf. supra), qu'elle soit engendrée par les déséquilibres économiques internationaux, la criminalité, les problèmes sociaux, environnementaux, notamment en raison du changement climatique, ou de gouvernance. La fragilité étatique est présentée comme une source potentielle de déstabilisation régionale et un terreau favorable au développement des acteurs non-étatiques mentionnés précédemment.

La course aux armements constitue le cinquième facteur (cf. supra). L'Australie doit combler son retard en la matière alors que le rythme de modernisation des équipements et des capacités militaires est soutenu dans la région, l'Asie étant devenu le continent le plus dépensier sur le plan de la défense.

Le dernier facteur est incarné par les menaces « dématérialisées » notamment à l'oeuvre dans le cyberespace, qui ciblent les systèmes et infrastructures d'information et de communication.

c) Priorités et équipements
(1) Des objectifs ambitieux

En réaction à cet environnement stratégique et à ses évolutions, les forces armées australiennes doivent poursuivre, selon le Livre blanc, les quatre objectifs suivants, classés par ordre de priorité :

- défendre le territoire national. Cela passe à la fois par la protection des frontières et des ZEE, mais aussi par la lutte anti-terroriste sur le territoire national et, enfin, par la capacité de concourir à des opérations de secours en cas de catastrophe sur le territoire ;

- participer à la stabilité régionale et à la sécurité internationale ;

- pouvoir faire face aux menaces spatiales et cyber-spatiales ;

- enfin, être capable de mener des opérations humanitaires et de secours en cas de catastrophe naturelle dans la région indo-pacifique et au-delà.

(2) Une augmentation conséquente des moyens dédiés à la défense

Pour permettre à son armée d'atteindre les objectifs qu'elle s'est fixés, l'Australie prévoit de porter son budget de la défense au-delà du seuil symbolique de 2 % du PIB à l'horizon 2020-2021. Le budget de la Défense australien passerait de 21 milliards à plus de 38 milliards d'euros en 2025-2026. L'Australie entend associer à sa politique de défense ambitieuse une modernisation de son armée via de nombreux programmes d'armement, mais aussi via une augmentation des effectifs de ces armées de 2 500 personnes.

Le Livre blanc australien prévoit, pour la prochaine décennie, des investissements de plus de 35 milliards de dollars australiens, soit 23 milliards d'euros. Le chef des forces armées a, de plus, suggéré que les dépenses prévues pourraient représenter, d'ici la fin des années 2050, un total d'environ 150 milliards de dollars australiens, soit près de 100 milliards d'euros.

Les investissements ainsi prévus concernent les équipements présentés dans l'encadré suivant.

Pour la Royal Australian Navy :

- 12 sous-marins Shortfin Barracuda , sous-marins conventionnels à vocation océanique,

- 8 frégates anti sous-marines,

- 15 avions de patrouille maritime P-8 destinés à renforcer les capacités A2/AD *1 et à sanctuariser le territoire australien, emprises maritimes comprises,

- 12 bâtiments de surveillance (OPV - Offshore Patrol Vessel ). Ces navires patrouilleurs assureront des missions de surveillance, de recherche, de police, d'assistance en mer et de défense du territoire,

- 2 porte-hélicoptères de la classe Canberra capables de transporter 1 000 soldats et d'accueillir la fonction de commandement et contrôle dite C2 lors des déplacements de troupes. Cette dernière devrait être renforcée par une amélioration des systèmes de communication et des liaisons avec les satellites. Ces équipements doivent permettre de renforcer les capacités de projection des forces australiennes,

- des missiles anti-navires Sea Sparrow *2 ont également été commandés.

Pour la Royal Australian Air Force , sont prévus :

- 72 avions de chasse F-35 équipés de missiles air/air pour une entrée en service aux alentours de 2020,

- 10 hélicoptères CH-47F, hélicoptères de transport lourd, destinés aux forces spéciales australiennes,

- des avions de transport, des avions ravitailleurs,

- des drones et de nouveaux hélicoptères de reconnaissance armés,

- 5 avions Gulfstream 550 *3 et Growler EA-18G *4 pour contrer les actions de guerre électronique.

*1 Anti-Access/Area Denial

*2 Ces missiles mer-air anti-aéronefs et anti-missiles à courte portée sont utilisés depuis les navires de guerre essentiellement pour contrer des attaques de missiles anti-navires.

*3 Le Gulfstream 550 est un avion de transport long courrier, pouvant voler pendant 12 heures et parcourir 12 000 km. En l'occurrence, il est équipé de matériels de guerre électronique.

*4 Avion de guerre électronique américain dérivé du F/A-18F Super Hornet.


* 46 Australie, une nouvelle stratégie de puissance moyenne de Tanguy Struye de Swielande, Bruno Hellendorff et Alexia Honoré, dans Politique étrangère, printemps 2015, IFRI.

* 47 Australia in the Asian Century, White Paper du gouvernement australien de 2012.

* 48 Le Royaume-Uni a laissé aux États-Unis le rôle de puissance contenant le communisme dans cette zone, en même temps que l'influence coloniale anglaise était contestée. L'accession des anciennes colonies à l'indépendance et la crise de Suez qui tourna au désavantage du Royaume-Uni accélérèrent ce mouvement.

* 49 Expression utilisée par Xavier Pons dans son livre « L'Australie : idées reçues sur l'Australie », éditions Le Cavalier Bleu.

