C. UN RENFORCEMENT PRÉOCCUPANT DES INÉGALITÉS D'ACCÈS À LA PROPRIÉTÉ, EN PARTIE LIÉE À L'INFLATION IMMOBILIÈRE, PEUT NÉANMOINS ÊTRE OBSERVÉ

Si l'inflation immobilière exerce des effets contrastés sur la concentration des richesses, elle contribue néanmoins au renforcement préoccupant des inégalités d'accès à la propriété observé au cours des quarante dernières années en France.

Évolution du taux de propriétaires parmi les 25-44 ans

(en %)

Note de lecture : les ménages modestes sont ceux au sein desquels l'âge de la personne de référence est compris entre 25 à 44 ans et qui relèvent du premier quartile de niveau de vie (Q1).

Source : commission des finances du Sénat (d'après : enquêtes logement Insee 1973-2013)

Le taux de propriétaires parmi les jeunes ménages modestes a ainsi été divisé par deux en l'espace de seulement 40 ans, tandis que celui des ménages aisés a augmenté de plus de 50 % au cours de la même période . À cet égard, dans un contexte de hausse des prix, les transferts familiaux jouent un rôle croissant dans l'accession à la propriété, la proportion de ménages aidés par leur famille ayant augmenté d'un tiers parmi les ménages aisés au cours des années 2000 59 ( * ) .

S'il est indéniable que le doublement des prix de l'immobilier en France depuis la fin des années 1990 a freiné l'accès au marché immobilier des plus modestes, une récente étude des services l'Insee souligne néanmoins que deux autres facteurs - l'évolution des configurations familiales des ménages modestes et la forte diminution de la petite propriété rurale 60 ( * ) - expliquent près de 70 % de l'évolution des disparités d'accès à la propriété 61 ( * ) .

Au total, s'il ne s'agit pas de nier les conséquences néfastes de l'inflation immobilière en termes d'accès à la propriété et d'inégalités, il apparaît nécessaire de ramener ces dernières à leur juste proportion.


* 59 Carole Bonnet, Bertrand Garbinti et Sébastien Grobon, « Inégalités d'accès à la propriété et de richesse immobilière au sein des jeunes en France, 1973-2013 », Documents de travail de l'Insee, n° 234, 2017, p. 21.

* 60 Les couples avec enfants et les ménages modestes vivant en milieu rural ont une propension plus élevée que la moyenne à accéder à la propriété, à l'inverse des familles monoparentales et des ménages installés en ville. Or, la part des familles monoparentales a été multipliée par trois au sein des ménages modestes, au détriment des couples avec enfants, tandis que la proportion de ménages modestes vivant en milieu rural a été divisée par deux.

* 61 Carole Bonnet, Bertrand Garbinti et Sébastien Grobon, « Inégalités d'accès à la propriété et de richesse immobilière au sein des jeunes en France, 1973-2013 », Documents de travail de l'Insee, n° 234, 2017.

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