III. PROCESSUS D'INTÉGRATION RÉGIONALE DANS LES ZONES EUROPÉENNES ET EURASIENNES

A. TEXTE DU CONSEIL DE LA FÉDÉRATION DE RUSSIE

Selon Jean Monnet, un des pères fondateurs de l'Union européenne, « rien n'est possible sans les hommes, rien n'est durable sans les institutions ». La crise mondiale actuelle est tout d'abord de nature institutionnelle, lorsque l'ordre mondial change beaucoup plus vite que des organisations qui sont appelées à le maintenir.

Il existe un nombre de signes qui témoignent de ce que les ressources du précédent modèle de développement économique mondial se sont épuisées, ainsi, selon des estimations des experts, les 35 prochaines années, seuls les pays qui construisent des modèles alternatifs de coopération mondiale auront des perspectives favorables dans l'économie mondiale. Remarquons qu'il ne s'agît pas des pays solitaires, si considérables soient-ils. C'est-à-dire il ne s'agît pas des « états dominant », mais des « états intégrant » - ceux qui donnent vie à des projets d'intégration universels et mutuellement bénéfiques.

Dans sa poursuite du développement, le monde s'acheminera inévitablement à la création des structures complexes composées de blocs actuels aux intérêts de la sécurité et d'une coopération économique approfondie. Des structures séparées, même les plus efficaces, sont non seulement incapables de donner un élan suffisant à la croissance globale, mais peuvent même restreindre objectivement le développement mondial en se transformant en fait aux outils de la réalisation de leurs propres intérêts à travers des centres de pouvoir planétaires distincts.

Il existe une demande pour des modèles d'intégration universels et inclusifs qui pourraient jouer le rôle de ponts et de corridors d'infrastructure et d'économie entre la côte européenne de l'Atlantique et l'océan Arctique jusqu'à la côte asiatique des océans Pacifique et Indien. Dans le même temps, les formats de dialogue - du G20 aux BRICS - conçus comme des «clubs», non sur le principe « d'élite » mais sur le principe d'intérêts, sont de plus en plus pertinents.

Un système de modèles mondiaux, régionaux et sous-régionaux réglementant les « espaces communs » entre la Russie et l'Europe, entre l'Eurasie et l'Euro-Atlantique, pourrait jouer le rôle de ce nouvel instrument.

À la première étape, il paraît possible de construire de tels modèles dans les domaines moins politiquement sensibles : éducation, science, culture. Mais au fil du temps, il est tout à fait possible de les étendre à la sphère de sécurité, y compris l'énergie et la cybersécurité.

En juin 2017, le président russe Vladimir Poutine a présenté une initiative visant à créer une architecture économique fondamentalement nouvelle en Eurasie - le « Grand partenariat eurasien » (GPE) avec la participation d'un large nombre d'états et d'associations d'intégration. Ce projet s'est déjà traduit d'une idée vers une stratégie et est devenu un concept à long terme et à grande échelle pour les décennies à venir, et peut-être même pour des siècles, restant certainement ouvert à l'ensemble de l'Europe et de ses associations d'intégration.

Le passage depuis un modèle d'intégration interétatique à un modèle interstructurel ou à « l'intégration des intégrations » paneurasienne pourrait devenir un objectif ambitieux pour tous les États du continent, ouvrant une perspective fondamentalement nouvelle à toutes les formes organisationnelles actuelles d'interaction économique et politique.

L'Union européenne, dans laquelle la France joue un rôle clé, est une forme avancée d'union réussie des états, assurant l'unité et l'harmonisation dans les domaines économique, juridique, humanitaire, etc. Le succès de la Communauté économique eurasienne (CEEA) avec la participation de la Russie est confirmé par des indicateurs objectifs : le chiffre d'affaires du commerce intérieur des pays de l'union a augmenté de 29% et le PIB total des pays membres s'est accru de 1,8%. Il est évident que c'est déjà le moment de prendre en considération le potentiel de coopération entre ces structures et de nouvelles initiatives en Asie (comme le projet « Une ceinture, une route ») ; les parlementaires français et russes voudraient donner un élan à ces réflexions avec le présent rapport.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page