* 50 En Afghanistan, le retrait des troupes australiennes, premier contributeur hors OTAN, s'est achevé fin 2013. Depuis 2001, l'Australie a investi plus de 900 millions de dollars australiens en aide publique au développement. Le Premier ministre a confirmé que son pays resterait engagé dans le processus de transition en Afghanistan avec lequel l'Australie a signé un accord de partenariat global de long terme en mai 2012.

* 51 L'article de Hillary Clinton « America's Pacific Century », paru dans le magazine Foreign Policy le 11 octobre 2011 et le discours du président Obama le 17 novembre 2011, devant le parlement australien, sont les 2 premières manifestations de ce qui a été nommé le rééquilibrage de la présence américaine en Asie ou « pivot asiatique ».

* 52 Cette annonce date du lundi 21 novembre 2016.

* 53 Installée depuis la ruée vers l'or à Melbourne au 19 e siècle, cette diaspora est estimée à 450 000 personnes en 1996 (Selon l'ouvrage intitulé « La diaspora chinoise: géographie d'une migration » d'Emmanuel Ma Mung, Editions Orphrys).

* 54 Australie, nouvelle stratégie de puissance moyenne de Tanguy Struye de Swielande, Bruno Hellendorff et Alexia Honoré, dans Politique étrangère, printemps 2015, IFRI.

* 55 Selon Geoffrey Blainey, historien australien né en 1930. Il y a près de 50 ans, dans « The Tyranny of Distance », Geoffrey Blainey affirmait que la situation géographique de l'Australie avait façonné sa psychologie. La distance séparant l'Australie de ses anciens colons européens, mais aussi des États-Unis, faisait craindre pour sa future prospérité économique.

* 56 Vanuatu : 1980 - 1988, Fidji : 1987, Bougainville : fin des années 1980, Timor-Oriental : 1999, îles Salomon : 2003.

* 57 Les systèmes d'alerte précoce des catastrophes devraient ainsi être renforcés ou mis en place.

* 58 Colonisée par l'Australie au nom de la Grande-Bretagne (en 1883) et par l'Allemagne (pour le Nord dès 1884), en 1941, le Territoire de Papouasie est envahi par le Japon. Repris par les troupes alliées au cours de la guerre du Pacifique, le Territoire de Papouasie est régi par l'administration militaire australienne de Port Moresby. Le Territoire obtiendra son indépendance en 1975. Depuis, la Papouasie-Nouvelle-Guinée est indépendante au sein du Commonwealth. L'île de Bougainville a fait sécession le 1 er septembre 1975. Elle a pris le nom de République de Salomon du Nord. La mise en place d'un statut provincial spécifique a permis de calmer les tensions pendant quelque temps. Toutefois, suite à la proclamation de l'indépendance de l'île en 1990, le gouvernement de Port Moresby a lancé une action militaire qui s'est traduite par une reprise du contrôle du centre de l'île en 1992. Un accord de cessez-le-feu a été signé en 1998 après que l'on a eu à déplorer 15 000 victimes. L'Australie fournit l'essentiel du contingent de la force internationale chargée de veiller au respect de l'accord (250 hommes sur 300), envoyée sous l'égide de l'ONU. À l'issue des premières élections, qui se déroulent en 2005, un gouvernement autonome, un Parlement et un président ont été mis en place.

* 59 Suite à son exclusion en 2009 du Forum des îles pacifiques.

* 60 Le 19 juillet 2013, le Premier ministre Australien, alors en poste, Kevin Rudd, et le Premier ministre de Papouasie-Nouvelle-Guinée, Peter O'Neill, avaient fait une annonce conjointe pour indiquer que tout demandeur d'asile arrivant en Australie par l'intermédiaire d'une embarcation clandestine serait obligatoirement expédié au camp de détention sur l'île de Manus en Papouasie-Nouvelle-Guinée, aux termes de la «solution du Pacifique», fortement décriée par les Nations unies et mise en place entre 2001 et 2007. Elle avait été décidée à la suite de l'affaire dite du Tampa, nom du cargo norvégien qui avait porté secours en août 2001 à un bateau indonésien à la dérive transportant à son bord 433 migrants afghans et irakiens en route pour l'Australie. Le gouvernement australien avait refusé que le cargo norvégien accoste, contrevenant au droit de la mer qui impose au pays le plus proche d'accueillir les naufragés. Canberra avait alors mis en place la «solution du Pacifique» qui consistait à installer les réfugiés dans des camps sur l'État insulaire de Nauru et sur l'île de Manus en Papouasie-Nouvelle-Guinée en couvrant les coûts de construction des camps et en assurant la prise en charge financière des réfugiés. Mardi 24 avril 2016, la Cour suprême de Papouasie-Nouvelle-Guinée a déclaré illégal et anticonstitutionnel l'accord permettant à l'Australie de placer dans des camps sur le territoire papouasien des demandeurs d'asile auxquels elle refuse l'accès à son territoire. Lors de son audition devant votre commission, le 25 avril 2016, David Camroux, chercheur, avait estimé à 2 milliards d'euros d'économies pour l'Australie la fermeture des camps et la prise en charge directe des demandeurs d'asile par l'Australie.

* 61 Ce qui est ici nommé « Livre blanc australien » par commodité, est le 2016 Defence White Paper . Ce texte, qui ausculte l'environnement stratégique et industriel à horizon 2035, comporte trois tomes :

- le Defence White Paper ,

- l 'Integrated Investment Program ,

- le Defence Industry Policy Statement .

* 62 Alliance qui devrait d'ailleurs être approfondie selon le Livre blanc.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page